JC Satà n – Centaur Desire


Jusqu’à maintenant cantonné dans le registre du rock garage underground, les J.C. Satàn, sonnent la révolte avec leur déjà cinquième album Centaur Desire. Cette fois-ci, ils ont confié les clés du camion au label parisien Born Bad. Toujours garage certes mais avec pignon sur rue à la capitale. À l’instar des Limiñanas, issus de la même mouvance, les bordelais trouveront-ils aussi grâce aux yeux d’un plus large public ?

J.C. Satàn ! Le nom lui-même déroute. Croisement entre la folie punk du guitariste Arthur Larrègle, activiste voué à la cause garage punk psyché depuis son plus jeune âge, ayant officié dans pléthore de combos aquitains et la pétulante Paula à la voix emplie de feeling à la manière d’une Lisa Kekaula chez les Bellrays. Pas forcément faciles d’accès ces deux-là, mais quand on rentre dans leur univers, c’est la grosse claque. Avec ce nouvel opus, J.C. Satàn attaque tous azimuts. Signer chez Born Bad donne certainement plus de moyens et la production est beaucoup plus soignée que dans les précédents enregistrements. Certains parleront d’un groupe assagi, d’autre d’album plus mature et plus diversifié. Décortiquons un peu ce Centaur Desire.

L'intro minimaliste de "I Won’t Come Back" à la batterie nous invite à rentrer dans ce Centaur Desire avant que la guitare et surtout la fuzz ne s'immiscent dans le jeu. Les J.C. Satàn n’ont pas peur d’envoyer la sauce avec un majestueux instrumental de plus de deux minutes trente. Puis la voix vient apporter sa pierre à l’édifice. Couplet ou refrain, la fuzz est toujours omniprésente. Idem sur un tempo plus lent comme sur "The End" mais cette fois-ci, les riffs sont  plombés façon Fuzz de Ty Segall. Puis la voix de Paula vient mettre un grain de folie et le climat devient plus léger. Les ambiances évoluent au long des morceaux.

Chez les J.C. Satàn, on ne lâche rien. Paula, la turinoise, se pose en maîtresse de maison avec sa voix aux harmonies envoûtantes tandis que les camarades de jeu tissent des murs sonores semant panique et désolation. Les J.C. Satàn n’ont pas leur pareil pour faire monter en température leurs compos. Sur scène, ça devrait valoir son pesant de cacahuètes.
 


Centaur Desire nous invite dans un trip psychédélique. Les mélodies roboratives sont parfaitement entêtantes et se mêlent à quelques expérimentations sonores toujours à base de fuzz. "The Road" ou "Lies" travaillent encore une fois sur les dissonances et on retrouve un coté Sonic Youth dans les digressions musicales des J.C. Satàn.  On songe forcement aux grands moments du Pink Floyd de Syd Barrett et aux titres comme "Astronomy Domine" ou "Interstellar Overdrive" sur The Piper At The Gates Of Dawn mais aussi plus récemment aux travaux live des Limiñanas. Tiens, pour la petite histoire les deux groupes partageaient l’affiche des Inouïs du Printemps de Bourges en 2013. Que de chemin parcouru depuis…

Parfois, lorsque la basse mène le jeu comme sur "Complex Situation", on retrouve quelques relents de musique expérimentale et de bidouillages électronique. Parfait pour mettre Paula en orbite avant que la fuzz ne reprenne ses droits.

"No Brain No Shame" ! Voilà un titre qui emprunte aux Stooges tant au niveau du sens que des instrumentations. On imagine sans problème l’Iguane venir prêter main forte à Arthur. Un titre à fond la caisse ou s’immiscent fort habillement une partie plus calme. Les J.C. Satàn sont imprévisibles. Ils aiment surprendre et prendre le contrepied de l’auditeur. Cela est certainement une composante majeure dans leur musique. C'est ce qui la rend originale et permet d’éviter l’écueil de la monotonie souvent fatale à ce style de groupe !
 


 

Les J.C. Satàn sont aussi capables de donner un côté épique à leur travaux tout en gardant cette fraîcheur garage. "Erika" illustre bien cela avec une intro de Dorian aux claviers puis très vite on retrouve ce son des pépites sixties planantes des compils Nuggets si chères à Lenny Kaye. Les mélodies sur les tempos lents ont la fraicheur d’un bon Beatles et les élucubrations guitaristiques d’Arthur font passer David Gilmour pour un enfant de chœur. 

Malgré une grande diversité, le son fuzz reste une constante de l'univers des J.C. Satàn. Même si les puristes et les fans de la première heure noteront peut-être une production plus propre et un coté assagi chez les turino-bordelais, ce Centaur Desire a quand même de la gueule. Et si la musique des J.C. Satàn  est certes moins facile d’accès que celle de leurs confrères bercés eux aussi au garage sixties Les Limiñanas, elle n’en demeure pas moins de fort bonne facture. Avec Centaur Desire, Arthur, Paula et leurs acolytes  nous prouvent que le rock français à une âme et cet album pourrait bien être celui de la consécration.

Sortie le 2 mars 2018 chez Born Bad Records
Release Party le 11.04.2018 à La Maroquinerie (Paris)
 

JC SATAN Centaur Desire release party

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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