The Grizzled Mighty – Confetti Teeth

The Grizzled Mighty, trio basé à Seatle, publie son quatrième album chez Freakout Records en ce mois de juin. Une œuvre majoritairement composée, selon les propos de la bassiste Jewel Lorée, lors d'un trip sous acide dans une cabane de pécheur de palourdes.

Très à propos, la démarche psychédélisante du groupe est prégnante tout au lond de l'album, et les influences que le groupe attestait lorsque nous leur posions nos dix questions, des darons Hendrix et Black Sabbath aux plus récents Black Angels et Black Rebel Motorcycle Club, sont très prégnantes ici. Il ne faut d'ailleurs pas s'attendre à de la structure fifolle explosant de tous côtés : la quasi-totalité des titres de Confetti Teeth baigne dans un linéaire assumé ; si on ne l'arrête pas, la basse peut jouer la même ligne pendant 4 minutes sans ciller. Clairement, l'intérêt de l'album est à chercher du côté de l'état contemplatif, voire végétatif, au sens agréable du terme, dans lequel on peut se placer.

Pourtant, c'est avec un morceau beaucoup plus tape-dur que le groupe avait attiré notre attention : "Rewind", single et ouverture de l'album, est une entrée en matière fracassante, mettant en avant des guitares écrasantes. La batterie elle, est au second plan, ce qui permet de développer cette impression de lourdeur et de rapidité à la fois. C'est sale et poisseux, la voix oscille entre déclamations pleines de verve et aboiements agressifs, des phrases de guitare additionnelles viennent exploser dans tous les sens, on est soufflés. La construction de ce début d'album est par ailleurs redoutable, puisque après cette déflagration introductive, le groupe choisit de dégonfler le son d'emblée, avec la douce torpeur de "Sun Valley" ; on remet alors la mélodie dans le bon sens, on cède à une envolée chamanique pleine de reliefs.

C'est par ailleurs dans la construction de ces reliefs que la suite de l'album pèche : entre les morceaux, où la manque de diversité affadit un peu le tout, et au sein même des morceaux, où malgré des mises en place léchées, on ne sent jamais de véritable fracture, de retournement de situation : en bref, à partir du troisième titre "I Don't Really Mind It", on n'est plus surpris à aucun moment. La même recette semble appliquée en continu, une base de guitare très en avant, en gros riffs ou en envolées longuettes et trop régulières, menant le tout avec autorité, et un basse/batterie à sa solde, suivant la six-cordes docilement sans jamais exprimer la moindre velléité de désobéissance. En un sens, il en va de même pour la voix. Dans cette interview de Lorée pour The Sesh, elle révèle que dans la démarche du groupe, la composition des instrumentaux est strictement séparée de celle des lignes de chant, construites a posteriori ; on ne peut s'empêcher de se dire que c'est une part du problème : alors même que l'interprétation vocale, comme celle des instruments, est somme toute investie, on sent vraiment le manque de réponse de l'ambiance derrière, la communication est unilatérale, et cette méthode semble inapte à créer de la variation. Elle rend en tout cas impossible la prise d'autorité de la voix comme un élément directeur.

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Le fait est que le travail du son a réservé un traitement particulier à la voix, qui la rend peu claire, en arrière du mix. Ca n'est pas nécessairement négatif, puisque cela joue tout de même dans la création de cette ambiance contemplative particulière, mais cela contribue aussi à faire que les morceaux se ressemblent tous un peu, comme la production un peu chargée d'ailleurs. On a voulu du fat, on l'a eu, les grosses guitares dégoulinent, prennent toute la place, la batterie est gonflée à bloc, on individualise ainsi difficilement chaque titre, et les dynamiques pourtant distinctes en filigrane ne sont pas mises en valeur.

Avec Confetti Teeth, The Grizzled Mighty réalise donc un album agréable, mais manquant un peu d'aboutissement ; ou simplement de quoi surprendre un peu. La solution la plus simple étant, pour ce faire et dans ce type de groupes à guitare, de faire tomber cette dernière de son piédestal.

Crédits photo : Brian Kasnyik

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NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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