Rencontre avec le savoureux trio belge Triggerfinger – nouvel album Colossus

La Grosse Radio a rencontré pour vous le trio belge Triggerfinger cet été à Paris dans un bar bien rock de la capitale. On ne les avait pas revus depuis leur passage à la Fête de l’Humanité à la Courneuve en septembre 2015. Ils vont nous parler de leur nouvel album Colossus qui vient tout juste de sortir dans les bacs, de son enregistrement, des rencontres qu’ils ont réalisées pour ce nouveau disque, de la vie, de santé et de cette nouvelle date parisienne qui aura lieu le 25 novembre prochain à l’Elysée Montmartre en espérant que d’autres concerts se rajouteront en province et dans le cadre de festivals l’été prochain.

 


On s’assoit à table en fin d’après-midi et on se trouve en compagnie de Ruben Block (chant/guitare), de  Mario Goossens (Batterie)  et de  Paul Van Bruystegem (Basse) qu’on aime appeler Monsieur Paul par respect pour son parcours de musicien et parce que c’est le plus ancien du groupe. En amont de notre interview, on avait constaté que Monsieur Paul avait bien maigri. On en dira pas plus mais en fin d’année dernière, il aurait pu nous quitter. Rassurez-vous, il va beaucoup mieux et ce monument de la musique belge est à nouveau d’attaque pour vivre une nouvelle page Triggerfinger. Après 3 minutes de déconnade, Ruben nous quittera pour aller au rez-de-chaussée s’enquiller une nouvelle interview. On le retrouvera 30 minutes plus tard pour quelques photos.

 

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On est ravi de vous revoir tous les trois et de vous retrouver à Paris deux ans après vous avoir vu en live pour la dernière fois sur la grande scène de la fête de l’humanité au parc de la Courneuve, c’était en septembre 2015. Vous étiez heureux de jouer dans le  cadre de ce festival si renommé, si spécial, si français et si populaire qui mélange politique, social, débat, rencontre et musique. La fête de l’huma comme on aime la nommer, c’est une institution chez nous, vous le savez bien les garçons. Pour vous suivre depuis quelques années maintenant, on peut voir cela comme une marque de reconnaissance envers votre musique et votre groupe, enfin, la France a fini par vous adopter, qu’en pensez-vous? 

Paul: C’était un honneur de jouer là-bas car l’huma est connu même chez nous en Belgique. Ils ont souhaité nous faire jouer et on était très fiers d’être à l’affiche.

Quels souvenirs avez-vous gardé de votre prestation qui avait lieu en fin d’après-midi et devant un public très réceptif ?

Ruben : (rires) Cette pluie qui tombait et notamment sur la scène. On s’est bien amusé mais j’ai bien glissé aussi.

Paul: Les gens restaient, c’était super (tout le monde rigole bien en se rappelant cet excellent souvenir). 


Paul: Je me souviens, le temps était mauvais mais les gens  restaient, ça pleuvait à flots mais le public avait le sourire. Pour nous, jouer en France, où on n’est pas si connu, c’est toujours très agréable car le public français, s’il ne connait pas, il est très attentif et respectueux. C’est une grande différence entre jouer ici et ailleurs, dans d’autres pays. C’est aussi bien mais c’est différent.


On a faim de rock ici en France également, ce qui explique aussi cela. On n’ est pas vraiment un pays rock alors on mange, on dévore le bon rock surtout. On est au pays de l’idôle des jeunes, de la variété, les grands trucs populaires.
 

Paul: Oui mais par contre, vous avez une tradition en variété et nous, on est fou de cela,  Nino Ferrer, Gainsbourg et même les Flamands sont bien informés. Je me souviens, mes parents, ils ne parlaient pas français comme moi et on avait plein de vinyles de Nino Ferrer, Julien Clerc, Michel Polnareff et j’en passe. Au niveau des arrangements, c’était quelque chose. Maintenant, tu prends Radiohead et les autres, Beck notamment, ils pratiquent le même type d’arrangement. Beaucoup de choses viennent de chez vous en réalité. C’est la touche française, un peu théâtrale, mélodramatique et je trouve cela très hype en faite.

 

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Sur la tournée précédente, celle de l’album Absence by the Sun, vous avez joué sur la période 2014/2015 à l’Huma, au festival Solidays, à Musilac, place de la République et on en passe, c’est d’ailleurs votre tournée qui a le mieux marché, vous aviez quel sentiment à la fin de la tournée qui a duré 1 an et demi ? 
 

Paul: Après notre dernière date en France à l’Humanité, on a continué encore à jouer au Japon notamment, 6 semaines au Canada et là, il était temps d’arrêter un petit peu car pour notre santé mentale et physique, on avait vraiment tiré sur la corde. Ce fut fantastique, on a des souvenirs incroyables mais quand tu t’amuses, que tu aimes bien jouer, on a appris à nos dépens qu’il faut s’accorder des plages de repos, de détente mais on a été très satisfait, c’est évident.


