Spock’s Beard – Noise Floor


"On a affaire à un groupe qui semble se détourner plus nettement des breaks progressifs que par le passé, le tout en maîtrisant sa formule comme peu peuvent s'en targuer".
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Noise Floor est à la fois un album très classique et différent des précédents, tant dans sa forme qu’en profondeur".  

Il y a trois ans sortait le dernier album de Spock’s Beard en date, The Oblivion Particle. Les vétérans confirmaient alors la qualité du line-up entraîné par Ted Leonard, troisième vocaliste de la formation après les départs de Neal Morse puis de Nick D’Virgilio (également batteur, aujourd'hui notamment membre de Big Big Train). Alors, quand courant 2016 on a appris le départ du batteur Jimmy Keegan, la question s’est posée de savoir comment serait la prochaine incarnation du groupe. À l’heure actuelle, Spock’s Beard n’a pas encore fourni de réponse à cette question. Mais c’est avec plaisir que nous retrouvons ce cher Nick derrière les fûts, présent sur Noise Floor globalement en tant que membre de session, sans participer à la composition.

 


 


“To Breathe Another Day” démarre et introduit l’album sur les chapeaux de roue avec sa rythmique puissante (et rappellera un peu le démarrage de X à pas mal de connaisseurs). C’est dynamique et positif, on navigue clairement en terrain connu. Le chant de Ted (Enchant) dépose une belle mélodie addictive bien comme il faut sur une section rythmique qui s’élance rapidement et avec efficacité : on n'est pas surpris de constater la sélection de ce titre comme premier single. Le break avant les soli est simple mais reste très sympa, et lorsque reviennent les lignes vocales on reprend avec plaisir le refrain. On peut toutefois regretter l’absence de passages prog à proprement parler à se mettre sous la dent, et cette remarque reste vraie après ce premier titre. En effet, “What Becomes Of Me” développe encore plus son aspect mélodique. Les orchestrations et la production sont très fines, mettant parfaitement en valeur chaque instrument et chaque composante de la musique. Le thème est magnifique, servi par la voix de Ted aux accents parfois tristes et mélancoliques, tandis qu’Alan pilote sa guitare dans des solos aériens de toute beauté. De même, “Somebody’s Home” et “So This Is Life” regorgent de passages mélodiques maîtrisés, de sublimes harmonies vocales et de refrains accrocheurs. On a affaire à un groupe qui semble se détourner plus nettement des breaks progressifs que par le passé, le tout en maîtrisant sa formule comme peu peuvent s'en targuer.
 


2018, Nouvel Album, Spock's Beard, Alan Morse, Ted Leonard, Ryo Okumoto, Dave Meros, Noise Floor


Puis arrive “Have We All Gone Crazy Yet”, et dès la progression affichée au début, on devine sinon le titre progressif au moins l’ambiance épique. Cumulant à seulement un peu plus de huit minutes, il fait certainement pâle figure par rapport aux anciens mastodontes de Spock’s Beard et s’avère réellement un peu trop court (on aurait aimé plus de développement de ses breaks et soli). Cependant, il possède son lot de passages épiques et bien ficelés autour de son thème central ; ses nombreux soli et son final épique devraient passionner les férus de prog. Au final, ce titre n'est certes probablement pas ce que l'on peut appeler un incontournable dans la carrière du groupe, mais loin d’être sans intérêt non plus. Si la formule de ce Noise Floor est jusque là très classique, la fin de l’album révèle quelques surprises : la présence de “Box Of Spiders”, véritable titre instrumental (le premier depuis “Kamikaze” il y a de cela huit ans), et ce son de synthétiseur très kitsch et daté qu’il développe, présent également pendant les progressions de “One So Wise”. On retrouve d’ailleurs à ce moment certains des meilleurs passages techniques de tout l’album, l’occasion pour Nick de se faire plaisir. Enfin, le final sur “Beginnings” arrive et Spock’s Beard repart dans le registre épique. Ted nous sert en guise d’intro un phrasé sur le thème du morceau versant allègrement dans les aigus, et que l’on retrouvera un peu essoré à la fin du titre, mais alors qu’on s’attend à tourner mécaniquement autour de ce thème, le groupe nous propose ensuite un vrai travail de collaboration vocale : tout le monde participe et chante une partie de la mélodie qui suit, avec une incrémentation de la tonalité qui fait presque penser à un canon. C'est beau, et on aimerait entendre ça plus souvent encore.

Noise Floor est à la fois un album très classique et différent des précédents, tant dans sa forme qu’en profondeur. Les titres développent largement plus le côté mélodique et “pop” que la technicité ou les progressions épiques caractérisant le style de Spock's Beard, là où The Oblivion Particle réussissait mieux à marier ces deux composantes. Pourtant, à part la présence surprenante de sonorités très datées à quelques reprises, Noise Floor propose une identité musicale classique et qui s’inscrit directement en évolution de celle proposée par le groupe depuis l’arrivée de Ted au chant. Pas de quoi bouder notre plaisir si on a déjà succombé aux deux précédents albums.

Sortie le 25 mai 2018 chez InsideOut Music
 

Tracklist:

To Breathe Another Day
What Becomes of Me
Somebody's Home
Have We All Gone Crazy Yet
So This Is Life
One So Wise
Box of Spiders
Beginnings

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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