Emmanuel De Arriba, auteur chez No One Is Innocent

Emmanuel De Arriba est l'auteur qui accompagne Kemar sur les albums de No One Is Innocent depuis une quinzaine d'années et bien plus encore dans la vie. Rares sont les fois où l'on s'intéresse aux hommes de l'ombre, il était temps d'y remédier pour la sortie de l'album Frankenstein (le 30 mars chez Verycords), un album qui tape fort ! En plus, on a aussi eu Kemar en interview (lire ici). Portrait d'une plume pas si innoncente...

1/ Salut Emmanuel, tu as commencé à écrire des textes avec Kemar pour No One Is Innocent sur Révolution.com, comment est née cette collaboration ?

En fait nous nous connaissons depuis la seconde au lycée Condorcet, le jour de la rentrée on était les seuls métalleux de la classe, lui portait un sweat de Motörhead et moi un t-shirt de Mötley Crüe, forcément ça créé des liens.

Ensuite, d’amis on est devenu « collègue » à partir de l’album solo de Kemar en 2001, sur lequel j’ai participé à l’écriture de 3 chansons. En 2002 Kemar décide de remonter No One et de donner un nouveau souffle à ses textes en s’écartant de l’anglais, plus de la moitié des titres sur les deux premiers opus, et de privilégier le français.

Parallèlement je donnais ma démission dans la pub en 2001, ensuite c’est classique : rencontre, rapprochement et envie de bosser ensemble. On a tenté et ça a fonctionné tout de suite. Je pense que le fait de se connaître à faciliter l’entente créative.
Par expérience amicale, je sais les phrases, les mots, les idées qui vont faire résonnance chez Kemar, et c’est un gain de temps appréciable.

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Au centre : Manu De Arriba, avec des coupables et pourquoi pas !?

2/ Plus tôt dans ta carrière tu es passé par le café-théâtre, tu écris aussi des dialogues pour des animateurs télé, et des oeuvres de fiction, comme les séries Soda ou Nos chers voisins diffusées à la télé, peux-tu nous éclairer sur ta carrière d'auteur ?

J’ai donné ma démission dans la pub pour monter sur scène. J’ai joué environ pendant 6 mois en scène ouverte (un sketch par passage). Ca m’a permis de me rendre compte que je n’aimais pas être mis en avant, à la manière des cafards je fuis la lumière. En plus, une semaine de flippe et de turista avant de monter sur scène a fini de me convaincre qu’il fallait que je reste dans l’ombre, sans regrets ni remords.
Mais j’aimais toujours écrire des histoires, j’ai postulé pour écrire des programmes courts, ma première expérience a été de participer au pilote de Scènes de ménages et à écrire une centaine de sketchs en 4 saisons. Ensuite l’engrenage, les 3 saisons de Soda (pour moi la meilleure série humoristique dans le PAF), puis Nos chers voisins, qui reconnaissons-le est misérable en production, en jeu, en lumière en montage, bref du TF1 quoi ! Aujourd’hui je me tourne vers l’écriture de séries de 26 mn, et de longs métrages.

3/ Comment se déroule vos séances de travail avec Kemar ? Te soumet-il des idées de thèmes ou écrivez-vous à 4 mains mêlées ?

C’est toujours la même démarche, le groupe travaille une instru, Kemar colle un flow en yaourt anglais, avec parfois des clés en français.
Quand on se met à réfléchir sur un texte de chanson, la structure du morceau, l’ambiance et le flow sont déjà posés, reste plus qu’à se mettre d’accord sur un thème.
Les thèmes sont le plus souvent discutés et trouvés ensemble, mais en amont Kemar a aussi des thèmes qu’il veut absolument traités. Parfois c’est moi qui amène l’idée, la seule règle c’est qu’il faut que ça colle à l’ADN du groupe.

La phase d’écriture s’articule généralement en 4 étapes :

- Le brainstorming pour déterminer le champ lexical, les mots clés à utiliser et la structure des couplets.
- Je récolte le matériel. Je mets en forme une V1 avec plus de couplets que nécessaire.
- Kemar fait une V2 en retenant le plus percutant, en adaptant le vocabulaire qui colle le mieux à son flow et en ajoutant ses propres couplets.
- Dernière phase de fignolage. Kemar à la guitare joue le titre et à l’écoute on change et modifie quelques mots pour que ça passe le test de l’oreille.

4/ Comment ont évolué vos relations d'écriture avec Kemar depuis toutes ces années ?

Au début de notre collaboration, j’intervenais le plus souvent en bout de chaîne, en tant que regard extérieur et retravaillais sur le texte quasi def' de Kemar. Avec le temps je suis intervenu plus en amont des chansons. A partir de Gazoline, Kemar m’a fait partager le travail sur les thèmes, l’écoute des maquettes et parfois sur les structures des morceaux.

5/ Tu as écrit 7 morceaux sur Frankenstein, quelle a été l'idée de base à développer sur cet album bien sombre ?

