Sunflowers – Castle Spell


Sunflowers a-t-il pris le nom de "tournesol" en hommage au soleil de son Portugal natal ? Difficile en tous cas de qualifier sa musique de solaire ou de lumineuse. Ou alors si, mais à son paroxysme : elle donne l’impression de se retrouver perdu en pleine éruption solaire. Le dernier album du duo, Castle Spell, ne change pas la donne : une musique rageuse, radicale, éprouvante, et enflammée.

Le bruit et la fureur, c’est ainsi que la musique de Sunflowers pourrait être décrite. Elle est à la fois directe et très psyché, sauvage et en même temps alambiquée. En témoigne la chanson d’ouverture de Castle Spell, "The Siren" : une rythmique de batterie et de basse directe et répétitive, sur laquelle viennent se greffer des effets de guitare distordue évoquant une sirène (de police, pas de mer). C’est brut, visiblement pas là pour plaire, assez déstabilisant, chaotique et pourtant assez abouti.

Le duo portugais ne fait pas dans la dentelle. Tout au long de l’album, les guitares grincent, couinent et se distordent. Elles se font tour à tour très garage punk et complètement psyché, tandis que la batterie martèle une rythmique primaire, secondée par une basse qui confère une ambiance puissante et épileptique.
 

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Le groupe multiplie les effets sur la voix du chanteur Carlos de Jesus – réverbérations, amplifications et distorsions qui font parfois ressembler son flow à des aboiements ("The Siren", "Sleepy Sun", et surtout "A Spasmatic Milkshake"). Il sait aussi manier un chant rauque et plus direct. La voix de sa comparse Carolina Brandão fusionne admirablement avec la sienne sur certains morceaux et prend aisément l’ascendant sur d’autres, avec un timbre moins rauque mais tout aussi brut ("Castle Spell", "Grieving the Tomb").

Les chansons plus calmes, telles que "The Maze", permettent d’apprécier l’univers du groupe sous une autre facette : ce n’est pas parce que le tempo ralentit que les arrangements et la voix devraient sombrer dans le guimauve ! D’autres, comme "Grieving Tomb", emmènent l’auditeur vers des chemins plus planants, avec une voix féminine très en avant et une voix masculine si grave qu’on la confond avec la basse !
 


C’est par moments éprouvants : le groupe semble par moments forcer le trait, comme s’il cherchait à tout prix à démontrer sa radicalité. Les distorsions et expérimentations sonores peuvent prendre le pas sur la musicalité, surtout sur la fin de l’album. Mais le communiqué de presse au sujet de Castle Spell avait prévenu : le duo qualifié de "psych-punk et noise pop" risque de provoquer chez les auditeurs "crises d’épilepsie, éclatements de dents ou douleurs cervicales". Force est de constater qu’il ne mentait pas !

Mais heureusement, d’autres titres parviennent à véritablement accrocheurs et plus agréables à l’oreille sans pour autant gommer le côté rugueux. "Signal Hill" en est un très bon exemple : la mélodie est directe, le chant féminin comme masculin moins saturé d’effets. Les guitares sont toujours distordues et saturées, mais ici, elles le sont au service de la chanson, et non pour en complexifier artificiellement l’écoute. "Monomania" rentre aussi dans cette catégorie, avec un refrain très accrocheur servi par des arrangements rentre-dedans.

L’auditeur ressort de l’album assez sonné, voire abruti. Il faut d’ailleurs plusieurs écoutes pour apprivoiser Castle Spell, car celui-ci peut vraiment s’avérer pénible par moments. Mais Sunflowers possède un véritable potentiel. Le défi pour lui, après ce deuxième album, est de conserver ce son rugueux, garage, qui peut se révéler véritablement jouissif, tout en équilibrant ses expérimentations sonores pour aller à l’essentiel.

punk, garage, pop, noise, psyché, alternatif, nouvel album, PortugalTracklist

1. The Siren (5:20)
02. Castle Spell (4:05)
03. The Maze (Act 1-2) (6:31)
04. Signal Hill (4:03)
05. Sleepy Sun (4:03)
06. Monomania (4:46)
07. Surfin’ with the Phantom (7:25)
08. Grieving Tomb (4:51)
09. A Spasmatic Milkshake (3:16)
10. We Have Always Lived in the Palace (7:18)

Sortie le 9 février 2018 chez Only Lovers Records.

Plus d'infos sur Sunflowers ici

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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