Mudweiser – Angel Lust

Forcément, on a pas mal parlé de Mudweiser puisque le groupe réunit 2 ex Eyeless et Reuno, le chanteur de qui-vous-savez, bien connu des amateurs de gros son. La motivation des gaillards était simple : laisser libre cours à leur amour pour un certain type de rock et le décorum qui va avec : bagnoles, grands espaces, bayou, femmes à poil et ambiance qui tranche avec ce que leurs autres groupes avaient l’habitude de proposer. Mudweiser, on n’en a pas non plus tant parlé que ça parce que malgré la popularité des zicos (surtout Reuno évidemment), les gaillards, s’ils n’ont sans doute pas trop galéré à trouver un label, sont arrivés par la petite porte, sans chercher à mettre en avant leurs autres projets, et ont comme n’importe quel nouveau groupe écumé les petites salles, ce qui est tout à leur honneur. Mais on n’en a pas tellement parlé aussi parce que musicalement, tout en étant sympa, le premier album ne cassait pas trois pattes à un canard. Que nos amis aient envie de s’exprimer dans un registre dont ils sont fans, c’est louable, mais ont-ils les capacités pour proposer quelque chose d’assez solide pour se démarquer ? C’est là toute la mission de ce deuxième véritable album, dont la pochette annonce la couleur.
 

 

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Tout d’abord, oubliez un peu le qualificatif stoner, qui depuis quelques années est employé à toutes les sauces par les groupes, les labels et les journaleux dès qu’on entend du rock gras. Pourtant, il faudrait bien leur faire comprendre que non, ce terme stoner ne suffit pas à vendre des disques, en particulier en France (à moins peut-être de suivre le guide du parfait petit clone de Kyuss, et encore). Remarquez qu’il y a aussi un côté commode, vu qu’on ne sait pas toujours trouver le terme adéquat pour qualifier les rockers bourrins. C’est ainsi que des groupes aussi divers que Bukowski, Loading Data ou Mudweiser donc, ont été plus ou moins rangés dans le même sac sur le papier et qualifiés de Stoner. Pouratnt, une fois les galettes enfournées dans la platine, les différences sautent aux oreilles. Bref, si vous êtes un amateur ou un allergique au stoner, soyez prévenus que Mudweiser n’en fait pas vraiment, ce qui n’est certainement pas un crime, d’autant que si cette nouvelle fournée n’est pas exceptionnelle, elle se révèle néanmoins d’une très bonne tenue.

Le groupe a en effet fourni un gros effort pour diversifier son propos et balancer des breaks mélodiques qui auraient pu être plus recherchés mais n’en font pas moins leur petit effet. C’est surtout quand il laisse un peu son côté «bourrin de côté que Mudweiser convainc le plus. Ainsi, « Swimming on the bottom » s’avère être un des sommets de l’album. Mid-tempo qui mise plus sur l’ambiance que sur l’efficacité, la compo prend le temps d’avancer tranquillement jusqu’à un long break final magnifique et très mélodique, comme si la chanson était constituée de deux parties distinctes mais dont l'enchaînement fonctionne du tonnerre. L’acoustique « Black Bird » est rigolo, mais c’est une fois encore quand le groupe parvient à trouver un équilibre entre le bourrin (son mode d’expression naturel au vu du passif des zicos) et un aspect plus mélodique qu’il remporte la timballe, comme avec le court instrumental « Foreplay » qui introduit le terrible « Witch Song » et son superbe riff. Des idées comme celle-ci enrichissent considérablement l’album, et font qu’un titre qui commence de façon assez pataude comme « Burning Tree » trouve son rythme de croisière avec un gros break une nouvelle fois inspiré qui relance notre intérêt.



 

Pour être honnête, il reste encore des riffs et constructions assez téléphonés, voire clichés. Mais ce côté brut de décoffrage devrait également trouver ses amateurs. Reuno ne sera jamais le plus mélodique des chanteurs mais son timbre particulier correspond parfaitement à l’ambiance générale. Un effort sur l’accent anglais, souvent assez limite, serait en revanche apprécié. Si Mudweiser peut encore progresser, ce deuxième album s’avère d’une qualité assez inespérée. En se lâchant davantage avec l’expérience acquise, les musiciens prouvent qu’ils ont un vrai avenir musical ensemble et une vraie identité à développer. Non, ce n’est pas du stoner, mais c’est infiniment plus intéressant qu’une énième copie des grands maîtres du genre. Alors qu’importe si la reprise du « Nights in White Satin », en fin d’album, est complètement anecdotique, ce rock-là sent le bayou, suinte la bière et la sueur et pourrait bien nous surprendre encore davantage à l’avenir, pour peu que les gars n’aient pas peur d’aller toujours plus loin dans leur délire. Lâchez-vous encore plus les mecs, vous êtes sur la bonne voie !

7,5/10

Sortie le 21 février 2013 sur Head Records

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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