Dewolff – Wolffpack

Le groupe néerlandais n’a jamais chômé, et c’est d’autant plus vrai en cette période : après avoir sorti Tascam Tapes et un album live en 2020, Dewolff ramène de nouveau son blues psychédélique sur le devant de la scène. Mais à enchaîner les sorties, le combo ne dilue-t-il pas l’essence même de sa musique ?

A écouter le titre d’ouverture, « Yes You Do », par ailleurs single sorti en octobre, on est rassuré : le morceau est une mise en bouche jouissive, qui offre la désormais traditionnelle formule des Néerlandais faite de blues et de psyché, avec suffisamment de folie pour tout emporter sur son passage. Le titre est en mid-tempo mais donne furieusement envie de danser, grâce à un sens du groove hors pair, et devient vite obsédant de par ses distorsions très spéciales, sa basse et sa guitare (Pablo Van De Poel, par ailleurs chanteur) blues, grasse, qui contrastent très bien avec la voix haut perchée du chanteur , tandis que les sonorités étranges du clavier (Robin Piso) viennent apporter une touche psyché qui s’intègre parfaitement.

Avec le titre suivant, « Treasure City Moonchild », l’enthousiasme descend d’un cran. Il reste efficace, la basse et la guitare grasses répondent toujours aux aigus du chant, la batterie (Luka Van De Poel) sait se mettre en avant, notamment dans l’introduction, mais la chanson semble déjà plus convenue. Elle fonctionne, grâce au talent technique des musiciens, mais effleure parfois le cliché du psyché 70’s, par exemple sur le dialogue au milieu du pont entre la voix, le clavier et la guitare. Pas de quoi bouder son plaisir cependant.

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Mais à écouter la suite, on se dit que la quintessence de l’album réside dans les deux premiers morceaux, tant la suite parait insignifiante. Le doublé « Do Me » / « Sweet Loretta » est ainsi un monument de manque d’originalité et de vide. Le premier est une ballade lénifiante dont le moindre accord et la moindre sonorité semblent avoir été pompés ailleurs. Alors que sur les deux premiers titres, la voix est mise en valeur par le contraste avec les autres instruments, ici, entourée seulement d’une guitare claire pas très inspirée et d’une batterie légère, elle semble mièvre et affectée, à tel point que la ballade évoque celles de Maroon 5 des plus mauvais jours – c’est dire ! La seconde part mieux sur les dix premières secondes puis retombe dans les mêmes travers, avec pour seule différence un rythme un peu accéléré, et « Half of Your Love », qui suit, est à l’avenant.

Cela résume une bonne partie de l’album : ce n’est pas mauvais techniquement, mais qu’est-ce que c’est mou… Et redondant : les chœurs font souvent cliché, comme les cuivres présents ici et là, qu’on a déjà entendus mille fois. Et d’un titre à l’autre, on retrouve les mêmes tics de chant, les mêmes motifs de claviers pseudo psyché… D’où une certaine lassitude à l’écoute.

Pourtant, tout n’est pas à jeter dans ce Wolffpack, loin de là. « Lady J » offre ainsi une atmosphère intrigante, un retour du groove dû en grande partie à la basse et la batterie mieux mises en avant et à la guitare qui apporte du nerf. Qualités que l’on peut retrouver sur « Roll up the Rise », où même les chœurs gagnent en consistance, ou encore sur « Bona Fide », bien qu’ici la voix paraisse de nouveau très affectée. Il semble que quand la production donne toute sa place à la guitare et à la section rythmique, celles-ci élèvent considérablement le niveau du morceau, ou en tous cas compensent en partie les défauts qui peuvent être présents. Par contre, dès qu’elles sont plus en retrait, à plus forte raison quand le rythme ralentit, les chansons s’enlisent.

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Ce n’est donc pas un mauvais album qu’offre DeWolff, mais il est loin d’être particulièrement marquant. Ramassé, condensé, il aurait fait un très bon EP, mais ici, les qualités indéniables sont souvent délayées, et le sentiment de remplissage affleure souvent. Peut-être l’absence prolongée de tournée n’est-elle pas un motif suffisant pour sortir un album par an.

Tracklist
1. Yes You Do
2. Treasure City Moonchild
3. Do Me
4. Sweet Loretta
5. Half Of Your Love
6. Lady J
7. Roll Up The Rise
8. Bona Fide
9. R U My Savior?
10. Hope Train

Sortie le 5 février 2021 chez Mascot Label Group

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NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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