GRIVE – Grive EP

Le paysage rock français ne cesse de s’agrandir, et c’est d’autant plus plaisant quand ce sont deux éclaireurs chevronnés de l’Hexagone qui unissent leurs forces pour y contribuer. Agnès Gayraud (La Féline) et Paul Régimbeau (Mondkopf, Oiseaux-Tempête, Autrenoir), compagnons de route de longue date, ont fondé GRIVE, entité shoegaze éthérée mais nerveuse, qui doit autant à la pop lumineuse de la première qu’à la science du bruit et de l’expérimentation du second. Mais peut-on résumer cette entreprise à une banale réaction chimique entre deux mondes ? Réponse avec ces quatre premiers titres.

Un dicton de grand-mère disait : "Faute de grives, on mangera des merles". Le duo se doutait-il que sa naissance discographique arriverait au moment où chacun, qu'il soit artiste ou auditeur, doit tristement adapter son écoute et sa création ? Heureusement, Agnès et Paul on plutôt tablé sur le fait que tout est permis en cette époque, c’est ce qui ressort de leur EP : une liberté de ton et de style, un refus de rentrer dans des cases clairement établies. On peut bien sûr retrouver une vibe et des sonorités des années 90, quelque chose de My Bloody Valentine, de Slint ou de Mogwai. C’est surtout criant avec le fer de lance du disque, "Burger Shack" et ses airs lointains de "Take Me Somewhere Nice" des sus-mentionnés. Mais la comparaison s’arrêtera là, car GRIVE dépasse le format « couches de guitare-voix lointaine-rythme obstiné », qui a l’air d’être plutôt une sorte de base ou de dénominateur commun aux deux artistes, pour justement y injecter leurs univers.
 


En témoigne "Kingdom", ses voix samplées, ses synthés SF 80s, ses guitares acérées et sa montée qui tend vers l’électronique : un savant mélange entre les nappes et un certain sens de l’épique electro de Mondkopf ("La Dame En Bleu") et la mélodicité stratosphérique de La Féline ("Voyage à Cythère") sans parler de ses obsessions thématiques (combien de fois n’a-t-elle pas chanté "Le Royaume" ?). "Cold", en ouverture de l’EP, rappelle la pulse kraut/trip-hop de ses deux derniers albums, tandis que "Coal Mine" lorgne du côté plus hostile d’Autrenoir et post-rock noise de Oiseaux-Tempête. Ce dernier titre emporte d’ailleurs tout sur son passage, du haut de ses 7’50’’ de retombées et de redémarrages soniques propulsés par la voix d’Agnès, 100% anglophone cette fois mais dont la longue réverbération ne permettra de capter que des ambiances, des humeurs et des impressions on ne peut plus hantées et hivernales.
 


Ca tombe bien, cet EP sort donc en ce glacial mois de février 2021 sur Bandcamp en numérique mais surtout au format antique K7 audio ( !). De quoi vivre encore plus originalement cet étonnant voyage indie-prog aveuglant comme un ciel gris clair, mis en valeur par une belle production qui donne la parole à tous les instruments, de la grosse caisse imperturbable aux saignées de distorsion. Un premier jet réussi qui ne peut qu’annoncer la réussite future de la synthèse Gayraud/Régimbeau, encore timide mais sincèrement expérimentée ici.

Tracklist :
1. Cold 
2. Kingdom 
3. Burger Shack
4. Coal Mine 

Sortie le 19/02/2021 en ligne.

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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