Suite à cette belle tournée, cela a déclenché en vous de nouvelles envies, d’explorer de nouveaux horizons dans l’écriture de ce nouvel album?

Paul: Pas vraiment, on a enregistré différemment. Certains morceaux qui se trouvent sur le nouvel album Colossus sont construits d’une manière un peu différente. Je pense que le public français va aimer la diversité de ce disque. Certes, on est un groupe qui offre beaucoup d’intensité mais là, il y a plus de subtilité et il faudra aller chercher ces petits détails et prendre le temps de le découvrir. 

 

Juste avant de détailler ce colossal Colossus, sur la précédente tournée, vous avez donc joué quatre fois sur Paris en 18 mois. Au Trianon en tête d’affiche, sur la place de la République, au festival Solidays et pour finir l’année suivante à la fête de l’Humanité. D’ailleurs, le festival gratuit qui se tenait sur cette maintenant très célèbre place de la République s’est arrêté après cette édition qui vous y a vu jouer en juillet 2015. C’est malheureusement une conséquence aux terribles attentats qui ont eu lieu quatre mois plus tard. Après ce cauchemar, les organisateurs n’ont pas souhaité prendre le risque de poursuivre l’aventure ici. En tout cas, on se souvient de Ruben porté par le public tout en jouant de sa magnifique guitare rouge, ce fut un moment mémorable.
 

Paul: C’est vrai, on se souvient bien de ce moment et oui, que dire, on était au Canada, je me souviens exactement du moment où on a appris la terrible nouvelle, on était choqué. On a regardé sur un grand écran les informations et vingt minutes plus tard, on devait jouer sur scène. C’était tellement proche, on s’est senti très mal. Paris, la Belgique, c’est chez nous.


Cet été là, vous avez même jouer en ouverture de Muse le dernier et 4 jours à Musilac à Aix les Bains que l’on couvre chaque année.

Paul: Oh oui, on s’en souvient bien, c’était vraiment cool. On a même fait du bateau sur le lac, magnifique journée vraiment.

Votre nouvel album sort fin Août, le 25 exactement. Vous avez enregistré où?

 

Paul: A Santa Monica aux Etats-Unis, on n’a pas enregistré au même endroit que les deux albums précédents. Avant c’était à Salt lake City, à Los angeles. Là, on s’est fait une liste de producteurs avec qui on voulait travailler et on a sollicité entre autres Mitchell Froom, le producteur de Los Lobos, Paul Mc Cartney et de tellement d’autres artistes. C’est le premier qui nous a répondu. On ne croyait pas que cela serait possible mais il s’est montré très enthousiaste à l’idée de bosser avec nous. Du coup, on a passé une semaine à Santa Monica avec lui, on a parlé, on a fait connaissance. Le premier jour, il nous a dit de revenir le lendemain avec notre guitare, notre basse qu’on gratte ensemble les nouveaux morceaux et c’était parti. Rien n’était gagné d’avance. Qu’il soit connu et réputé ne signifiait pas que ça marcherait et ça a fonctionné. Par son côté humain et son talent, son expérience de musicien et de producteur, cela a bien collé avec nos envies de tenter des choses nouvelles. Il a un studio dans son jardin et il est rempli de vieux matériels, d’instruments anciens qui marchent plus ou moins bien , tout un tas de guitares, de basses, de batterie, un vrai musée on peut dire. On s’est senti comme chez nous.

 

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Vous parliez de plus de variantes sur ce nouvel album par rapport au précédent bien gras, compact avec un son énorme. C’est lui qui vous a amené dans cette direction ou c’est vous qui étiez décidés à modifier certaines bases de votre musique?
 

Paul: En réalité, l’année où on a fait une pause, Ruben a donné des concerts en solo, cinq ou six je crois et notamment avec d’autres musiciens, un autre bassiste, un saxophoniste et c’est là qu’il a commencé vraiment à écrire, à avoir de nouvelles idées et il se trouve que les ébauches de morceaux se trouvaient dans un autre esprit. Avant, on enregistrait direct en live comme on joue dans une salle, même le chant. Là, on s’est dit que ce n’était plus forcément ce qu’on voulait. Ruben a fait quelques maquettes à la maison et aussi, ça c’est important, on a acheté un studio qui avait fait faillite, on a racheté tout le matériel qui était là, du très bon matos, on a fait cet investissement mais pas vraiment pour l’argent, surtout pour nous car on aime beaucoup enregistrer.  Là, on pouvait garder tout ce qu’on avait. Si Ruben avait une bonne idée ou si aux répétitions, on sortait quelque chose de bon, on enregistrait les bonnes parties qui avaient également un bon son. Pour finir, on a même des morceaux qui sont presque restés comme  à l’origine sur les démos. Tout était presque fini sauf la batterie et  un son de guitare, on a essayé de faire quelque chose de nouveau. Notre producteur nous poussait à jouer aussi à l’instinct et il nous disait, c’est bon là, on tient notre partie et on gardait. On avait les idées fraîches avec les bases de Ruben qui ne s’imposait pas de limites. On est resté concentré, on ne sait pas laisser perturber par l’aura du studio et de son passé, on s’est lâché totalement. On est vraiment ravi d’avoir bossé avec lui, malgré son immense expérience et son passé, il est resté humble.


