Rencontre avec Popa Chubby

C'est à l'hôtel Le Général, rue Rampon, que nous rencontrons Popa Chubby, ici pour promouvoir The Catfish, son nouvel album qui sortira le 7 octobre prochain. Une rencontre sincère et suintant le rock n roll, pour finir sur les échanges musicaux passionnés.

Popa, tu as écumé différents styles au travers de ta carrière, pourtant, dans chaque magazine, on te qualifie de "bluesman". Comment décrirais-tu ton style ?

Je ne le décris pas (rires). C'est ennuyeux. Si tu passes ton temps à te pavaner et à décrire au monde ce que tu es, ce que tu es est un gros con.

C'est vrai (rires).

Je suis un disciple de la musique, plus précisément de la guitare. Il y a tellement de styles que je peux tenter à la guitare alors j'essaie d'en faire le plus possible, ceux qui me parlent en tout cas. Quand je joue, je veux toujours jouer de tout, mais ça vient de moi. Je ne suis pas adapté pour être un seul genre d'interprète. Il y a des gens qui sont de vrais bluesmen, qui jouent du blues, et ils sont grandioses là-dedans. Moi, je suis un joueur de guitare. Mais j'adore le blues, et si on m'appelle bluesman, je suis extrêmement flatté.

The Catfish est un album fantastique.

Merci !

Ce qui est fantastique, c'est que tu sors énormément de choses. Tu arrives à avoir énormément d'inspiration dans des délais très courts.

J'ai pourtant pas mal ralenti. Il y avait une période où je sortais deux albums tous les ans, maintenant ce sera plus un tous les deux ans, voire tous les un an et demi. Ca fait partie de mon cycle de vie. Pour moi la musique ne fait pas partie de la vie, c'est ma vie, alors je passe mon temps en tournée, et quand ce n'est pas le cas, je suis en studio en train d'enregistrer et de composer. Ca se passe organiquement, c'est ce que je fais tout le temps. Par exemple, et je te dis ça sans me comparer à lui, Pablo Picasso n'avait pas de compte en banque. Il gardait son argent dans une boite et quand il allait au restaurant, il ne payait pas, il faisait un dessin sur une serviette. Pour lui, son art était la manifestation de ce qu'il était. Et c'est ce qui m'inspire. J'ai envie d'être la représentation de la musique que je fais, de ne vivre que pour elle et par elle.

Comment as-tu choisi les couleurs musicales de l'album ? Au début, on a un peu de funk...

Oui, pas mal de funk !

On a du reggae sur "Bye Bye Love", puis du blues pur et dur, puis des choses plus hard...

Comme je te disais, il n'y a pas vraiment de décision au préalable, je me laisse avant tout porter. C'est pour ça que c'est si eclectique. Enormément de choses m'inspirent, et je laisse faire ce qui en sort. Sur "Bye Bye Love", j'ai aussi fait la basse et la batterie, et c'est ce que je voulais, cet espèce de grovve dub-reggae. (il se met à jouer la rythmique sur la table).

Comment ça se passe avec tes musiciens ? Tu viens au studio avec tes idées et vous jammez ou...?

Hum, c'est arrivé quelquefois oui, mais au final, ça vient plutôt de moi.

Tu es sur la route depuis presque trois décennies maintenant, et il y a un de tes morceaux qui dit "I ain't givin' up", ce qui je dirais te représente beaucoup. Aujourd'hui on a The Catfish, la preuve que tu es encore inventif et inspiré, donc peut-on dire que tu n'abandonnes pas ?

Je n'abandonne pas, mec (rires). Un gagnant n'abandonne jamais, et celui qui abandonne ne gagne jamais. Et puis, honnêtement, c'est trop tard pour abandonner, si je ne fais pas ça, je fais quoi ? Je repars à l'école, je fais du travail social ? Je ne suis pas qualifié pour faire quoi que ce soit d'autre, donc que ça plaise ou pas, voilà ce que je fais !

Il y a un morceau sur l'album, "Motörhead saved my life", as-tu eu la chance de jouer avec les gars ?

Quelquefois oui ! La dernière fois c'était au Free Wheels festival à Clermont-Ferrand. Y'avait Motörhead, Twisted Sister, et j'étais sur l'affiche aussi. J'ai pas pu traîner avec eux parce qu'ils sont arrivés à la dernière minute. Mais j'ai vu le spectacle, et c'est la dernière fois que je les ai vu. En tout je les ai vu à peu près 25 fois, depuis 1977.

Chanceux !

Ouais ! Motörhead est un groupe extrêmement influent. Il est arrivé quand le rock n roll était en train de mourir. Led Zeppelin était dans ses derniers râles, ça sonnait comme de la merde.

C'était presque la fin...

