Blackfield – V

"ce retour de Steven wilson au bercail permet d'enfin concrétiser l'aspect collaboratif du projet, de remettre Blackfield sur de bons rails, et tout simplement de profiter d'un bien bel album"

Que dire de plus sur Blackfield ? Une collaboration qui faisait rêver, qui a réalisé un début de carrière sympa à défaut d'être au niveau où on l'attendait, le retrait de Steven Wilson, qui a donné lieu à un changement de cap n'ayant pas fait que des heureux, et qui surtout donnait le sentiment que le groupe ne parvenait pas à garder une identitée solide. Aujourd'hui, Wilson est de nouveau membre à part entière, même si Aviv Geffen reste le principal compositeur. De sorte qu'on va nous parler de boucler la boucle, de nouveau départ, d'un album magistral et tutti quanti. Le problème avec le retour aux sources, c'est que si la dite source est sympa sans plus, il ne risque pas de déclencher l'adhésion aveugle d'un coup de baguette magique. Néanmoins, il y a des motifs de satisfaction.

Le fait que le son de Blackfield soit resté (sur ses deux premiers albums) un peu vampirisé par Wilson et les sonorités typiques de son univers était dommage, mais allait de pair avec l'objectif initial somme toute modeste des deux protagonistes, au-delà de leur amitié par ailleurs bien réelle : s'ouvrir à l'international pour Geffen, se permettre d'écrire des compos plus accessibles pour Wilson. Dès lors, on peut encore et toujours regretter un résultat pas aussi étincelant qu'on l'espérait au premier abord, ou apprécier Blackfield pour ce qu'il est. Si on choisit la deuxième option, V est assurément un bel album, supérieur à ses prédécesseurs parce qu'il parvient enfin à concilier les deux personnalités à l'oeuvre. 

 

 

L'ouverture est très Wilsonienne : difficile pour l'amateur du musicien anglais de ne pas être sous le charme tout en se sentant en terrain familier sur "Family Man" et "How was your ride ?". Mais dès "We'll never be apart", sur lequel Aviv Geffen reprend le micro, on repart vers des contrées différentes. La production est indéniablement du pur Steven Wilson, mais la patte du chanteur israëlien est toute aussi présente. L'aspect collaboratif se ressent désormais davantage que par le passé, tout en revenant à des sonorités plus proches des débuts, notamment du tout premier album. Autre motif de satisfaction, V est globalement mieux rythmé que ses prédécesseurs, sans véritable baisse de rythme, tout en ayant le bon goût d'être varié et cohérent. 
 

steven wilson, aviv geffen family man

Les titres ne cherchent toujours pas à épater la galerie, juste à proposer de belles mélodies qui penchent légèrement vers la mélancolie. La véritable différence est que les deux musiciens sont cette fois parvenus à proposer un album possédant une personnalité propre et bien affirmée. Tout juste peut-on regretter ici et là quelques bluettes peu inspirées un peu trop tire-larmes, comme "October", inégale. D'un autre côté, Blackfield tente également de nouvelles choses, comme sur "The Jackal", étonnant titre bluesy qui parvient à retomber sur ses pattes sur un très beau refrain. 

Autre petit souci, déjà récurrent chez le Blackfield des débuts, une fin d'album plutôt poussive. "Undercover heart" fait retomber la pression, "Lonely Soul", qui penche trop timidement vers le trip-hop, aurait mérité une production plus tranchée, quitte à détonner un peu avec le reste, mais fort heureusement, "From 44 to 48", qui conclut les débats, devrait mettre tout le monde d'accord et conclut V de fort belle manière. 

Au final, ce retour de Steven Wilson au bercail ne se fait pas au détriment d'Aviv Geffen mais permet  au contraire d'enfin concrétiser l'aspect collaboratif du projet, remet Blackfield sur de bons rails et offre tout simplement l'opportunité de profiter d'un bien bel album, malgré quelques écueils persistants. Le meilleur album du groupe ? On laissera chacun se faire sa propre opinion, tant l'appréciation d'un album dépend de nombreux facteurs. Le plus équilibré ? Certainement. Reste que le meilleur album d'une discographie très inégale n'est pas forcément un chef d'oeuvre, mais pourquoi bouder son plaisir ?

7,5/10 

Sortie le 10 février 2017 chez Kscope.

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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