Bertrand Cantat – Amor Fati

Bertrand Cantat vient de publier son premier album solo après l'album Horizons avec Détroit en 2013. Cantat nous en avait livré deux extraits en novembre : "Anthracitéor" et "L'Angleterre". Deux titres peu ressemblants et surtout inégaux. La poésie était là. L'esprit habituel aussi. Une ouverture vers d'autres styles musicaux aussi.

La voix est marquée, moins forte qu'avant, plus en retrait dans le mix ("J'attendrai"), moins nerveuse. On observe des titres slammés/parlés, même rapés comme sur "Amor Fati", ou sussurés dans "Silicon Valley". Son chant doux rappelle celui de l'album Des Visages Des Figures (Noir Désir, 2001), "J'attendrai" ou "Anthracitéor" ressemblent à "A l'envers à l'endroit" et "Bouquet de nerfs". Comme un étrange amalgame de genres de chants, non pas pour montrer sa palette mais pour s'adapter aux textes et à une voix qui semble fatiguée. Mais toujours des envolées aux refrains, beaucoup moins nombreuses certes mais qui s'accrochent ("Ne vous rendez jamais" hurlé en fin d'"Aujourd'hui").

En matière de recherche sonore, l'electro fait son entrée par la grande porte et dès l'ouverture de l'album sur "Amie nuit" couvert de nappes de synthés obscures. Les sons étranges, expérimentaux se trouvent en nombre sur "Silicon Valley" parmi des cuivres. Cuivres, sons acides et dissonants parsèment l'album ("Excuse my french", "Chui con"...). Les guitares ne sont pas en reste, l'ensemble de l'album reste rock, qu'elles soient électriques ("Aujourd'hui") ou folk ("Les pluies diluviennes", "Anthracitéor'), elles demeurent essentielles dans cet album. Les autres instruments tournent autour, nous intègrent dans l'ambiance. Son harmonica est de retour aussi sur le folk "Maybe I". Une large variété d'instruments fait la richesse sonore d'Amor Fati.

Hormis les jeux de mots autour de "con" d'un "Chui con" sarcastique, les thèmes abordés par Cantat ne sont pas novateurs dans son oeuvre. Tour à tour, il aborde la mélancolie ("Amie nuit'); le destin où "t'en peux plus" dans "Amor Fati", le prendre à bras le corps où ce qui est, est, c'est imparable; rien n'est encore perdu avec l'espoir triste de "J'attendrai". Mais aussi la plus tragique perte de soi, sa propre vente à la "Silicon Valley" qui absorbe. Le Brexit, les réfugiés sont abordés dans une "L'Angleterre" très pop. On tirera les conclusions que l'on voudra du déchirant "Anthracitéor", on s'arrêtera sur le spleen général du morceau, "Je savais que des flammes immenses sortaient de ton âme incendiée".

Spleen qui s'étire sur tout l'album. "Je suis continuellement foutu par les censeurs et les sangsues", où dans le contexte de la chanson "Chui con" traite de notre stress quotidien dans tous les domaines, où il faut être tel qu'il faut être. Diatribe de notre société où "Je suis consterné par l'ignorance", au final il nous invite à autre chose, au départ et à la tranquilité.

Bertrand Cantat, Amor Fati, chronique, nouvel album

Bertrand Cantat sort un album varié, de 11 titres, sombre et doux. Récherché, parfois musclé et tantôt lancinant, Amor Fati est particulier. Pas inoubliable mais intéressant tant il conjugue les styles, genres et expérimentations avec la poésie initiale de Cantat. "L'âme au firmament et j'ai le coeur adolescent" ("Aujourd'hui"), une nouvelle étape dans sa longue carrière où il a "le feu d'un dissident".

Sortie le 1er décembre chez Barclay

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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