Ten Years After – A Sting In The Tale

Lors de la mort d'Alvin Lee, en 2013, nous avions, en plus de la tristesse intense d'avoir perdu une véritable légende du blues, qui a influencé plus que de raison et laisse derrière lui une carrière exemplaire, eu droit à la sempiternelle éruption de colère de fans en manque de têtes à frapper, éructant quant au fait que le groupe choisit alors de continuer sa route. Si on ne se risquera pas à appeler "fans" ceux qui oublient que Ten Years After avait déjà sorti deux disques depuis le départ du guitariste en 2003, il est vrai que la question de l'appartenance d'un groupe, à des musiciens et à un style en particulier se pose.

Car en écoutant A Sting In The Tail (on vous rassure, compte tenu de tout ce qui sera évoqué ici, il reste bien meilleur que l'album de Scorpions du même nom), on constate une chose déjà ressentie sur Now et Evolution : la musique de Ten Years After n'a plus rien à voir avec ce qui fait le renom du groupe. Parti d'un blues rock énergique qui fit la particularité de nombre de formations britanniques du début des 70's, le groupe se formate dans un rock sudiste assez éprouvé.

Au travers de ses titres, le groupe exploite son nouveau filon qui fait souvent penser à une mauvaise période de Lynyrd Skynyrd (autant dire récente) ou à du Big And Rich. Tant au niveau de la composition que de l'interprétation, le groupe ne se foule pas et ne profite aucunement du bagage d'influences de ces deux musiciens fondateurs restants, connus pour leurs envolées musicales. Non pas qu'une technique difficile d'exécution représente un intérêt plus important qu'un apparat simple bien qu'efficace dans la musique rock, mais ayant déjà eu la preuve que ces mêmes musiciens sont capables de plus riche, on est en droit d'être déçus, surtout quand les propositions ne tiennent pas tant la route.

Il faudra d'ailleurs attendre "Constable" pour enfin entendre les claviers de Chick Churchill, qui à l'instar de son comparse de toujours Ric Lee reste en retrait la grande majorité du temps. On reconnaît alors le blues rock propre à Ten Years After, trop discret malgré tout. Et si Colin Hodgkinson récupère la part belle avec des lignes de basses très remarquées, toute la session musicale semble taillée pour Marcus Bonfanti, désormais garant de la machine Ten Years After.

Alvin Lee, Woodstock, 1969, Ric Lee's drum solo, Evolution

Et du coup, au-delà d'un album qui ne tient pas beaucoup de promesses, malgré quelques refrains accrocheurs - on pense notamment à "Iron Horse" - et sera trop passe-partout pour justifier son existence, qu'y-a-t-il vraiment à reprocher au groupe ? Après tout, leurs deux derniers albums s'appelaient, rappelons-le, "Now" et "Evolution", il ne faut pas donc faire les étonnés quand il nous est proposé autre chose. La complexité de ce constat s'apposera surtout quant au fait que les deux membres restants ne se prêtent pas à la composition, et que tout est pris en charge par un nouveau membre qui amène ses compères dans une autre direction. Peut-être un autre nom serait-il plus juste alors.

Quoi qu'il en soit, Ten Years After ou pas, on est face à un album de country / rock sudiste peu pertinent, bien joué mais peu ressenti. Comme beaucoup de formations de leur génération encore active, le groupe se reposera quoi qu'il arrive sur ses classiques, et s'embarrasse de sorties moins rayonnantes pour alimenter la machine à pointer. La vraie question serait peut-être de se demander si, quitte à l'oublier dès la prochaine tournée, ça valait la peine de sortir un album. Mais ça, ce sera pour la prochaine fois...

Sortie le 20 octobre chez Butler & Music

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NOTE DE L'AUTEUR : 5 / 10



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