Ending Satellites – EP I à  III

  Ending Satellites, c'est le nouveau projet de Damien Dufour, et Damien Dufour, c'est celui que l'on appelle Ellan dans ce coin du web  ; un  des  trublions qui se faisait, entre autre, un devoir de faire travailler nos zygomatiques entre deux morceaux au cours de mémorables "WC Expert" qui ont fait le bonheur des auditeurs de La Grosse Radio durant deux saisons.

  On connaissait évidemment les talents musicaux du bonhomme qui nous avait offert une prestation haute en couleurs au cours du Gros Boeuf consacré à Mityx (dont il est la moitié non-chantante, l'autre moitié étant Martin Brousse). C'est donc avec une certaine pression que j'entame cette chronique, tant j'aime le personnage et sa production (musicale ou pas, sérieuse ou pas !)

  Bref, attaquons le vif du sujet ! Ending Satellites est un projet que Damien n'a rendu public et visible qu'en Janvier de cette année mais qui existe, en fait, depuis les prémices de Mityx. Un espace où il pouvait décider seul des directions musicales et artistiques. Depuis Janvier,  trois EP, rien que ça, ont été mis en ligne pour un total de six titres. 

Par quel bout dois-je attaquer ? On pourrait penser que la réponse est claire et la question absurde. Pas tant que ça en fait : si les trois EP sont accessibles et téléchargeables facilement, E.S. met aussi à disposition des écrivaillons dans mon genre les six titres sous la forme d'un  Promotional EP. On découvre à travers la tracklist de celui-ci que Damien ne trouve pas particulièrement pertinent de classer les titres par EP ou par ordre chronologique. Etrange... et pourtant l'explication est simple si on pense à ce qu'est exactement Ending Satelittes : une exposition virtuelle où chaque morceau est accompagné d'une photo (réalisée selon les cas par Séverine Godissart, ancienne animatrice sur La Grosse Radio, ou Damien Dufour lui-même).

La musique est donc considérée ici comme une bande originale à l'envers : elle ne vient pas en soutien de l'image, ce sont les photos qui viennent l'habiller. Qui plus est, aucun ordre ne semble imposer à l'auditeur (de toute façon toujours maître de la télécommande !) et le groupement des morceaux par couples permet surtout le commentaire (à la manière du nom d'une toile ou d'une photo) desdits morceaux tout comme le permettent les titres, jamais hasardeux (ce qui n'étonnera pas ceux qui connaissent  la maîtrise du verbe de leur auteur).

Ainsi en est-il du premier EP, nommé Do not write Here. Injonction humoristique pour deux morceaux instrumentaux plutôt sombres.
Visuel "Ellyn's Melody" - Ending Satellites - Severine Godissart"Ellyn's Melody" et "Halifax" mélangent sonorités acoustiques et rythmiques électroniques. Le premier, développé sur trois parties renverra facilement vers un post-rock façon God is an astronaut. Le deuxième, au rythme lancinant, nous pousse à nous interroger. De quel "Halifax" parle-t-on au juste ? Il existe neuf lieux ainsi nommés dans le monde.


Ellyn's Melody (Séverine Godissart)

Est-ce de Nostalgie dont on nous parle ? Nostalgie d'un lieu bien réel mais qu'on ne peut, en définitive, placer nulle part sur la carte ?

Visuel "Halifax" - Ending Satellites - Séverine Godissart

Halifax (Séverine Godissart)

   Le deuxième EP se nomme A devasted place where we can dance. Toujours ce mélange d'ironie et de désillusions.

  Le premier titre, "The last dance", et ses nappes de synthés anxiogènes, l'animateur de la BBC égrenant un communiqué à propos du général Eisenhower (dont je ne comprends rien, l'anglais et moi, nous sommes fâchés depuis longtemps déjà), le discours allemand en écho (Hitler ? ou  pas ? L'allemand et moi nous sommes... enfin, vous savez !)... Voilà les jalons posés. La fin de l'histoire ne nous est pas tout à fait inconnue. Et pourtant, sur ces débris, nous pouvons danser tout comme nous pouvons passer à la bombe les bunkers grignotés peu à peu par une nature que tout ça laisse indifférent (la magnifique photo de Damien ci-dessous)Visuel "the last dance" - Ending Satellites - Damien  Dufour.
  Changement d'ambiance avec "Palos de la Frontera", port espagnol d'où partit Colomb en 1492. Les guitares hispaniques et l'alternance de rythmes contemplatifs et enjoués feraient presque passer pour joyeux ce titre. Pourtant le parallèle avec le premier est assez évident.

