Progstone – Out from There

On vous avait déjà parlé de Progstone, groupe suisse de Grunge qui avait sorti un EP fort bien troussé et dont on attendait fermement le premier album. Premier album qui est désormais disponible et sur lequel nous allons nous arrêter un moment. Le groupe nous avait fait forte impression grâce à de bonnes compositions, une capacité certaine à pondre des refrains accrocheurs, de belles ambiances et un vrai chanteur qui, s'il n'a pas forcément une technique super impressionnante, peut en revanche compter sur un beau grain pas si éloigné d'un Eddie Vedder. Certes, Julien Brousset (c'est son nom) ne possède pas encore la versatilité de son glorieux aîné, mais il apporte un véritable plus à son groupe, qui peut compter sur une belle voix  (et les choeurs hauts perchés du bassiste Eric Pellouchoud) pour faire vivre ses compositions. Si le EP était (très) bon, on attendait surtout de voir si les suisses allaient parvenir à proposer un album qui tient la longueur et à éviter le piège du "refrain hurlé systématique". Une pratique efficace, mais qui peut vite devenir redondante et servir de cache-misère à des mélodies sans grand intérêt.

Or, s'il y a bien une chose dont peut être absoument certains à l'écoute de Out from There, c'est bien que Progstone sait faire autre chose (et la ballade qui conclut l'album, sans batterie et sur un tapis de violoncelles, est là pour le prouver). L'album ne va certes pas par quatre chemins, et cherche uniquement à faire du rock, des compositions efficaces fortément tournées vers le couplet refrain. Leurs influences principales n'ont pas changé, le trio Soundgarden / Pearl Jam / Alice in Chains venant spontanément à l'esprit ("Wanna leave"). Mais à l'instar de ses glorieux aînés, le groupe privilégie l'ambiance au reste. L'ambiance, le lourd morceau d'ouverture en met une sacrée couche. C'est une mélopée qui monte peu à peu, un bel exemple de montée en puissance avec un final tout aussi mordant que chargé émotionnellement. Dans l'ensemble, l'album est assez sombre et, sans pousser au suicide, ne respire pas la joie de vivre. Si cet aspect ne vous rebute pas, il y a de fortes chances pour que vous succombiez à un disque qui, s'il ne réinvente pas la roue, a la classe.

Certes, quelques compos sont moins intéressantes que d'autres. Néanmoins, les qualités essentielles indispensables pour aboutir à un bon album sont là. Car outre des titres un peu lents et glauques, il y a aussi des tubes en puissance, avec refrain gueulé (le morceau titre), sans refrain gueulé ("The thin red line"), l'album a beau être un peu long, un véritable effort a été fourni pour que l'auditeur ne se lasse pas, grâce à une variété d'albiances bienvenues. Le milieu d'album fait même carrément mal avec l'enchaînement "Inner fire", montée en puissance dotée d'un super finish, et "Taste of the end", LE tube du précédent EP qu'on retrouve avec grand plaisir. Et vu que tout ça commence à être un peu trop sombre, autant enchaîner avec un bien plus entraînant "Turning down the light". Ce dernier morceau peut, tout comme "Wanna leave", prêter à débat. aussi bon soit-il, ça sent tellement la scène de Seattle que si certains seront ravis de retrouver ce son, d'autres se demanderont s'il ne vaudrait pas mieux essayer de s'éloigner davantage de ce qui a déjà été fait.

D'un autre côté, peut-être aussi ne faut-il pas se montrer trop exigeants, il ne s'agit jamais que d'un premier album, et l'essentiel est ailleurs. Plus regrettable est la présence de "From Loneliness" qui aurait pu rester sur le EP dont il a été importé qu'on s'en serait pas plus mal portés. Si l'album est donc globalement de très bonne tenue, il souffre de quelques petits défauts de jeunesse, mais absolument rien de rhédibitoire. Forcément, quand on a affaire à de la qualité et du potentiel, on se montre d'autant plus exigeants. Reste que Progstone a réussi à éviter les pièges les plus gênants : ce Out from There ne se répète pas grâce à des structures et ambiances variées, et sans chercher à révolutionner le genre, se révèle un album très solide qu'on écoutera avec grand plaisir, malgré quelques petites baisses de tension ici et là, heureusement assez rares. Reste que certains pourraient regretter que tout cela soit si proche de la scène de Seattle. Mais si le groupe peut encore progresser artistiquement, musicalement, c'est déjà excellent et c'est bien là l'essentiel.

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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