Rencontre avec Les Fatals Picards (30.10.16)

Avant leur concert du dimanche soir à la Machine du Moulin rouge, les Fatals Picards au complet ont accordé une interview dans leur loge, entre citations éclairées et conseils érudits sur la vie.

Photos prises par Rodolphe Goupil lors du concert

Bonsoir, merci de m'accorder du temps, les Fatals Picards quoi ! Hum. Tout d'abord, pouvez-vous me montrer ce fameux pin's du Jura ?

Paul : Alors déjà c'est un magnet, et justement on ne peut pas te le montrer puisqu'on ne l'a pas ! Il est introuvable ! La chanson parle d'un type qui devient fou parce qu'il ne trouve pas ce magnet ! Ce magnet du Jura, c'est Dieu quoi. Yen a qui seraient prêts à tuer pour lui.

JM : Et puis si c'était le magnet de la Seine-Saint-Denis ça sonnerait pas : «je veux le magnet de la Seine-Saint-Denis»... Nan.

LGR : Pouvez-vous nous présenter l'album «Country Club» ?

Paul : FATALS PICARDS Country Club !

Laurent : Tu vas te planter sur toutes les questions ?

Paul : On voulait créer une république qui se déplacerait avec notre véhicule, puis on s'est rendu compte que ce n'était pas possible, alors on a décidé de fonder un club. Il réunirait des gens intelligents, beaux, sachant se tenir en société, et pouvant aborder des sujets de discussion divers et variés...

Laurent : un peu classe quoi

Yves : Une petite retraite sympa

Paul : Et puis les membres du club auraient leur carte : l'album.
[ils se mettent alors à discuter des modalités d'atribution de demi-cartes pour les personnes ne possédant qu'une version numérique]

Diriez-vous que vous avez évolué par rapport à vos débuts ?

JM : On a gagné en sérieux. Et puis on s'est plus tournés vers la musique rock.

Paul : On maîtrise mieux les concerts.

Laurent : Je pense que nous avons réussi à rester fidèles à un certain cahier des charges de la chanson française tout en y adjoignant un côté résolument rock.

JM : Ouais, c'est bien on n'a pas que des pogoteurs en concert.

Et du coup, comment gérez-vous le recyclage des vannes sur la durée ?

Laurent : Tu vois, dans les tableaux de Jérôme Bosch, eh bien il y a des motifs qui se répètent. C'est pareil dans nos textes.

JM : Et puis une certaine partie de notre auditoire n'est pas futée-futée non plus, alors il faut répéter.

Paul : On renouvelle notre musique, et puis on a des disques qui se répondent entre eux, des thèmes de prédilection...

À ce propos, pourquoi cet amour des dictateurs ? Et pourquoi tant d'interludes ?

Paul : Mais on a fait une seule chanson sur les dictateurs ! Elle était super d'ailleurs. Si tu parles de «Fils de P...» alors là c'est pas pareil. Poutine c'est le stade au-dessus du dictateur ! Le mec est élu, mais si il décide de faire quoi que ce soit, bah il le fait...

JM : Le Coréen là aussi il est bien, il a une bonne coupe.

Paul : Il paraît qu'il a envoyé un pizzaiolo espion en Italie pour étudier la pizza. Et il y a une seule pizzeria en Corée du Nord.

Laurent : J'espère au moins que la pizza y est bonne !

Paul : Concernant les interludes, eh bien c'est que quand on était jeunes, il y avait des speakerines à la télé, j'aimais bien. Et il y avait des intermèdes.

Laurent : Ça faisait un petit moment hors du temps, une respiration bienvenue...

Paul : On a commencé par faire des pistes cachées, et puis elles étaient pas si bien cachées. Alors on a disséminé des interludes.

Laurent : En plus ça fait le lien entre nos morceaux hétéroclites et ça constitue un tout cohérent.

Parlons maintenant du financement partifipatif, pourquoi ce choix ?

Paul : On a fait un DVD et un album en financement participatif.

JM : Ça permet de voir que les gens nous aiment et nous suivent, ils sont prêts à payer plus d'un an en avance pour avoir notre œuvre, c'est à la fois gratifiant et ça permet une indépendance.

Paul : et comme on a ramassé plein d'argent, on a pu faire des trucs bien. Mais on a pas pu s'en mettre plein les poches...

Yves : Le crowdfunding c'est comme un paquet de bonbons : à la fin il reste jamais rien.

Laurent : Et puis plus ya des gens qui participent, plus il y a de trucs à envoyer, de colis à faire... et voilà où passe l'argent.

Avez-vous un rituel avant les concerts ?

Paul : Oui, on s'embrasse et on se caresse les organes génitaux.

JM : Mais il y a le jean entre la main et les organes hein

Paul : Et puis je répète 133 fois «extraordinaire»...

Laurent : ... et à la 5e on lui dit d'arrêter. Arrête maintenant !

Quelle est la raison d'être des Fatals Picards ?

JM : L'amour, l'humour...

Yves : ... et le boulghour.

Laurent : On prend plaisir à donner du bonheur aux gens, franchement, qu'est-ce qu'il peut exister de plus gratifiant ?

Paul : Une raclette.

Est-ce que ça vous gêne d'être classés petits rigolos ?

Paul : Ha oui alors ! C'est pas parce que t'es dans le comique que t'es un mariole ! Faut de la rigueur, comme pour tout !

Laurent : C'est facile de faire pleurer les gens, on est beaucoup plus facilement dans la connivence qui provoque la tristesse que dans celle qui fait rire. On est comiques, on n'est pas des petits rigolos !

Paul : Et puis il y a beaucoup de choses chiantes dans les tournées ! On se déplace, on attend... on s'emmerde !

Laurent : Mais comme le disait Françoise Dolto, il est bon que l'enfant s'ennuie, cela libère sa créativité.

Comment faire pour devenir aussi aimés et beaux que vous ?

JM : C'est un coup de pot.

Paul : C'est simple : une alimentation saine, du sport [il sort une cigarette de sa poche]

Laurent : Il faut avoir sa propre originalité. Plein de groupes font une meilleure musique que nous, mais on a notre patte.

Quel est votre meilleur album ?

Paul : Celui-là.

Laurent : Le prochain ; il sera encore meilleur, car comme le dit Rousseau, la perfectibilité est la seule caractéristique qui distingue l'homme à l'état de nature des animaux.

Paul : C'est vrai, on sortira un 8e album bientôt. On n'a pas fini d'inventer des morceaux, parce qu'ils parlent de la société, et elle n'a pas fini de nous inspirer.

Laurent : Ouais, la société, c'est l'encre de notre stylo-plume. 

Avez-vous des projets en dehors des Fatals ? Et au sein du groupe, que prévoyez-vous de nouveau ?

Laurent : Oui, JM a son projet solo [Jean-Marc Sauvagnargues sera en concert à l'Européen le 24 janvier], Yves [le bassiste] est dans un autre groupe.

JM : On en est déjà à plus de 1300 concerts, on tient le bon bout. Et pendant tout ce temps, notre musique a évolué, en bien.

De quoi sera fait 2017 ?

Paul : On prévoit deux BD, une qui parlera de nos aventures, dans le style Scoubi-doo, et une qui traitera de nos chansons.

JM : En ce moment on teste la présentation scénique de six nouveaux morceaux. On va faire notre 7e Olympia l'an prochain, et on prévoit un nouveau live...

Paul : On aura les gens à l'usure. Quand il ne restera plus que nous sur la scène de la chanson à texte décalé, on aura gagné.

Un grand merci à Anne-Claire et toute l'équipe pour avoir organisé cette rencontre !

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