Express EP #5 : Catfish, Paranoïd, Kassavettes, Butterscotch Hawaiian, Captain Obvious

"My friends are so distressed, And standing on, The brink of emptiness, No words... I know of to express, This emptiness Red Hot Chili Peppers, "My Friends", One Hot Minute, 1995

Avec l'Express EP, éloignez-vous du vide de la détresse, merci cher Anthony, en découvrant la mise en avant de cinq EP de jeunes artistes émergents qui nous ont séduits. 
Pour cette quatrième édition, vous pourrez découvrir 
Catfish, Paranoïd, Kassavettes, Butterscotch Hawaiian, Captain Obvious.

Catfish - Morning Room
Sortie le 8 février

Duo blues bien électrifié et complètement fuzzé, Catfish, mené par Amandine (chant, percu, basse, clavier) et Damien (guitares, chant, percu, clavier) est bien connu de nos lecteurs, nous avions chroniqué leurs précédentes productions et les avions plusieurs fois interviewés (en vidéo ici). Le duo revient dans sa Morning Room avec un son plus pop mais pas moins fourni, une légéreté nouvelle aussi. Toujours dans l'expérimentation, Catfish s'est offert un clavier Farfisa, voyons ce que ça change !

D'entrée de jeu, on est happé par le grain de "Mama got the devil eye" qui met bien dans l'ambiance de ce blues à la fois rond et acide selon les parties. Car Catfish aime développer, même pour des titres qui durent tous 3 minutes et quelques (sauf le dernier à 5 minutes). Il y a une réelle évolution dans les morceaux, des pauses de rigueur, du souffle, des phases de chant lent et velouté ("Death Army"), mais aussi de grandes envolées ("Sour Sorrow" où le Farfisa joue du piquant), mais pareil, en montagnes russes. Mention spéciale pour les bien pop "King Of Monkeys" tout guilleret et "The Morning Room" que ne renierait pas Beth Ditto. Si l'on est surpris de voir revenir Catfish avec un EP, on y a pourtant un condensé de ce que le duo sait faire de mieux.


Paranoïd - Dark Light
Sortie le 1er février

Après l'EP Loud In Your Soul fin 2017, le trio toulousain Paranoïd revient avec Dark Light un EP 6 titres dans la même veine pop rock. Comme son nom l'indique bien, c'est une lumière sombre qui habille cette production. Cela prend au corps, tout en restant joyeux, sinon légèrement mélancolique par moment et toujours avec de l'allant, des montées. Même dans des ballades comme "Lazy days (between hopes and fail)", il y a des appels optimistes et lumineux.

Pierre-Adrien est toujours à la manœuvre guitare/chant et compo, accompagné du toujours solide Pap's (Scarecrow) derrière à la batterie et de l'efficace Martin à la basse, Timothée à la guitare complète ce combo classique à quatre. Depuis leur dernier EP, Paranoïd a gagné tant en tenue générale qu'en compo. "No Place" tout en entrain et "Dark Light" restent les morceaux le plus pêchus et intéressants de cet EP agréable et viennent contre-balancer le penchant du groupe à la ballade mélancolique.


Kassavettes - Ghost Library
Sortie de l'EP avec un titre par mois environ

Trio bayonnais percutant qui a choisi de ne pas balancer ses 5 titres d'un coup d'un seul mais de les distiller un par un, laissant le temps à son public de les apprivoiser et se garder des actus en stock. Un choix peut-être payant pour des singles au moment du tout consommable/acheter/jeter. L'EP n'en reste pas moins travaillé dans de bonnes conditions et notamment pour le mastering effectué chez l'excellent Globe Audio, habitué des jeunes émergents (Equipe de Foot, Catfish, I Am Stramgram) mais aussi Noir Désir, Eiffel, Les Hurlements d'Léo... Bref, la référence ! Et donc bon choix pour Kassavettes de faire très bien sonner son EP comme il se doit pour marquer les esprits, et le résultat est bien présent même si l'on ressent tout de même la fraîcheur du projet.

Les power trios comme les duos sont à la mode et montrent régulièrement qu'ils peuvent balancer comme quatre ou cinq, et Kassavettes nous le montre aujourd'hui. Comme avec le méga persuasif "Jacob Raise The Sails" avec son intro et thème à la "No One Knows" des Queens Of The Stone Age. Ou encore le virulent "Potus" où l'on peut entendre des bouts de discours de ce satané Donald Trump. "Waiting Under The Weeds" enfonce le clou avec une putain d'énergie. Mention au bassiste sur le virevoltant "Bringing It Back Home" qui ne nous lâche pas avec un riff pourtant simple, et pourquoi faire compliqué ? Le plaisir du chanteur est patent et il nous le transmet bien avec ce Ghost Librairy.


Butterscotch Hawaiian - The Secret Of The Universe
Sortie le 23 novembre 2018

Butterscotch Hawaiian, ce serait la bizarrerie d'un dimanche à Charleville pour Alex d'Orange Mécanique sous acide (écouter l'intro de "The Secret Of The Universe"). Du Rock psychédélique mais pas que. De l'electro à gogo aussi pour des thèmes bien sombres à la John Carpenter. Auteur de 3 EP en 2 ans, les 5 membres du groupes on bien l'air d'apprécier la S-F, faite ici avec des instruments classiques de Rock mais aussi avec les claviers d'Enora et Eli qui donnent toutes leur étrangeté à l'ensemble, leur air hors du temps, comme dans ces films où 1997 était le futur hyper technologique. 

Toute la trame de l'EP est construite comme un film, de son intro générique electro "Initialization" à sa fin qui nous donne le "The Secret Of The Universe" en passant par le court et transitoire "Ectots". Son personnage est là aussi "Doctor Ungenious", un savant fou. Butterscotch Hawaiian est aussi savant dans sa recherche de sonorités, de la pop sixties de ce "Doctor Ungenious" à de l'electro pure et dure comme nous l'avons noté, pour un ensemble très particulier et pourtant accessible et prenant.


Captain Obvious - Let It Burn
Sortie le 1er mars

par Davy Sanna

Let It Burn, pareil au premier cri du nouveau-né : attendu avec une humble inquiétude, émouvant, attendrissant, et aussi vachement plus bruyant que ce à quoi on s’attendait. Le premier titre du premier EP de Captain Obvious sera donc potentiellement fatal pour l’auditeur naïf qui aura omis de vérifier que le volume des enceintes n’est pas à fond, avec un départ brutal et sans sommation.

Le binôme-fratrie installe dès la première détonation une ambiance tendue qui s’étendra sur les cinq morceaux, construits autour de riffs plutôt classiques pour une configuration duo, mais s’individualisent en deux points : le choix, d’abord, d’un chant aux mélodies minimalistes, frayant même parfois joliment avec le refus-de-mélodie, donnant sa préférence au rythme ou à la neurasthénie et se faisant le garde fou, second point, d’instrumentaux d’une grande sauvagerie.

La batterie est au bord de la saturation, les cymbales piquent, les quelques parties de basse semblent jouées depuis le fond d’une caverne humide, on se tétanise – on adopte, en tant que spectateur, la même attitude que le chat qui se plante absurdement au milieu de la route alors que le camion arrive droit sur nous, froid et éblouissant. Avec "Psycho Dance", dernier titre de l’EP, on passe finalement sous le camion, on bringuebale entre les roues sans espoir de s’en sortir, et pour couronner le tout, Let It Burn se conclut avec une ironie des plus cruelles sur un joli guitare-voix inoffensif qui tourne notre tragédie routière au ridicule – et on aime ça, on rit de toutes nos dents étalées sur la chaussée. 


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