Express EP #1 : Princess Thaïland, Grandepolis, Shoefiti, Bigger, Sungraze

"Aucun express ne m'emmènera vers la félicité" Alain Bashung, "Aucun express", Fantaisie militaire, 1998.
Avec l'Express EP, point de félicité, merci cher Alain, mais une mise en avant de cinq EP de jeunes artistes émergents qui ont séduit la rédaction de La Grosse Radio.
Pour cette première édition, vous pourrez découvrir 
Princess Thaïland, Grandepolis, Shoefiti, Bigger et Sungraze.

Princess ThaïlandPrincess Thaïland
Sortie le 26 octobre

Six personnages pour une intensité extraordinaire. Le chant habité d'Aniela, la souffrance de la flûte de May et devant les guitares de Pat et JB hyper saignantes, plus un gros matraquage basse-batt' tout autour, pour une musique qui vous englobe et ne vous laisse pas de répit. Ce premier 6-titres place la barre assez haut, à tel point que Princess Thaïland a été une des révélations du dernier Printemps de Bourges en sélection Inouïs parmi d'autres groupes plus aisés à écouter.

Il faut en effet du cran pour affronter cet EP qui tourne à la séance de vaudou aussi incantatoire qu'explosive. On y comprend les tourments psychologiques, ceux qui font crisser les guitares et le cerveau. Cette musique est profondément brutale mais aussi assez accrocheuse pour que l'on s'y laisse prendre, les titres sont longs (plus de 6 minutes pour la plupart) et suffisament développés pour que l'on se laisse intégrer. Il y a aussi des moments de plus lents comme les couplets de "The snake" mais qui forcément enquillent sur des courts refrains explosifs, comme pour nous rappeler l'intensité de la vie.


GrandepolisChange the Pathway
Sortie le 9 novembre 

Les quatre gars de Valence balancent et ça fait du bien. Avec leur pop rock funky, Grandepolis forme un rayonnement chaud sur l'automne avec leurs cinq titres enjoués, taillés pour danser et se laisser aller à savourer. Même lorsque l'on pense que l'on va pouvoir sombrer tendrement dans la mélancolie avec l'intro sussurée de "Silent Train", le dernier titre, le groupe surprend au bout de quelques mesures avec l'arrivée soufflée d'un riff disco qui ne quittera quasiment pas ce morceau entêtant de fin de soirée. 

Le clavier en staccato annonce l'ambiance piquante d'entrée de jeu avec le titre éponyme franchement calibré FM, un petit hymne gracieusement joyeux et apaisant. Dans ce court EP, entre riffs de guitares sobres mélangés aux nappes synthé, aux beats énergiques sans être trop musclés, et une production claire et aiguisée, on peut se prendre au jeu même lorsque avec amusement c'est "Fucking Wrong". La cavalcade utime sera pour le puissant "Prima Ballerina" où la guitare s'habille de fuzz pour nous faire vibrer encore plus. Un soulagement qui mérite d'être écouté pour s'ôter pour de bon toutes tentations à la déprime.


Shoefiti - Fill The Silence With Your Desires
Sortie le 19 octobre

Du bon gros son référencé nineties, cossu et grinçant, Shoefiti nous remet les pieds dans le shoegaze avec une grosse intensité et une science des abîmes. Sombre et douloureux, les sept titres radicaux fourmillent, grincent et fuzzent droit devant, comme une perte psychédélique. Avec leur précédente production, Coriolis, Shoefiti avait pu jouer au parfait endroit pour eux, dans l'Oregon, à Portland et Seattle, berceau du Grunge, avec Fill The Silence With Your Desires, le groupe a pu s'entourer à la production de François Clos (La BlogotheÌ€que) et au mastering de Mathieu Bameulle (The Psychotic Monks, Pogo Car Crash Control), les voilà placés dans ce qui se fait de mieux en ce moment. 

Une production d'emblée surprenante avec le post punk "Spotlight", au son encombrant et acéré, pour le groupe qui manie bien la verve à l'ancienne et de pilier de bar ("Victorius", "She Undress"). Tout semble être le moins calculé possible, on ressent une immédiateté, une urgence de la compo où les instruments jouent à se rattraper les uns les autres dans une grande dissonance aussi foutraque que maîtrisée. Le centre Fill The Silence With Your Desires reflète parfaitement le titre de ce 7-titres avec les longues instru de "Catcall Addiction", comme ce désir qui nous prend par surprise, de s'étendre, de vivre en paix, avec toujours pourtant ce je-ne-sais-quoi qui nous dérange. Des hurlements peuvent ci-et-là briser les langoureuses et contractées instru, de la fièvre et du désir ("Maura1982"), et même dans les titres plus douceureux, Shoefiti (se) surprend avec agitation. 


Bigger - Tightrope
Sortie le 9 novembre

Après l'EP Bones and Dust de 2016, Bigger revient en force avec Tightrope, un brûlant 5-titres que le groupe présentera au Transmusicales de Rennes le 7 décembre, pour un beau décollage, on ne peut rêver meilleur tremplin. Avec Kevin Twoney, son chanteur irlandais, les quatre autres musiciens français nous emmènent directement outre-Manche.

Classe et hyper produit Tightrope lorgne sur le rock de ces quinze dernières années comme Arctic Monkeys par exemple, vif et dual, sombre et enjoué. Des titres vigoureux dans lesquels on peut trouver un passage folk, (guitare-piano sur "Lucky Lucky" et "who is right", ballade sur "Circus") pour des alternances audacieuses qui précèdent des envolées lentes mais soutenues. Les ponts lents sont la marque de cet EP comme s'il fallait rompre absolument la tension ("Glimmer and Glamor"). Tightrope est d'une folle élégance, m'est avis que Bigger devrait se faire remarquer le 7 décembre.


SungrazeMidnight Light 
Sortie le 21 septembre

Voici un trio pop psyché franco-anglais dans lequel guitariste et bassiste sont interchangeables selon le morceau. Par rapport à Bigger et Shoefiti, on recule encore dans le temps, ici ce sont les 60's qu'on regarde du coin d'un œil amoureux. "Alibi" en est la parfaite illustration avec son rock fuzz saturé et vivifiant, c'est le point d'orgue de Midnight Light pour les rockeurs que nous sommes. Alors que "Perfect Circles" et "Euphoria" rappellent franchement des Beach Boys mais sous champi, "Midnight sun" possède la tendresse d'un George Harrison en solo.

Le groupe trouve pourtant un ton personnel et grâcieux, pour un premier EP et avec déjà une sélection aux Inouïs du Printemps de Bourges, c'est un très bon début. Avec ses quatre premiers titres tendus, le dernier morceau "The skies are falling" fait du bien, tout en langueur s'étirant sur 5'40", mais rappelant également aux structures et compo des autres morceaux dans son final progressif de plus de deux minutes agrémentés de quelques chœurs.  


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