Liquid Bear – Unwind

Si l'on regarde l'historique de nos groupes favoris, on verra que dans leurs débuts, c'était le gala des changements. Changements de style musical, changement de membres constants, trouver un équilibre pour une formation émergente est un véritable parcours du combattant. Et quand l'identité est déjà forte, on se demande toujours si le nouveau membre va s'effacer derrière ce qui est déjà ou chambouler tout ce petit monde. Avec un changement qui va jusqu'au nom de la formation, on se doute que l'identité va drastiquement changer, et nous surprendre.

En début d’année dernière, Abændon nous avait laissé sur l’EP Mind On Fire et des changements de line-up imminents. Plus d'un an plus tard, la formation a évolué et changé de nom au passage : Abændon n’est plus, place à Liquid Bear ! Avec seulement un membre différent au sein de la formation par rapport à avant, on pourrait penser se retrouver devant la même formule qui aurait simplement changé de nom. On va voir que sans renier ses origines, le groupe a au contraire su opérer un changement dans la forme mais aussi dans le fond.

Rien de mieux pour faire monter la pression en guise d’introduction que les grosses guitares saturées de “Time to Unwind”, intenses, lourdes et dissonantes. Si l’objectif est de mettre mal à l’aise l’auditeur, c’est réussi, et l’arrivée de la batterie vient confirmer un des aspects les plus significatifs de ce Unwind (et sans doute du style même de Liquid Bear) : la section rythmique est centrale dans le son ! Les accords malsains du premier titre rythment la mélodie torturée et ceux du single “Jug O’ Jack” servent d’interludes à la ligne de basse pleine de groove, tandis que “The Hitchhiker” est largement basé sur ce délicieux jeu combiné claviers/basse tout en contrepoints. D’ailleurs, la rythmique tenant toute la partie solo de ce titre est parfaitement dosée, discrète et efficace : un régal. C'est indéniable, de l’eau a coulé sous les ponts depuis les albums d’Abændon, et on ne mentira pas en affirmant que Unwind est plus riche sur le plan rythmique que les différents efforts de l’ancien groupe (malgré une batterie plus en retrait dans le mix, notamment par rapport à l’EP Mind On Fire).

 

Petit point sur la composition de Liquid Bear. Deux des membres fondateurs d’Abændon sont toujours de l’aventure : on retrouve Adrien Rouyer derrière les fûts et Gaspard Kremer aux claviers. De son côté, Kostia Yordanoff est passé de la guitare électrique à la guitare basse (position qu’il occupait déjà pour une partie des concerts de l’année dernière). Sans surprise enfin pour ceux qui les suivaient récemment, c’est Ilya Franciosi qui vient compléter la formation à la guitare électrique, apportant cette addition de violence à la formule mais aussi plus de virtuosité lors des soli (celui de ”Harry & Bart” en particulier). Les quatre jouent ensemble depuis un moment déjà et l’alchimie entre eux se ressent.

On encense la rythmique, mais les mélodies ne sont pas en reste et ici aussi la formule a évolué : c’en est fini du chant partagé entre les différents musiciens selon les morceaux, alternant les ambiances entre les titres au gré des capacités et du style vocal de chacun, à la Beatles. Liquid Bear a un et un seul chanteur : Kostia. Sa voix est à l’aise dans les médiums et avec les graves sans être trop criarde dans les aigus, plie ce qu’il faut pour orienter les mélodies et les textes vers des titres plus ambiancés, psychédéliques et malsains, capables de partir en décharges d’énergie le moment venu. Cela dit, la formation conserve encore des choeurs - essentiellement pour les refrains - et elle aurait tort de s’en priver, vu l’expérience en la matière de ses membres. À titre d’exemple, le final de “Perfect Rose” ne serait pas aussi puissant sans la présence vocale d'Adrien et Ilya. Alors certes, on ne trouve pas dans Unwind de titres à la “There Are Moments” ou “Helping Hand” et certains fans pourront le déplorer, mais outre le fait que ça ne colle pas avec le style du groupe, il est difficile de nier que le résultat final jouit d’une cohérence sans faille.

Liquid Bear, Adrien Rouyer, Kostia Yordanoff, Ilya Francosi, Gaspard Kremer

Brut et subtil, intense et mélancolique des premières notes au final de "Harry & Bart", Unwind marque son auditeur. Premier EP du vrai/faux nouveau-groupe (rayer la mention inutile) déjà rodé Liquid Bear, Unwind est à recommander chaudement et on est impatient de voir comment les quatre acolytes vont défendre leur album sur scène.

Sortie le 14 décembre.

Tracklist :

Unwind
The Hitchhiker
Jug O' Jack
Perfect Rose
Harry & Bart

Liquid Bear, Unwind
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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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