Wobbler – Dwellers Of The Deep

Wobbler. Si ce nom ne vous dit rien et que vous êtes du genre à écouter encore et toujours Yes et les autres pontes du rock progressif britannique des années 70, alors vous devez découvrir ce groupe norvégien. Chronique du dernier album en date, sorti en fin d'année dernière : Dwellers Of The Deep.

Dans le monde du rock progressif, peu sont ceux qui ne jurent pas par les sacro-saintes années 70. Et il est difficile de leur jeter la pierre quand les poids lourds de cette période sont reconnus quasi unanimement comme des références incontournables, de King Crimson à Pink Floyd en passant par Genesis ou Yes, même si de nombreux mouvements ont pu renouveler le genre par la suite. Alors le problème quand on aime tellement les groupes de cette période, c’est qu’on en arrive vite à faire de la reproduction sans apporter sa touche personnelle. Les Norvégiens de Wobbler ne sont plus dans ce cas là. Depuis 15 ans, ils peaufinent leur formule très largement inspirée de cette période (Yes en particulier) et présentent en 2020 leur cinquième album, Dwellers Of The Deep, trois ans après From Silence To Nowhere. Sans tourner autour du pot, c’était une des sorties de 2020 en rock progressif.

Une fois n’est pas coutume, c’est sur les chapeaux de roue que Wobbler attaque Dwellers Of The Deep, sans courte introduction dédiée comme les Norvégiens savent bien le faire. En effet, dès ses premières secondes “By the Banks” nous envoie en pleine décennie 70’s avec beaucoup d’énergie, et déjà une ambiance et un état d’esprit d’époque. Cette sonorité d’orgue, cette basse bien dissociée et cette rythmique, ça ne s’invente pas ! La filiation avec Yes est évidente, et dès l'introduction le titre s’avère fort alléchant ! Heureusement pour nous, dire que Wobbler maîtrise son sujet est un euphémisme, et du long de ses presque quatorze minutes, cette première composition balade habilement l’auditeur d’ambiances en ambiances autour du thème musical, régulièrement rappelé à nos oreilles par cette basse décidément très inspirée par le regretté Chris Squire. Jamais les variations du thème ne tombent à côté, c'est à peine si le titre semble afficher des longueurs (normal vu la taille de la pièce), le groupe prenant bien le temps de développer chacune de ses inspirations au gré des instruments qui prennent le lead : de la flûte traversière par ci, de l’orgue par là. Le tout servi évidemment par une production impeccable, old-school certes, mais impeccable. Alors qu’arrive le dernier rappel de ce premier thème, le titre s’arrête, aussi brutalement qu’il a commencé, comme en écho à cette introduction d’album si dynamique. Singulier !

Globalement, Dwellers Of The Deep ressemble à un sandwich. Hein, où est-ce qu’il veut nous emmener à parler de nourriture ? En effet, ambitieuses, longues et complexes, les compositions d’intro et de clôture de l’album s’apparentent aux tranches de pain qui composent le corps du susnommé mets, permettant alors aux deux autres titres de s’insérer délicatement dedans, sollicitant au passage vos papilles auditives par leur légèreté. Habile stratagème du changement de rythme, ou autrement dit, du calme avant la tempête ? Il y a clairement un peu de ça dans “Naiad Dreams”, même si le titre s’oriente petit à petit vers des modes mineurs qui l’écartent assez singulièrement de ce statut de “petite pause douce” et se révèle fondamentalement aussi intéressant que les trois autres compositions de cet album, bien que fatalement moins riche en développements. Arrivé à la fin des deux singles, ingrédients intercalés du fameux sandwich, on est alors prêt pour accueillir la plus grosse pièce de cet album : “Merry Macabre”.

C’est la plus longue, de loin, et la mieux nommée des quatre pistes de ce Dwellers Of The Deep, largement. Et c’est aussi celle qui s’articule autour du thème musical le plus épique, le mieux intégré et le plus développé, là aussi largement. Si le reste de l'album est déjà très bon pour tout amateur de rock progressif, là on tape dans le mémorable, l’incontournable, un de ces titres auxquels on revient régulièrement et durablement. Avec ce thème tellement addictif qu’il reste en tête dès ses toutes premières notes, ses nombreux rappels et variations basées sur différentes bases instrumentales, d’un piano subtil aux guitares électriques bien saturées, Wobbler tient le terreau parfait pour exprimer toute la poésie de son texte mythologique, et délivrer plusieurs pinnacles d’intensité mémorables. Les Norvégiens n’ont probablement jamais été aussi excellents, c’est dire !

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Alors que les derniers échos vocaux du thème s’éteignent, une seule envie : relancer l’album. 2020 a été compliquée sur bien des aspects, alors on est heureux de retrouver Wobbler en aussi bonne forme. Dwellers Of The Deep est une franche réussite, une des meilleures sorties rock progressif 70's de ces dernières années.

Disponible sur bandcamp
 

Sorti le 23 octobre 2020 chez Karisma Records

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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