Entretien avec Laurent Honel, des Fatals Picards

Alors que la tournée éternelle des FatalsPicards continue, La Grosse Radio a pu s'entretenir avec Laurent Hornel, membre historique du groupe le plus inclassable de la scène rock française, à égalité avec tous les autres bien évidemment, on ne veut pas d'ennuis. Où l'on parle du prochain album, des licornes, et de plein d'autres choses...

Vous sortez de votre 8ème Olympia. Cette édition 2017 était comment?

Un Olympia c'est toujours particulier. C'était notre huitième, comme tu viens de le dire. Mais celui-ci, c'était celui où la salle était la plus remplie. Pour moi c'est un chouette indicateur, de savoir que plus le temps passe, et plus on a de gens qui viennent nous voir. Maintenant, l'Olympia bien sûr ce n'est pas une salle comme les autres, mais on ne va pas non plus en faire toute une histoire.

C'est vrai que vous tournez énormément mais très peu sur Paris?

Oui, c'est marrant. On en parlait avec Jean-Marc, le batteur, on arrive à faire venir des milliers de personnes dans des bleds paumés où il y a 12 habitants, et Paris, où il y a plus de 10 millions d'habitants, c'est pas toujours facile. Il y a tellement de spectacles, de concerts... Du coup ce n'est pas toujours viable, tout simplement. Et puis on tourne beaucoup en banlieue. Après 17 ans de tournées, on est devenu potes avec pas mal de salles, comme l'Empreinte à Savigny, ou le Forum à Vauréal, chez qui on va jouer régulièrement.

17 ans, et toujours pas de lassitude?

Non, pas du tout! Pas pour moi en tous cas, il faudrait demander à mes collègues! Bien au contraire. C'est un subtil mélange de plein de trucs, quand le projet marche, quand on est toujours créatif... On commence à travailer sur le neuvième album, et a priori on a encore des idées, donc on n'a pas envie de s'arrêter. Cest une super histoire, musicale et d'amitié, et il n'y pas de raison pour que ça s'arrête.

Fatals Picards, Rock, Punk, Chanson, Humour, Interview

Crédit Photo : Rodolphe Goupil

Tu es l'historique du groupe...

Oui, j'ai fait le premier concert, au Kérozène Café, rue de la Roquette à Bastille. Le premier chanteur m'avait filé la première démo, qui s'appelait Léon Zitrone, et qui s'est appelé finalement Navet Maria. J'avais déjà écrit un peu sur Navet Maria. Beaucoup plus sur Droit de Veto.

Depuis la Tchiotchiotte, Goldorak est Mort, et tous ces chansons "rigolotes", vous avez évolué et êtes devenu un groupe à guitares.

L'ADN du groupe, le décalage, l'humour, le second degré, c'est toujours resté. Mais ce que tu dis est vrai. Quand Yvon, le premier chanteur est parti, on a voulu rendre le truc plus rock. On venait tous du rock. on avait des influences textuelles communes, Desproges, Coluche, les Nuls, Monty Python, des trucs comme ça. Et musicalement, on avait envie d'enrober ces chansons avec plus de guitares. Et plus le temps passe, plus on essaye de trouver cet équilibre, entre chanson française et côté rock. Quand on écrit une chanson, on se fiche du style, on veut que ça marche. Et si pour que ça marche on doit aller vers le Punk-Rock, ou au contraire vers un truc plus chanson française, nous ça nous va. Si la chanson fonctionne, selon nos critères bien sûr, c'est bien. Après c'est vrai que, avec les années, on pense de plus en plus à la scène quand on écrit les morceaux. On se pose la question, au-delà du côté rigolo de la chanson, ou pas, est-ce que ça va etre un bon morceau de scène. Parce que c'est sur scène surtout que les morceaux existent.

En parlant de scène, le dernier album porte deux morceaux assez étonnants...

Oui, c'est vrai. Tu penses à "J'aime, J'aime J'aime" je pense (rires). C'est vrai que c'est un morceau un peu particulier. Dans les Fatals, quand on amène un morceau, que ce soit Paul, Jean-Marc ou moi, on ne le rejette pas, on essaye de voir ce qu'on peut en faire. Et si le morceau n'est pas dans l'esprit de l'album, si il a une couleur, ça nous va. C'est le cas pour "J'aime j'aime j'aime", ça nous faisait un petit interlude un peu africain, avec des sonorités un peu tropicales... C'est Paul qui a défendu le morceau. Si Paul est content, alors on le met sur l'album. Chacun a le droit de défendre son morceau, on n'est pas bloqué dans le groupe. "Club Libertin" aussi. Yves, comme beaucoup de musiciens, bidouille des samples, des machines. Et Jean-Marc est arrivé avec sa voix Miss Love un peu ambigüe. Et puis encore une fois, ça nous a fait rire, et si ça nous fait rire, on peut le mettre sur l'album. On savait qu'on n'allait pas le défendre sur scène, il n'est pas calibré pour, mais ça nous fait plaisir de les mettre.

