The Madcaps – Slow Down

Les Madcaps font le buzz et affolent la presse spécialisée depuis déjà quelques semaines avant la sortie de leur troisième long format Slow Down. Mais du côté de La Grosse Radio, ça fait belle lurette que les activistes rennais sont dans le collimateur. Depuis leur premier EP, le combo garage revival laisse entrevoir de belles choses confirmées par le premier album éponyme. Hot Sauce, leur deuxième effort enfonçait un peu plus le clou. Mais qu’en est-il du petit dernier ?
 

Tout d’abord, un bon remaniement de personnel. On accueille une nouvelle section rythmique. Léo Leroux derrière les fûts et Wenceslas Carrieux à la basse. Du coup, Bastien Bruneau Larche rajoute des cordes à son arc et devient guitariste. Niveau composition, le taulier Thomas Dahyot, hurleur et guitariste de son état, se sent un peu moins seul puisque ses deux nouveaux compères signent cinq titres. Et la loi chez les Madcaps est la suivante : « Si tu composes, tu chantes ta compo ». Donc au niveau vocal, on prône la diversité. Maintenant que vous êtes prévenus, voyons ce que nous raconte ce nouveau Slow Down, enregistré tout en analogique dans les studios Kerwax

 

The Madcaps Slow Down

Slow Down ? Mais pourquoi donc les Madcaps veulent-ils ralentir ? "Slow Down", morceau éponyme, annonce la couleur. On ralentit le tempo mais sans en perdre pour autant l’intensité. Un piano soutenu par un saxophone nous embarque dans un univers bluesy hétéroclite. Une guitare balance des accords déchirant le paysage comme des éclairs alors que le vocaliste pousse son organe pour nous inviter à ralentir avant de lâcher l’affaire pour mieux finir en rock ‘n’ roll façon piano boogie que n’aurait pas renié l’ami Henri Herbert, claviériste de son état chez la feu Jim Jones Revue.

A la première lecture des titres, "No Friend Of Mine" ! On suppute que le combo va attaquer sauvagement une reprise des Sparkles... Pas du tout. Ce "No Friend Of Mine" est plutôt un titre à tendance surf pop. Les guitares légères restent dans l’esprit sixties tout comme les harmonies vocales. Un petit côté psychédélique se greffe avec les effets rajoutés sur la guitare. Les mélodies sont accrocheuses et la guitare fait le boulot pour cisailler sur le solo.

Ne laissons pas planer le doute plus loin. Ce Slow Down est très loin du garage punk sans concession du premier EP. Ici, on sent des compositions beaucoup plus réfléchies, empruntant plus aux Kinks voire aux Beach Boys qu’au garage primitif. L’album de la maturité diront certains. En tout cas le choix semble plaire aux différents critiques rock puisque l’album est encensé.

Les Madcaps lorgnent aussi vers le rhythm and blues Motown ou Stax. Les cuivres apportent cette couleur caractéristique du style. Mais attention, sur des titres comme "Silver Gold" notamment, les cuivres sont plus dans le style des Sonics que dans le style jazz. On note encore pas mal de relents de funk.

 

 

Le coté psychédélique n’est pas pour autant ignoré. Syd Barrett…. The Madcaps Laughs… Y a-t-il un lien ou pas ? Le groupe s’en défend dans diverses interviews mais le raccourci est facile. Quoi qu'il en soit, le rock et le blues restent quand même les influences majeures donnant une ligne de conduite au groupe.

Tandis que "Hold On" expérimente ces chemins bien psychédéliques à travers une guitare qui maltraite sa wah wah sur un titre mid tempo. Encore un titre gavé de soul, un petit côté oriental sur l’intro de "She’s So Hot" puis on revient sur le fond de commerce des compil Peebles. Cependant une petite touche de folie et un riff qui groove font de ce titre une petite pépite pop très classieuse. Les guitares sont extrêmement soignées et rajoutent quelques finesses là où leurs ainés des sixties se contentaient d’un riff tournant en boucle en misant tout sur la fuzz.

 

Niveau riff de guitare, "Fair Enough" est un bon vieux rock ‘n’ roll bien rétro mais on y reconnait vite le style des Madcaps avec une basse au son bien rond et qui remplit l’espace en donnant son ossature au morceau. It’s Only Rock ‘n’ Roll But I LIke It... Ce titre à d’ailleurs un coté plus Stones que Beatles.

 

"Devil Money" est une parfaite pépite pop rock. On pense avec l’orgue aux morceaux les plus enjoués des Doors et on se dit que le tempo rapide fait quand même rudement bien le boulot avec des mélodies vocales de qualité. Encore une belle réussite.

"Le Passe Muraille" en français dans le texte se pose comme un titre plus calme. On le verrait parfait pour une bande originale de film sur fond de poursuite dans le désert avec ses guitares ayant un petit coté surf twanguy. Les guitares renvoient aussi aux productions de Goran Bregovic sur "In The Deathcar" pour les films de Kusturica. On se rapproche de l'univers des Limiñanas. Ce "Passe Muraille" ne déparerait pas non plus dans un compil de "monsters rock" des Cramps ou des Fuzztones.

"Chill Pants" avec ses claviers démarre comme une bande originale d’un film de blaxploitation façon Shaft dans les seventies. Mais vite des grooves lysergiques s’invitent à la fête. Et écoute aprés écoute, on retrouve des petites subtilités supplémentaires qu’on avait raté alors des premières fois.. Pas de doutes, les Madcaps ont mis les petits plats dans les grands.


Avec ce troisième album, le groupe se permet d’expérimenter des trucs un peu barrés avec pleins d’effets, des échos sur comme sur "Lost Morning Blues". Encore un titre très dans l’esprit bande originale.

Attention ! On tient peut être avec les Madcaps le renouveau du rock à influences sixties. Les Beatles sont digérés et régurgités agrémentés de pleins d’autre influences plus actuelles. On trouve toujours ce soin accordé aux mélodies vocales particulièrement accrocheuses voire aguicheuses. Ca y est les Madcaps qu’on suit depuis leurs débuts sur La Grosse Radio viennent de basculer dans la cours des grands avec ce nouvel opus Slow Down. Moins punk, moins brut, moins agressif  que les premières livraisons certes mais pas pour autant dénué d’intérêt. Et les gars n’ont pas vendu leur âme au grand capital pour faire une musique commerciale, loin de là. Certes Slow Down est plus calme, plus abordable pour le commun des mortels mais l’esprit rock des sixties est bien là, les mélodies sont belles et efficaces. Que demande le peuple ? En tout cas la presse spécialisée semble unanime pour encenser le combo. Et vous, qu'en pensez-vous ?
 

Sortie le 31 mars 2017 sur Howlin Banana Records, Beast Records et Bickerton Records

Le groupe sera sur la route tout l'été :

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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