Le Roi Angus – Est-ce que tu vois le tigre ?

C'est bien car il existe ce genre de petites pépites poétiques que l'on continue de fouiner dans les bacs à CD. Enregistré à Istanbul par des Suisses et ayant pour pochette un dessin de l'artiste turc Mehmet Ali Türkmen, inspiré d’une oeuvre du Douanier Rousseau, tout un voyage. Un voyage à la fraîcheur alpine, au chant pop et aux ritournelles psyché, Le Roi Angus et son Est-ce que tu vois le tigre ? pose une question bien rhétorique à laquelle nous allons tâcher d'évidemment ne pas répondre.

Augustin von Arx, Fernando Rey Olmos, Raphaël Tuti, Léonard Persoz et Casimir M. Admonk forment un beau quintet guilleret faussement frais, mélancolique et éperdu ("Tout simplement se dire que tout ça ne sert à rien"). Et pourtant, ça chante avec une intensité plus textuelle que vocale puisque l'on se rapproche avec Casimir plus de Louis Chédid ou Philippe Katerine (écoutez "La Wax") que de Freddie Mercury. Mais tel n'est pas le sujet, c'est ici de la chanson sobre et racée. De la pop en français, on ne va pas bouder notre plaisir d'écoute quand celle-ci se fait un tantinet rock et psyché et non electro.

Pour obtenir Est-ce que tu vois le tigre ?, le groupe s'est adjoint une demi-douzaine de musiciens pour accéder à ce résultat précis. Un son clinquant où chaque musicien trouve sa place, l'album détone par sa simplicité travaillée, une voix mise en avant mais qui ne prend pas toute la place, des guitares qui y répondent par des riffs simples et savoureux, et derrière la batterie se retient, toute en sagesse. Le tout est bien groovy, les ritournelles sont efficaces, les textes tellement entraînants et simples (mais non simplets) que l'on peut se mettre à les entonner dès les deuxièmes couplets car ouais, j'clapse la wax, mec. Simples, certes, mais parfois réflexifs comme dans "Tout ça" ou encore "Rien ne se cache dans la lumière". Le groupe se fait léger lors de "L'été" ou de "Lesbos", mais toujours intelligent. 

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Le Roi Angus surprend par le décalage que sa musique suggère, par sa touche 80's, par ses apports de cuivres distants, par sa tendresse à l'époque du premier degré à fond, par sa poésie tout simplement. Les Suisses avec ce second élégant album après Îles essentiel en 2015 peuvent marquer les esprits en France avec des titres subtils et ouverts. Nul doute que le combo genevois saura ravir les festivaliers cet été si les programmateurs leur ouvrent les portes qu'ils méritent de franchir.

Sorti le 2 février 2018 chez Echo Orange (France) / Cheptel Records (Suisse)

Crédit photo : Francesca Palazzi

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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