The Last Dance (Damien Dufour)

Si l'organisateur de cette "exposition" a accroché côte à côte les deux tableaux, probablement veut-il nous rappeler ce qu'il y aura au bout du voyage et de la perspective d'un autre monde. La guerre est-elle sournoisement planquée là derrière, comme ronces et souches cachent poteaux et barbelés et nous barrent définitivement (?) l'accès à la mer rêvée ?

Visuel "Palos de la frontera" - Ending Satellites - Séverine Godissart


Palos de la Frontera (Séverine Godissart)

 

Au titre du troisième EP We all are strangers in our own lives, je renverrais le "Se faire le spectateur de sa propre vie, c'est échapper à toutes les souffrances de la vie" d'un certain Wilde Oscar... mais j'aurais probablement tout faux tant les deux textes (écrits par Laurent Orthlieb - Redlight pour "Drive through this ghosts on the side of the road" et  Loïc Matarin - Kerria Noir pour "Parcelles d'incertitudes quotiennes")  et la musique font transpirer ce malaise doublé d'une ivresse étrange (un Charles célèbre aurait parlé de Spleen) qu'entraine le fait de "lâcher prise".

Visuel "Drive through this ghost on the side of the road" - Ending Satellites - Damien DufourDeux  textes qui entrent donc parfaitement dans l'univers Ending Satellites et qu'on dirait spécialement conçus pour l'occasion si l'on ne nous précisait pas que "Parcelles d'incertitudes quotidiennes" est, en fait, un remix d'un titre paru sur le dernier disque de Kerria Noir !

Drive through this Ghost(...) (Damien Dufour)

Deux titres plus rock que les précédents également. "Drive through this ghost on the side of the road" Un piano, une rythmique électro lente et la voix profonde de Laurent Orthlieb. Montée en tension, Laurent accélère en un débit "rappé". Puis le refrain vous décolle définitivement du siège... Ce titre, dont la basse est assurée par François Creutzer (celui qui nous fait l'amitié de signer des éditos sous le nom de Francisco), est taillé pour imprégner définitivement vos esprits.

Visuel "parcelles d'incertitudes quotidiennes" - Ending Satellites, Séverine Godissart
Je ne connais pas la version originale du titre de Kerria Noir, "Parcelles d'incertitudes quotidiennes" et je compte bien combler ce  manque. En attendant, force est de constater que la performance mi-chantée, mi-parlée de Loïc Matarin et la teinte désabusée qu'il choisit d'emprunter se voit offrir un écrin magnifique par Ending Satellites qui sait se montrer suffisament humble pour lui laisser toute la place nécessaire. De longues plages de silences textuels, longues comme des plans silencieux de Scorcese (le Martin de Raging Bull, pas celui de Shutter Island !) maintiennent et prolongent le sentiment de malaise dont je parlais plus haut.
 
 
En résumé, vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé ce que Ending Satellites nous a offert jusqu'ici. Offert n'étant pas un vain mot puisque Damien, qui ne souhaite pas faire rimer SACEM et AIME, offre l'intégralité de ces trois EP (photos comprises évidemment) en téléchargements gratuits. Vous n'avez donc aucune raison de passer à côté !
 
 
 
 

Parcelles d'incertitudes (...) (Séverine Godissart)

Je trouverais bien étrange de donner une note à Monsieur Ellan, aussi vais-je laisser tomber la tradition pour cette chronique, je vous laisserai la mettre vous même !

Tous les morceaux sont téléchargeables sur le site officiel.  En prime, vous aurez également le  droit à l'intégralité des photos, bien évidemment, et à d'autres clichés qui composent la "galerie permanente" du site.

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