Un peu comme vous les garçons, derrière votre côté rockeur/  un peu poseur sur scène enfin surtout Ruben, vous êtes des gars simples et sympas...

Paul: (rires) Le plus important, c’est qu’il nous a appris à nous lâcher, on avait de bonnes et de mauvaises idées, qu’importe, on avançait toujours avec lui.

Vous avez des invités sur ce nouvel album?

 

Paul: Oui, Steve Berlin le saxophoniste de Los Lobos qui a joué sur trois, quatre morceaux. Après, on retrouve nous trois et notre équipe technique. Après, tout le bazar, le mix, on a laissé Tchad Blake s’en occuper.

C’est juste l’ingénieur du son qui a travaillé par le passé avec Pearl Jam, Elvis Costello, Peter Gabriel, Tom Waits et on en passe. Il travaille avec Mitchell Froom depuis la nuit des temps, c’est un sacré tandem qui a produit et mixer votre nouvel album Colossus. On se fait plaisir les garçons.
 

Paul: Pour te dire à quel point l’atmosphère était magique et très agréable, un exemple, notre ingénieur davids qui voulait mixer l’album et qui était déçu que ce soit Tchad Blake qui si attèle et bien, il a compris et il était admiratif par l’aura et le talent de l’homme. Comme je t’ai dit, tout c’est magnifiquement bien passé.


Vous allez jouer le 25 novembre prochain à Paris à l’Elysée Montmartre. C’est une très belle date qui s’annonce et qui promet, dans un lieu chargé d’histoire. On est très heureux que vous ayez choisi l’Elysee Montmartre pour nous présenter votre nouvel album. Pour nous, c’est une salle parfaite pour vous. Paul, pour cette nouvelle tournée, il va falloir te préserver un peu, si tu vois ce que je veux dire, arrêter les cadences infernales.
 

Paul: Oui, comme je te le disais, on sort un album pour jouer en live et dès qu’on commence à tourner en Europe, il n’y a pas moyen de faire 5 ou 6 dates,  c’est plutôt 50 en 2 mois tu vois. On a une bonne équipe maintenant, on est bien entouré, le truc, c’était au Canada il a deux ans, on avait plus un clou et c’est cela qui nous a presque fini par nous tuer. On connaît nos limites maintenant. À présent, on est prêt à repartir, on va apprendre à se préserver un peu aussi.

Vous avez un peu plus de confort maintenant.

Paul: Oui mais ce n’est pas encore partout qu’on a ce confort, dans certains pays, on est plus dans le dur car on n’est pas si connu que cela. Par exemple en Espagne, on fait que des petits clubs mais on aime bien les deux, les grosses scènes et les toutes petites.

Que peut on vous souhaiter dès à présent ?

Paul: Les mêmes choses qu’avant mais en mieux encore.

Un petit clin d’oeil pour finir, vous voyez mon beau tee-shirt?

Mario: Yes, it’s the Sore Losers (rires)
 

Entre belges, vous vous connaissez bien vous tous, c’est un de nos coups de coeur de l’année. Ils nous ont déjà parlés de vous lors d’une rencontre en février dernier à la Maroquinerie. C’est d’ailleurs là qu’on s’était connu, c’était en 2010 déjà et vous aviez joué à l’époque en compagnie de Black Box Revelation que Mario a produit par le passé...


Paul: Excellent, on les avait pris en première partie en Allemagne notamment. On a donc fait une tournée avec eux. Tu sais, en Belgique, les groupes Rock, il n’y en a pas tant que ça, on se connaît tous. The Sore Losers, c’est un peu des frères d'armes, ils ont un peu les mêmes armes que nous. Tu vas comprendre Jérôme tout ce que je t’ai dit en 30 minutes avec mon gros accent flamand? Pour Mario, ça va aller, il ne parle pas français (rires)

 

LGR: Yes Paul, merci encore, ce fut un grand plaisir comme à chaque fois et rendez-vous le 25 novembre à Paris à l’Elysée Montmartre
 

On remercie Roger Wessier tout particulièrement ainsi que
le groupe pour leur gentillesse et leur bonne humeur.
crédit photos: Jérôme Agier

Nouvel album Colossus
Date de sortie 25 août 2017 chez Mascot Records

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