Clairement ! Le punk venait d'arriver, mais c'était loin d'atteindre le grand public, et tout à coup y'a eu Motörhead. Et c'était vrai, du pur rock n roll ! Et tu m'étonnes que tu te sentes concerné, je vois le haut de ton tatouage sous ton t-shirt ! La première fois que je les ai vu c'était avec Girlschool. J'ai toujours voulu faire une cover du titre "Please Don't touch" (il se met à chanter le titre à sa sauce), tu vois ? Il faut que je trouve une nana avec des grosses couilles pour chanter ça avec moi. Je l'ai pas encore trouvé.

Tu connais Skunk Anansie ?

Non, c'est quoi ?

Ca pourrait te plaire, c'est un groupe très rock, avec une nana très tête brûlée, ça pourrait te plaire !

Dis-lui de m'appeler !

Ce morceau en tout cas, est sûrement le premier écrit pour Lemmy.

Vraiment ?

J'ai vu beaucoup de dédicaces, de reprises, mais j'ai pas l'impression d'avoir vu un morceau vraiment écrit pour lui, oui.

C'est pour ça, et c'est vrai, Motörhead a sauvé ma vie !

Je t'ai vu au Trianon y'a deux ans et demi, à l'Olympia y'a deux ans, tu es breaucoup en France. Un truc spécial à propos de la France ?

Ouais, c'est fantastique, le meilleur public d'Europe pour moi. Je me suis toujours éclaté ici, c'est électrique.

A l'Olympia c'était une fosse assise, pas au Trianon.

C'est le côté parisien aussi, le prestige de jouer dans ce genre de salle, t'as déjà vu des concerts debout à l'Olympia ?

Ouais, j'ai vu Chickenfoot, ou des groupes plus metal aussi.

J'aurais tellement préféré ça, mais les deux show restent fantastiques, les lieux sont magnifiques.

Est-ce qu'il y a un musicien avec qui tu adorerais jouer?

J'aurais adoré Lemmy, tu te doutes. Je suis très attiré par le fait de collaborer avec des femmes, elles apportent une énergie totalement différente. Là, de suite, j'aurais pas de nom à te donner, mais je suis hyper ouvert. Après, aujourd'hui, le milieu de la musique devient de plus en fermé. Tout le monde a un manager, personne veut le faire à moins que ce soit un mouvement politique. Je me rappelles avoir appelé quelqu'un du milieu pour lui demander "T'as envie de faire ce morceau avec moi ?" et sa réponse : "Le label ne veut pas vraiment qu'on le fasse." Va te faire foutre. A ce niveau-là, ça devient du business, et ça ne m'intéresse plus du tout. J'ai envie de créativité, que la musique en soit, et je comprends qu'il faut bien que le business s'en mêle, mais pas qu'il se mette sur le chemin. Beaucoup sont dirigés dans leur musique par le besoin de vendre, et je suis content de dire que ma musique n'est pas comme ça. Regarde, Motörhead a fini par arrêter de tourner en Angleterre, parce qu'ils n'avaient pas les bonnes garanties. Les mecs sont la figure de proue du pays, et ils ne pouvaient plus tourner chez eux ?

Le dernier album que tu as écouté ?

Le dernier Beyoncé !

C'était comment ?

Enorme ! Je ne suis pas un énorme fan de la pop music mais ma fille me l'a fait écouter et c'était génial. Beyoncé est super talentueuse. Et elle est avec Jay-Z, j'adore ce mec.

C'est hyper old-school en même temps.

C'est ça, old-school. Le hip-hop représente cette décadence qu'a été le rock n roll auparavant. Et ce sont deux mondes hyper proches.

Comment ça se passe pour toi maintenant ?

Une tournée dans 7 pays, puis américaine, puis on revient en studio pour composer de nouveaux morceaux.

J'étais hyper surpris de trouver un nouvel album de toi dans ma boite aux lettres, si rapidement en tout cas !

Je me doute, on me le dit souvent !

En même temps, après écoute, j'étais conquis.

J'espère ! C'est l'idée, que je ne commence pas à juste me surproduire, à faire de la merde pour sortir quelque chose, mais de la bonne musique quoi qu'il arrive. Tant que les gens arrivent à retenir un morceau, quelque chose qui va leur coller à la peau, je sais que j'ai réussi quelque chose avec mon nouvel album. Puis ils réécoutent et ils commencent à l'apprécier encore plus. Le dernier Elvis Costello, avec The Roots, il m'a fallu beaucoup de temps pour le comprendre et le trouver bon, et il était génial ! J'aime quand des artistes qui n'ont rien à voir tentent de faire de la musique ensemble, c'est là que les frontières s'étendent. Et toi ? T'écoutes sûrement plus de musique que moi.

Le nouveau Anderson / Stolt, je dirai, voir ces mecs ensemble faire quelque chose, c'était fantastique.

Ah ? Intéressant, il faut que je me le fasse alors.
 

Popa Chubby, The Catfish, Interview, Motörhead

image du clip créé par Callicore Prod

Merci à Verycords pour l'organisation de cette journée promotionnelle.
 

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