Loading Data – Double Disco Animal Style

Les pionniers de la scène stoner française ont finalement donné un successeur à leur album Rodeo Ghettoblaster. Ce dernier était ressorti en 2010 chez Deadlight Entertainment, mais datait quand même de 2007. En effet, les Loading Data sont désormais des vieux de la vieille dans le sens où ils étaient là dès les premiers frémissements qui allaient aboutir à l'émergence d'une scène stoner française qui prend de plus en plus d'assurance (suffit d'écouter les sorties récentes de Rescue Rangers, Los Disidentes del Sucio Motel, Abrahma ou Glowsun pour s'en convaincre, et encore la liste est longue). Ce premier album s'était d'ailleurs avéré de bonne facture, même s'il ne masquait pas la principale limite du combo, à savoir l'influence terriblement présente des débuts de Queens of the Stone Age, influence tellement prédominante qu'elle en devenait embarassante. Certes, Josh Homme s'est éloigné du rock groovy/hypnotique de ses débuts et le créneau est à prendre, mais entre l'hommage appuyé et la repompe pure et simple, la limite n'était pas claire. Ce nouvel album, enregistré à Los Angeles sous la houlette d'Alain Johannes (bien connu pour ses collaborations avec QOTSA et Them Crooked Vultures entre autres) se devait donc de montrer que Loading Data n'était pas qu'un groupe d'honnêtes artisans mais pouvait aussi se montrer capable de s'éloigner de ses illustres modèles.


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Pour ce faire, le groupe peut compter sur quelques atouts, comme la voix de son leader qui utilise plus volontiers que par le passé son timbre grave naturel, pour un rendu assez particulier qui le rapproche plus que jamais d'une version déglinguée d'Elvis et colle parfaitement à l'ambiance. Niveau rythmique, le groupe assure toujours à mort, développant des riffs fainéants qui procurent ce côté lascif aux compositions. L'aspect "robot rock", avec des riffs simples inextricablement liés à des rythmes suffisamment inventifs pour procurer un groove souvent imparable (la chanson titre "Double Disco Animal Style" en est le meilleur exemple), fonctionne toujours assez bien, même si l'influence des QOTSA reste forte. Pourtant, il arrive également que cet excès de répétition finisse par s'avérer un peu pénible sur la longueur. Sortir un peu de la ritournelle couplet/refrain, balancer un solo ici ou là, tout en conservant le côté hypnotique avec des boucles qui se répètent, aurait sans doute conféré un aspect moins monolithique à l'ensemble, car il suffit qu'un riff ou un refrain ne soit que moyennement motivant pour que le titre perde une grande partie de son intérêt ("Gift" notamment). Certes, on trouve de ci de là de trop rares tentatives (comme ce petit solo final bienvenu sur "Alright"), mais on regrette un peu que le groupe reste si solidement attaché à sa formule de prédilection. Car même si ce côté répétitif est voulu, il en devient parfois un peu usant.



 

Ces remarques mises à part, on sent aussi que le groupe a fait un véritable effort, notamment en plaçant des intermèdes délirants et souvent bienvenus (l'excellent "I'm not gonna take it" côtoie le plus convenu "Mezzoven"). De plus, si Loading Data n'a pas inventé la roue, il n'en conserve pas moins un savoir-faire indéniable pour balancer des morceaux imparables ("So High", "Alright", "Round and round") et s'est quand même quelque peu fait violence pour sortir de temps en temps de sa zone de confort. Le clavier psychotisant de "Butterfly Shelf", le ton décalé de "Hanging Low" (et une fois de plus un chouette solo final, comme quoi quand on veut...) ou la rythmique délirante de "Midnight situation" sont bien là pour prouver que le groupe a tout de même bien bossé et nous propose un album qui tout en s'inscrivant dans la continuité de son prédécesseur, n'en a pas moins développé des nouveautés fort appréciables. Ajoutez à cela un enregistrement extrêmement soigné (le son de batterie est particulièrement réussi et ajoute un vrai plus à l'ensemble), et vous comprendrez que le groupe est sur la bonne voie. S'il se montre capable de développer encore davantage son identité, il pourrait trouver l'équilibre optimal entre ce côté robotique qui lui est si cher et la folie indispensable à tout album de rock qui se respecte.


7,5/10

A noter que l'album est pour l'instant en écoute intégrale sur Bandcamp et que Loading Data sera en concert avec 7 weeks et Mudweiser :

17/03 à Nevers
18/03 à Marseille
19/03 à Montpellier
22/03 à Magny le Hongre
23/03 à Toulouse

Le groupe sera également à l'affiche du Stone Rising festival le 12 avril (région lyonnaise) avec un paquet d'excellents représentants de notre scène nationale en matière de rock fumé.
 

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