Equipe de Foot – Chantal


Oh Chantal ! "Dis-moi des mots dans la tête." DMDMDLT ! "I don't want you to die today" IDWYTDT. En voilà des transitions acronynes de guedin, à faire perdre ses tous derniers cheveux à leur maire Juppé. Mike et Alex forment en shorts et maillots de foot vintage le duo de Rock garage bordelais, Equipe de Foot. Deux, c'est déjà une équipe, si si. Mais il n'y a pas de gardien ni de défenseurs ici, tout se passe en attaque, grasse et incisive, et c'est pas Dugarry, hein.

Voilà, des références footballistiques enfin placées dans une chronique musicale sur La Grosse Radio, on peut mourir tranquille, comme disait le commentateur d'antan après que la France a gagné sa coupe du monde de gars qui poussent un ballon vers des filets... Bref... Brèves comme les deux transitions sus-citées et le "Kind Of Strange" final. Brefs, comme les dix autres titres qui composent le corps parti de Chantal

L'album a été enregistré en mai 2017 par Benjamin Mandeau pour la Machine à Rêves Studio, voilà pour le caractère informatif de notre chronique. Il nous arrive quelques mois plus tard après qu'on ait pu les voir sur la scène du TINALS de Nîmes, festival le plus exigeant pour choisir les artistes indépendants programmés, gros gage qualitatif si vous souhaitez découvrir la nouvelle vague rock.

On vous laisse jeter 100% de vos deux oreilles et tous vos deux yeux au clip réalisé par Rod Maurice pour "Fireworks" et on se retrouve juste en dessous.

Chantal ne fait pas dans la délicatesse, elle nous aime puis nous quitte comme elle est arrivée. Ce qui se passe entre le début et la fin est secret mais le comment de la fin est traité ici, une lettre de rupture, un abandon qui nous empêche de parler mais pas de crier intérieurement. Ce cri, c'est le "Fireworks", cette explosion de gratte saturée et de tonnerre assourdissant de batterie. Mais tout cela était fatal comme dans "The way you swim", "I know you'll leave, ain't begging for love"...

Puis un cri dans la nuit, "Chantaaaaal !" et les questions liées au départ arrivent en bouche. Cet album est la mise en musique des cinq étapes du deuil : le déni, la colère, l'expression, la dépression et finalement l'acceptation. Chantal se casse, on ne saisit pas, figé, ce qui nous arrive, on refuse, on hurle, on cherche à comprendre, on en devient fou, et l'on digère enfin. Rien d'évident dans ces cinq phases, mais l'album traduit bien ces états, avec ses transitions fines, ses refrains rageurs, ces reprises lentes, et toujours ces riffs d'angoisse.

On se remet dans le bain, on bégaie, "Stammering", que ça va, sans y croire vraiment, on pense encore à l'être aimé parti, on se sent pathétique, il ne nous reste que notre chat "Chapka"... Un album qui pue la joie de vivre, à côté Beautiful Freak de Eels et son fatal "Novocaine for the soul", c'est "Big Bisous" de Carlos (pas Valderrama, l'autre).

Photo des 2 joueurs non-échangeable contre les images Panini de Bruno Bellone et Maxime Bossis

Mais dans les joyeusetés, ce n'est pas tout, on trouve aussi chez Chantal l'histoire d'une mère à son fils sur son père, le combat d'une femme pour retrouver l'amour après avoir vécu avec un homme violent, toujours des cris, de la lutte, des titres sur l'amour dégueu ("Faking Poetry"), sur la fatigue, notre lassitude à vivre comme dans "Retard", où l'on préférerait être attardé pour n'avoir rien à comprendre, le fameux "Être une heure, rien qu'une heure durant, beau, beau, beau et con à la fois" de "La chanson de Jackie" de Brel...

Finalement remis de ses émotions, en "Renard", on se relance quand une "mysterious girl in a red dress passes by him like storm", l'étincelle qu'il faut au moment où il faut, "Blue turning to bright". Il y a ceux qui se redressent lentement, dans le chagrin, comme nos deux jeunes héros et ceux, mystérieux, toujours heureux de leur sort : "You would slip and fall, you would smile anyway, anytime"...

Un album, fait à deux jeunes gens qui voient la vie d'un bon oeil, qui défonce comme si les musiciens avaient été cinq dans le studio, voilà la force de ce duo : deux gars, un cri (du coeur), une gratte et une batterie pour du Rock viscéral sans chichi. Pas de chichi mais du énormément de pathos, du gros son, des moments imparables, le luxe des indé à exprimer leurs émotions les plus intimes, du fuzz à la mort, de l'histoire de l'amour et un brin bien large de folie. Un album concept sur la perte fort réussi.

Sortie le 6 octobre 2017 en autoproduction / Modulour Music

Pochette signée Ita Duclair Illustration
Crédit photo : Marine Truite

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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