"il y a assurément une personnalité à creuser, un truc à approfondir, voire une place à prendre"
"Deep rock", qu'ils appellent ça. Ou qu'il appelle ça. Syd Kult est en effet avant tout le projet d'une seule personne, le chanteur guitariste Cyril. Formé à Chelles (77) en 2013, avec déjà quelques EP et récompenses glanées lors de divers tremplins, voilà que le groupe / projet sort son premier album éponyme. Premier constat, ce n'est pas la joie de vivre qui étouffe la musique qui nous est présentée.
Sombres, mélancoliques voire franchement dépressifs, les 10 titres qui constituent cette sortie bénéficient grandement de la voix du maître à penser, qui non seulement possède un beau timbre mais fait preuve d'une belle maturité derrière le micro. Voix chuchotées, plus affirmées, graves, aigues, le chanteur sait se montrer versatile et dispose d'un éventail de possibles fort appréciables. On sent les influences des voix dépressives du grunge années 90, les influences de Chris Cornell (Soundgarden) ou de Layne Staley (Alice in Chains) ne sont jamais loin. Pas de doute, Syd Kult sait imposer une ambiance, ce qui nous explique l'appellation revendiquée par Cyril, "deep rock".
Le panel d'influences ne se réduit cependant pas au rock pur et dur : que ce soit les cordes, la boîte à rythmes ou des guitares déglinguées, voilà autant d'éléments qui renvoient aux courants mélangeant rock et électro (post-rock, trip-hop, industriel) qui sont apparus dans les années 1990 (Marilyn Manson et Portishead sont cités parmi les influences du groupe). L'effort de diversification est appréciable, mais se heurte paradoxalement à l'écueil de la redite.
Naïveté de la jeunesse probablement, mais les efforts affichés ne suffisent pas à masquer le fait que pour exprimer son spleen, Cyril a régulièrement recours à des rythmes très lents, parfois mid-tempos (à la seule exception du tout dernier titre). De sorte que l'on obtient un premier album tout à fait honorable, qui démontre que le projet a un potentiel certain, mais qui ne parvient pas à empêcher l'auditeur d'éprouver une certaine lassitude au cours de l'écoute.
On pourrait certes imputer cette relative monotonie au seul manque de moyens, mais son origine est davantage à rechercher du côté de la composition. On sent que Cyril vit intensément ses compositions, mais ne parvient pas encore à retranscrire cette ferveur en studio. Il est plus que probable qu'à l'heure actuelle, Syd Kult fonctionne mieux en live. Rien de dramatique néanmoins, car si le projet gagnerait à s'affirmer, il ne s'agit après tout que d'une première sortie qui à n'en pas douter leur permettra de grandir.
Car les beaux moments sont bien présents ("Silent Scream", vraiment très réussie, le duo "Dead Love" / "Already Love", et on en oublie), et il ne reste plus au projet qu'à gagner de l'expérience et travailler sur ses arrangements pour que la forme vienne magnifier le fond. Parce qu'il y a assurément une personnalité à creuser, un truc à approfondir, voire une place à prendre. Et il vaut mieux avoir du potentiel et devoir bosser sur sa production qu'avoir une prod' en béton mais rien à proposer. Syd Kult est jeune, mais il a ce qu'il faut pour grandir. Un peu de patience.
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Sortie le 27 janvier.
