Interview de Manu (ex-Dolly) pour « Entre Deux Eaux (vol.1) »

Elle a un timbre de voix qui se mange, une sucrerie collée au palais, quelque chose d'onctueux dans la diction et, quand on discute avec elle, là comme ça, en vrai, c'est encore plus parfumé. Rien que pour ça, nous sommes heureux d'avoir rencontré Emmanuelle Monet, alias Manu ou encore Dolly, il y a quelques années. Elle ne veut toujours pas rester sage mais elle y travaille, parfois... Son Patrick était là lors de l'interview et intervient avec une gentillesse et une bienveillance caractérisée. Ils nous parlent de leur tout nouvel album, loin des grincements électriques qu'on leur connait, avec de la harpe et du violoncelle. 

Bonjour Manu, on va parler de ton nouvel album qui sort le 27 avril mais si tu veux bien, pour ceux qui peut-être ne te connaitraient pas encore, commençons par un retour sur ton parcours.

Manu : Alors oui, j’ai commencé dans les années 80 avec mon premier groupe qui s’appelait DollyBird, c’était ma première tentative de compositrice-chanteuse… Après il y a eu début 90 Dolly and co’, essentiellement en anglais.

Et puis, en 95 Dolly, toujours avec la guitare mais j’ai commencé à chanter en français, au départ avec l’aide de personnes comme Jean Fauque ou David Salsedo qui a écrit « Je ne veux pas rester sage » qui est le gold de Dolly… Et puis s’en sont suivis quatre albums, des collaborations diverses assez prestigieuses comme celle des Stéréophonics (Kelly Jones)…

Et alors qu’on allait fêter nos dix ans, Mika notre bassiste est décédé dans un accident de voiture et le groupe s’est arrêté. On fait partie de la génération où cette famille de groupe considérait que quand un membre n’était plus là, le groupe n’existait plus… J’ai passé deux années un peu troubles, surtout la première où j’écrivais beaucoup en mode exutoire, où je parlais à Mika, à des gens, pour me faire du bien et puis je me suis retrouvée avec les trois quarts d’un album alors Nico Bonnière, le guitariste du groupe, m’a incitée fortement à partager ces chansons, moi je n’avais pas forcément envie de partager ça mais l’envie de reprendre la route et puis finalement de faire au moins un album hommage est devenue très forte, alors je l’ai fait. Je ne me suis plus jamais arrêtée depuis. J’ai monté mon label avec Patrick pour sortir exclusivement cet objet-là qui était le premier album Rendez-Vous parce que je ne voulais pas rester chez Warner, ils ne l’auraient pas défendu et puis je ne voulais pas que ce soit mis entre les mains de gens qui ne comprenaient pas forcément la démarche. J’avais envie de rester indépendante sur cet album-là.

Et puis du coup, on en est au quatrième album électrique qui va sortir à la fin de l’année, mais en fait le quatrième album qui n’était pas prévu, qui arrive avant c’est Entre Deux Eaux (volume 1). Il sort avant parce que l’électrique prend plus de temps que prévu, enfin, on lui donne plus de temps... Et puis j’ai Patrick Matt Giordano avec moi, sur scène, il m’inspire beaucoup, il a plein de belles idées d’arrangements et de compos, j’ai toujours mon batteur Nirox et puis le nouveau venu à la basse qui est aussi multi-instrumentiste, Vince Dudignac, c’est une belle rencontre faite par le biais de Nirox, il est génial artistiquement et humainement. L’été dernier on a bossé sur plusieurs titres ensemble en mode « country lab », c’est pour ça que je décale la sortie de l’album électrique, pour profiter de leurs précieuses collaborations et je me suis dit qu’il y avait un objet qu’on pourrait faire rapidement et ça c’était une envie qu’on avait avec Christophe Saunière le harpiste et Damien Jarry le violoncelliste de graver les quelques concerts qu’on avait faits au départ par pur plaisir de jouer ensemble et de redécouvrir les chansons de mon répertoire avec leurs instruments, avec la participation de Patrick aussi avec la guitare LesPaul électrique et je me suis dit que ça irait vite parce que quand on fait des concerts, on répète une ou deux fois et c’est bon, donc j’ai eu envie d’aller graver ça en studio et le challenge c’était de le faire en trois jours.

Manu, Emmanuelle Monet, Patrick Giordano, Entre Deux Eaux, album acoustique

Balèze ! Vous avez dormi un peu ?

Et ben en plus oui ! On a bien dormi, c’était des séances très cool genre 11h00-20h00 max.

Patrick : Oui c’était vraiment à la façon d’enregistrer des années 50 quoi, façon Beatles

Manu : En fait l’idée c’était d’enregistrer tous ensemble dans la même pièce comme s’il y avait du public. On faisait les morceaux en général trois fois et on choisissait la meilleure prise, celle que tout le monde préférait. Donc il y a des petites imperfections, des pistes où on entend des bruits de chaises… Mais moi j’aimais bien ça parce que, comme vient de le dire Patrick, dans cet esprit des premiers enregistrements d’albums dans les années 50-60 et puis aussi parce qu’au casque, j’avais vraiment envie que les gens aient l’impression qu’on est en train de jouer dans leur salon. Il y a ces imperfections mais aussi beaucoup de magie, d’artistique, on n’a pas fait deux prises pareilles. Christophe par exemple, à la harpe, il décore, va appuyer chaque mot, chaque sourire, il ne fait jamais la même chose. Damien a des parties un peu plus écrites mais dans sa tête... Il n’a rien pour lire donc il y a un peu d’improvisation aussi...