En fait 6, le 7ème est resté sous le coude, peut-être pour un inédit à venir. L’album est sombre, certes mais il est le reflet du monde dans lequel nous vivons je pense. J’aime bien me dire que No One Is Innocent est un groupe en prise avec la réalité, No One n’a jamais vendu du rêve. L’inconvénient est que certains textes deviennent un peu dépassé avec le temps mais ils restent un témoignage d’actualité de l’époque de sa création.
C’est vrai l’album Frankenstein est plus sombre que Propaganda, d’où la volonté d’avoir du rose fluo flashy dans ta face sur la pochette.

6/ Quels sont les titres que tu as écrits pour No One dont tu es le plus fier personnellement, et aussi pour ce qu'ils représentent ?

- "Djihad Propaganda" : Sujet délicat et casse gueule, ne pas être manichéen, ne pas être simpliste, sans me vanter je pense qu’on a évité les écueils de la démagogie facile. Et à l’écoute, les mots sonnent tellement bien dans la bouche de Kemar et se fondent à l’urgence et la tension de la musique, pour moi une vraie réussite, un masterpiece du groupe.

- "L’amour de la haine" : le biopic musical de Nicolas Sarkozy, avec les évènements d’aujourd’hui, il mériterait une nouvelle chanson pour l’ensemble de son œuvre, mais pour ça on doit attendre le jugement de toutes ses affaires… on risque de mourir avant.

- "Ali (king of the ring)" : Je sais Kemar fan du boxeur et de l’homme de conviction, je lui ai soufflé l’idée de faire une chanson sur Mohamed Ali. La seule contrainte qu’on s’est donné : ne pas faire un biopic sur le boxeur génial mais mettre en avant l’homme de combat autant pour les droits civiques que contre la guerre du Viet-Nam. Cerise sur le cake, l’utilisation du vocabulaire de la boxe pour décrire l’action de Mr Ali, hors du ring.

7/ Et ton album favori de No One, c'est lequel et pour quelles raisons ?

Sans hésiter le premier album, une claque d’énergie, de fraîcheur avec le riff imparable de «la peau» ! On l’a beaucoup comparé à du Rage Against The Machine français mais personnellement je le trouve plus riche musicalement qu’un herzat de RATM. Kemar n’a jamais imiter le flow de Zack de la Rocha, sauf pour les covers bien sûr.

8/ Quand un album de No One sort, ressens-tu l'excitation aussi ou en tant qu'homme de l'ombre savoures-tu en retrait ? Tu les suis sur des dates ?

Oui bien sûr, d’autant plus qu’aujourd’hui mon travail avec Kemar dépasse le seul cadre des textes. Kemar m’a décerné le titre honorifique de « gardien du temple » c’est une connerie entre nous mais concrètement, Kemar aime avoir mon avis sur les couv’, les clips et le travail d’image du groupe en général. En tant qu’ancien créatif de pub et auteur, je suis intervenu sur les clips comme « Révolution.com », « Ou étions nous ? » (le concept du clip vient de ma collection perso de photomatons d’anonymes) et comme concepteur sur le clip de « Drugs », « La peur » et « Charlie ».

9/ Kemar nous disait avoir Black Sabbath en réf' ultime pour No One, qu'en est-il pour toi ?

Moi je suis tombé dans le Metal ou Hard-Rock comme on disait au dans les 80’s, avec AC/DC « let there be rock », une bombe d’énergie pure, de feeling et cette voix, my god… la classe absolue. J’ajoute évidemment les monstres que sont Black Sab', Metallica, Rage Against The Machine… sans oublier mon groupe fétiche d’ado : Mötley fucking Crüe

10/ Qu'écoutes-tu en général ? Qu'est-ce qu'il y dans ta playlist ultime, et celle du quotidien ?

J’écoute peu de musique au quotidien car je n’arrive pas à écrire ou réfléchir en écoutant du Black Metal, très dur pour la concentration. J’ai besoin de silence pour travailler, avec un France info en sourdine pour ne pas me sentir trop seul non plus.
En revanche j’écoute que du Metal quand je fais mon jogging 1 heure 2 fois par semaine.
Ma playlist est très hétéroclite ça va de Airbourne à Slipknot en passant par ZZ Top ou Bathory.

11/ Quels sont les derniers albums rock et metal qui t'ont marqués ?

Kvelertak 1er et dernier album, Marilyn Manson The Pale Emperor, le dernier Judas Priest est presque à la hauteur d’un painkiller… et mon coup de cœur du moment Turbonegro R’n’Roll Machine un bijou d’efficacité.

12/ Pour quels autres groupes aimerais-tu écrire et pourquoi ?

Aucune idée, perso je travaille avec No One parce que c’est un groupe à part qui aborde des sujets largement abandonnés par le reste de la production musicale français, à part quelques groupes comme les Tagada Jones ou Mass Hystéria ! J’aime beaucoup la plume de Reno de Lofofora, mais il n’a pas besoin de mes services pour écrire très bien.
Pour finir ça m’éclate d’écrire sur des sujets d’actualité soutenu par des guitares vrombissantes… le pied, mais il ne faut pas oublier que j’ai un autre métier qui me prend beaucoup de temps à côté.

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