U2 – Songs of Innocence


Alerte ! Gros buzz médiatique ! Tous les médias s’affolent… Ca tweete, ça poste à tout va ! Bono vient d’annoncer la "vraie" sortie du 13ème opus studio de son groupe U2 sur la plateforme digitale de la firme à la pomme. Et tout ça gratuitement en plus ! Grand prince ! A défaut du Nobel de la Paix, il se rapproche du Hadopi d’Or décerné par le CTI (comité des téléchargeurs impénitents). Philanthropie, amour de la musique, gros dessous de table avec Apple ? Cela ne nous concerne pas… Concentrons nous donc sur ce "cadeau" que nous fait le groupe…

Un rapide coup d’œil aux notes de pochettes, car même si c’est du téléchargement, les choses sont bien faites avec un livret de 29 pages inclus contenant les paroles et tout un tas d’infos notamment sur les débuts du groupe. Ceux-ci nous rappellent qu’ils sont, à l’origine, des fans de punk ce qui nous ramène au titre qui ouvre l’album : "The Miracle (Of Joey Ramone)". Des chœurs tout doux puis un gros riff puissant nous accueillent. Bono est donc un punk qui se cache et qui rêve de Joey Ramone. On a déjà connu les irlandais en train de reprendre live "I Remember You" des quatre faux frères en version ballade. La boucle est bouclée avec cet hommage à l’icône du punk rock.

Mais les gros rocks ne sont pas légions dans ce nouveau Songs Of innocence, il faut attendre le sixième morceau "Volcano" pour retrouver l’esprit des grands tubes chers à la fabrique irlandaise. Grosse intro à la basse pour Adam Clayton rappelant les rocks "indé" flamboyants des Pixies. Bono se sort (enfin) les tripes et les quatre natifs des vertes prairies nous proposent un single en puissance.
 


 

Après une intro toute en subtilité, le riff de "Cedarwood Road" dépoussière les esgourdes mais retombe vite dans une ambiance plus feutrée. Les fans inconditionnels diront que les chansons ont gagné en maturité, les autres regretteront un manque de patate… "Cedarwood Road" nous fait quand même revivre avec sa fin qui monte en puissance un petit moment d’exaltation comme ceux que U2 nous a fait connaitre avec quelques morceaux de légende.


Avec  “This is Where You Can Reach Me Now"», niveau intro, on s’imagine volontiers "live" avec les Rolling Stones envoyant "Gimme Shelter". Puis on se calme, on croirait partir du coté de Police avec "Roxanne". En arrivant dans le vif du sujet on se trouve pris dans un morceau mid tempo qui laisse la place aux impros de The Edge. En concert, cela pourrait devenir beaucoup plus intéressant.

A coté de ces brûlots rock ‘n' roll se trouvent tout un tas de chansons “withorwithoutyouiennes”. "California (There is no End to Love)" est une ballade comme Bono et ses sbires sont capables de nous en servir depuis plus de 30 ans maintenant. U2 fait toujours du U2. Est-ce critiquable ? La voix du patron est toujours au rendez-vous. The Edge y va de son solo des plus corrects. Qui a dit un morceau formaté pour les radios ? On reste dans le registre de la ballade avec "Song For Someone". C’est beau, c’est bien fait, c’est estampillé U2 mais on peine a retrouver les éclairs de génie des albums référentiels.

"Sleep Like A Baby Tonight" est aussi un bon slow.… Il en faut toujours un, c’est vendeur… Mais attention, quand par le passé on a envoyé du "One" ou du "Where the streets have no name", on place la barre très haut. "Sleep Like a Baby Tonight" fait le boulot mais ne remplacera pas les titres évoqués précédemment malgré le fait que Bono nous prouve qu’il soit très à l’aise dans les aigus.

Beaucoup de morceaux mid tempo complètent ce Songs For Innocence. Les détracteurs n’hésiteront pas à parler de remplissage. "Iris (Hold Me Close)", c’est toujours un peu mou. Joli certes, mais mou du genou. On veut du "In The Name Of Love" ou du "Beautiful Day". Du rock et des riffs, The Edge !!!

Avec "Raised By Wolves", les irlandais sont encore une fois dans un le même registre. Ils savent comment composer un morceau de U2 sans trop de problèmes. Avec ces groupes de légende, nous sommes toujours en attente de choses frôlant le génie et l’on peut se retrouver souvent déçu par les nouveautés. C’est un peu le cas ici. Bono est toujours très en voix, The Edge peut sortir un solo de grande qualité sans aucun souci. Maintenant toutes les compos ne tiennent pas forcement la route et sont sauvées par les qualités individuelles énoncées au dessus. On assiste donc à un Bono Show de grande qualité mais manquant de patate. Le poids des ans, la sagesse, le manque d’inspiration ? Chacun choisira son explication.

"The Troubles", titre mid tempo aux relents de soul finit l’album toujours sur une note de tranquillité. On est loin d’un album rock à grosses guitares. On joue beaucoup plus sur la retenue. Les harmonies vocales sont intéressantes et l’album regorge de bonnes choses mais à mon avis pas assez bonnes pour ériger ce nouvel opus au rang des classiques du groupe.

On pourra aussi s’étonner de ne pas voir figurer sur l’album les deux titres que le groupe nous a proposé en avant-première. On parle ici du "Ordinary Love" hommage à Nelson Mandela et de "Invisible".


Un album donc pas mauvais du tout mais on n’attend pas des quatre U2 qu’il fassent des album “pas mauvais”. On veut du lourd, du gros, du hit single prêt a caracoler dans les charts et à fédérer tout un public déjà aux aguets pour se payer les précieux sésames pour voir le groupe mythique live… et pour entendre donc les anciennes chansons.

Dans les monstres sacrés du rock, U2 restait avec le fabuleux Boss, Bruce Springsteen, un des derniers géants à injecter un grand nombre de nouvelles chansons dans leurs concerts. Je crains que la sortie de ce dernier opus marque le passage du groupe du coté des artistes vénérables tournant avec des morceaux plus anciens. Une page se tourne. Ceci dit, gageons que leurs concerts vont rester exceptionnels comme peuvent l’être ceux des Rolling Stones qui lors de leurs dernières sorties ont encore livré des prestations d’excellente qualité et claqué sévèrement le beignet à tout une horde de jeunes blancs becs prêts à leur damer le pion. U2 n’a pas fait un album exceptionnel mais U2 est bien vivant !!!

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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