Lord Diabolik – Ne Juge Pas


Dans le monde du rock garage, on ne présente plus Frankystein (ex-Hawaii-Men, ex-Pickpockets). Sur les ondes espagnoles de Radiolux, son terrain de jeu, il distille ce qui se fait de mieux en matière de rock à fuzz et de sonorités sixties garage psyché et punk. Mais cette fois-ci, nous allons le retrouver au chant et à la guitare dans le costume de Lord Diabolik.

Vous l’aurez compris, l’ami Franky se cache sous le masque de catcheur de Lord Diabolik accompagné derrière les fûts du jeune catalan Théo Campos. Maintenant que les présentations sont faites, voyons ce que Ne Juge Pas à dans le ventre…

Dès les premiers riffs, on sait où on met les pieds. On sent déjà qu’on va avoir le comité de protection des pédales fuzz sur le dos. "Les Fous du Garage" pose les bases. En français dans le texte, on retrouve la verve et les propos affutés façon Tony Truant ou Antoine et les Problèmes. Niveau riff, Franky envoie du gros son.
 

Lord Diabolik Promo


"She’s Hot" vous file des fourmis dans les guibolles dès les premiers licks de guitares. C’est sexy, c’est chaud, ça respire l’urgence rock ‘n’ roll. Dans le plus pur esprit des pionniers du genre, digérés par un Jon Spencer survolté. On notera au passage un harmonica de première bourre à faire pâlir Little Walter et Sonny Boy Williamson. Caliente on vous dit !

"Ne Juge Pas", titre éponyme est un hommage à ce blues soul de Bo Diddley "Can’t Judge a Book By the Cover" que les Rolling Stones du début aimaient à martyriser avec force harmonica. C’était la Brian’s Jones touch. Ici Lord Diabolik le revisite à la sauce française.

Parfois, comme sur "JB Lover", Lord Diabolik montre un coté plus psychédélique et rajoute quelques mesures de funk : forcément quand on est un James Brown lover. Et on retrouve toujours cette richesse dans les textes avec des clins d’œil multiples aux sixties.

Attention, ici nous sommes sur les terres des Limiñanas. Ces derniers doivent apprécier le riff roboratif qui vous rentre dans le crane de "Qui c’est qui ca ?". Lord Diabolik joue sur les allitérations et cela donne un coté psychédélique gainsbourien à l’ensemble. Les percussions tirent particulièrement leur épingle du jeu dans ce titre qui fait aussi penser aux productions sixties de Nino Ferrer.

On a ciblé le coté rock ‘n’ roll garage, les parties sixties façon Gainsbourg mais on trouve aussi des notes de surf music comme avec "Zobi à Zagreb" avec des vocaux minimalistes rappelant certaines productions des Phantom Surfers ou celles des Sunmakers du coté de Bordeaux. L’accent espagnol mâtiné de croate fait merveille pour donner une touche exotique différente de celles des iles du Pacifique qui sont un peu plus le standard de ce style de musique.

 

Lord Diabolik Montage

Et la surf music s’orientalise avec "Angie La-Bas". Théo Campos lance la sauce avec quelques roulements bien sentis pour mettre Franky en orbite pour le déploiement de son surf oriental. Tremolo et fuzz sont invités à la fête pour un résultat du plus bel effet. Le titre n’est pas dénué d’humour comme tout le reste de l’album d’ailleurs, ce qui renvoie encore aux productions des Charlots, d’Antoine et les Problèmes ou plus récemment de Monsieur Paul et les Solutions.

Franky est aussi à l’aise dans la langue de Molière que celle de Cervantès. L’intro de "Loco te Patina el Coco" démarre par un clin d'oeil à l’œuvre de Michel Colombier avec Pierre Henry, "Psyche Rock". Et lorsque Franky Stein s’exprime en espagnol, le message est clair et précis. Ce "Loco Te Patina el Coco" aux relents de "Wild Thing", pourrait devenir un hymne des salles de concerts si tant est que ces dernières réouvrent un jour…

 

Avec "Go Go Boots", on reste chez Cervantès. Et l’espagnol se prête au garage. Lord Diabolik emboite le pas à Wau y los Arrrghs notamment qui avaient déjà mélangé à bon escient la langue espagnole et le "rocanrol" (comme dirait Pascal Comelade) à fuzz.

Attention, un titre de trois minutes trente ? Inhabituel pour Lord Diabolik... On lorgne avec le rock progressif… "Amor Espero" à tout de suite des faux airs de "Gloria". Et ça se confirme par la suite. Il y a fort a penser que Van Morrisson ne renierai pas la chose tant Lord Diabolik la revisite et la "Frankysteinise" avec brio.

 

Et pour finir, n'oublions pas ce coté "swampland" inspiré des Cramps et des horror movies sérieZ. Forcément avec "Ma Chérie c'est Frankenstein" ! On pense aux Fuzztones et à leur album Monsters a Go-Go

On reste dans cette ambiance marécageuse "crampesque" abritant une créature "from the black leather lagoon". Un des ces morceaux surf rock ou swamp rock comme on trouve dans certaines critiques pour définir le style. Parfait pour illustrer une B.O. de Tarantino. Et si le grand Quentin se penchaiet sur "Kaput" pour son prochain long métrage ?

Voici donc décortiqués les débuts tant attendus de Lord Diabolik, L'album vinyle Ne Juge Pas, première référence du label Espagnol Wild Cave Records, est une très belle réussite, offrant une dose de fraicheur dans le paysage garage actuel. A ranger à coté des albums des Courettes.

 


Tracklist

Les Fous Du Garage 
Zobi á Zagreb 
She's Hot 
Loco Te Patina El Coco 
Angie Lá-Bas 
Jb Lover 
Ne Juge Pas 
Gogo Boots 
Amor Espero 
Qui Ça, Qui C'est 
Ma Chérie C'est Frankenstein 
Kaput

Paru le 19 février 2021 chez Wild Cave Records

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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