Vous travaillez comment?

On ne fait des répétitions régulières que lorsqu'il y a des invités. On répète très peu. On travaille chacun dans notre coin. On passe énormément de temps sur la route, on fait environ une centaine de dates par an, ça laisse le temps de discuter, de faire des maquettes quand on a une idée. On a toujours un peu de matériel pour ça, au cas où. Et puis on se voit aussi pour des séances d'écritures, je vois Paul, Yves voit Paul, des fois tous les trois, ou Jean-Marc, ça dépend. Il n'y a pas spécialement de règle, les morceaux se construisent comme ça. L'album s'est fait comme ça, chaque morceau a son histoire. On se connaît bien, on sait comment travailler, en fonction du morceau.

Fatals Picards, Rock, Punk, Chanson, Humour, Interview
Crédit Photo : Rodolphe Goupil

Tu viens de parler du neuvième album. Dis-nous en plus !

On voulait le sortir fin 2018, mais ce sera plutôt début 2019, tout simplement parce que Noël n'est pas tellement propice à la sortie d'un album. On commence à parler écriture, si tout se passe bien on enregistrera entre juin et octobre. On a déjà des thèmes d'écriture, des chansons un peu abouties, pour d'autres on n'a que l'idée de base... Il faut qu'on se programme des séances d'écriture, et puis ça va se faire!

Tu peux nous en dire quelques mots? De quoi ça va parler?

Alors déjà ce sera du Fatals Picards, parce que l'humour, le décalage, c'est notre ADN. Après j'aime bien le challenge, pour chaque album, de parler de choses que l'on n'a pas évoquées avant. Et puis on aime parler de sujets dont les gens ne parlent pas beaucoup. Je viens de faire une chanson très triste sur le suicide dans le monde agricole, ce sera peut-être la chanson triste de l'album. On voulait parler aussi de la Corée du Nord, et de Donald Trump, on va peut-être en faire une chanson d'amour... Ou l'histoire d'un mec qui va dans un salon de coiffure, tenu par une ex-star du X, qui est redevenue totalement à la vie normale... Pour l'instant c'est très flou, mais bon, ça te donne une idée! Sans doute des chansons plus engagées aussi...

En parlant de chanson engagée, peux-tu nous faire l'explication de texte du "Reich des Licornes"?

Souvent quand tu écris une chanson, tu n'as pas l'impression d'écrire autre chose qui signifie le simple délire. C'est le cas avec "Le magnet du Jura", et "le Reich des Licornes". Au départ, ce qui me faisait marrer, c'est mélanger "reich" et "licorne", et trouver des trucs délirants autour de cet animal que certains trouvent imaginaires, et que moi j'imagine réel. Et pour moi, le "Reich des Licornes", c'est l'injonction au bonheur. Il faut absolument être heureux. C'est une bonne chose d'être heureux, je trouve ça cool. Mais les modalités de ce bonheur, parce qu'on a de l'argent sur son compte, parce qu'on a telle maison, parce qu'on a lu tel bouquin.... C'est très subjectif, et le "Reich des Licornes", ça raconte aussi ça. Rien à voir avec le Troisième Reich. J'aime bien quand tout n'est pas dit, quand on ne comprend pas tout dans un texte..

Sortons des Fatals, revenons vers toi. Tu es chez toi, dans ton canapé. Tu écoutes quoi?

Je n'écoute pas les Fatals, déjà! J'écoute quand on en joue, quand on fait les mix des albums, ça me suffit! Sinon on écoute chacun notre trc. Jean-Marc écoute beaucoup de variété française, Yves c'est plus Rock, Métal, Paul c'est plus varié... Moi ça dépend. J'ai eu une période où j'ai lu une super biographie d'Elvis Presley. Du coup j'ai écouté des trucs en rapport avec ça, des trucs d'Elvis, des trucs plus vieux encore, de vieux bluesmen, Robert Johnson, Charley Patton, des trucs comme ça. En ce moment, j'écoute aussi de la variété, du classique sur la route, du jazz quand il y a un bon whisky...

On a entendu parler d'un best-of... Rumeur ou réalité?

On avait ce projet, oui c'est vrai. Mais la condition pour le sortitr c'est d'avoir deux inédits dedans. Mais des vrais inédits, pas des vieux trucs sortis d'un tiroir, histoire de faire vendre. Et comme on n'a pas été en mesure de sortir ces 2 inédits, du coup on ne sort pas le best-of. Mais on se demande si on ne va pas faire un live. Le dernier date d'il y a 3 ans, et on s'est rendu compte que la plupart des morceaux qu'on joue aujourd'hui n'y sont pas. Du coup, ça nous dirait bien de faire une captation début 2018. Ce serait peut-être une contrepartie intéressante, ce live, si on fait un crowdfunding pour l'album. Bonne idée!

Les Fatals Picards sont sur Internet, sur Facebook, et en tournée partout en France.
A l'Elysée Montpartre le 8/12/2018.

 

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