Oui, ça se sent, cette spontanéité, cette fraîcheur même…

Ah c’est cool, tant mieux si ça se ressent. Et puisque tu es une des premières avec qui on en parle, on te demandera tes morceaux préférés d'ailleurs…

Ah ben le premier « Goodbye » m’a pas mal bouleversée d’entrée de jeu ! Et je l’ai souvent en tête depuis…

Ah super ! Tu ne connaissais pas forcément la version originale en plus ?

Non justement, je vous découvre à l’envers un peu. En fait je vous ai vus pour la première fois en live à Strasbourg sur une date partagée avec Dionysos il y a genre un an, un an et demi…

Patrick : ah ben justement c’était la version acoustique !

Et voilà ! J’ai trouvé ça très beau en concert. Quand j’ai appris la semaine dernière que vous sortiez un nouvel album, j’ai eu envie de l’écouter et puis de remonter le fil…

Manu : Pas trop culotté à Strasbourg de commencer par un a capella ? J’aime bien les prises de risques mais bon…

Ah non justement, ça intrigue tout de suite !

Moi ça m’a plu et puis justement tu vois tu disais que tu ne connaissais pas l’original avant d’entendre cette version et c’est aussi le but de ces albums acoustiques en plusieurs volumes. J’avais envie, par ce biais, de faire découvrir l’étendue de mon répertoire.

Le concept sera toujours le même, j’espère m’y tenir, d’intégrer à chaque fois deux morceaux de chaque album solo, deux morceaux de Dolly, une reprise d’un autre groupe (difficile à choisir ça, ça peut être à l’infini, peut-être qu’on va finir par sortir un album que de covers aussi), un inédit (là c’est « Entre Deux Eaux » qui donne son titre à l’album, dont il y aura une version différente sur l’électrique. Là on a Vince à la sitar, aux grelots et aux chœurs. J’avais envie qu’il fasse partie aussi de cette aventure, même si ce n’était que pour un morceau) et puis aussi un duo avec les gens que j’aime bien (là c’est un duo avec Noël Mattei qui va sortir son album le même jour que nous, avec ce duo mais dans une version différente au niveau des arrangements, au même emplacement, piste 5, mais c’est un duo inversé, on a échangé nos parties).
Pour ce premier volume on trouve deux morceaux de Rendez-vous, deux de La Dernière Etoile dont un qui est un peu un inédit bonus parce qu’il n’était sorti que sur un EP précédant la sortie de l’album...

Patrick : en version numérique !

Manu : en version numérique en plus oui… Deux morceaux de La Vérité aussi, un morceau de l’EP japonais et la cover est de Taxi Girl sur cet album.

Manu, Emmanuelle Monet, Patrick Giordano, Entre Deux Eaux, album acoustique

Tu vis actuellement à Paris. C’est une obligation pour ce métier ?

Non, moi je ne vis à Paris que depuis dix ans…

Patrick : ça dépend, quand tu es niçois comme moi, ça fait loin pour venir à Paris régulièrement. Manu est de Nantes, c’est déjà plus proche donc les allers-retours se font bien.

Manu : C’est vrai. Patrick me raconte souvent. Vous, vous êtes obligés de monter à Paris pour qu’il se passe quelque chose. Moi à l’époque quand j’ai commencé c’était Rennes qui était mis à l’honneur, maintenant on est vengés par « Rock au château » à Nantes, à l’époque ce n’était pas une ville très épanouissante mais on pouvait, la preuve, tourner à l’année dans les cafés-concerts, entre les pays de Loire et la Bretagne, il y avait matière à tourner toute l’année. On venait sur Paris faire quelques concerts mais comme on voulait rester dans notre éthique de ne pas payer pour jouer… monter à Paris ça voulait dire se loger, se nourrir, prendre le camion… alors que partout ailleurs on nous défrayait pour venir. À Paris les lieux qui faisaient ça se réduisaient comme peau de chagrin, on a dû faire La Locomotive, deux fois je crois, et ça se résume à ça avec Dolly.

Même le producteur qui a signé Dolly s’est déplacé à Nantes et c’est sur place qu’il nous a proposé de signer. Notre tourneur-manager était à Nantes aussi donc avec Dolly on y est toujours resté. Après on est partis en Vendée, pour faire le studio dans une collectivité. Moi je suis montée réellement à Paris en 2007, en solo, quand j’ai monté le label, aussi parce que mes musiciens étaient sur Paris, Vince/Nirox/Patrick, c’est ma nouvelle base. Il faut en avoir une bonne de base, sinon le maquillage se barre !

Ah ah, et en parlant de se barrer, ton nouvel album il commence par un " au revoir " et se termine par un « Je suis déjà partie »…

Oui ! C’est inconscient, au départ, et puis je m’y retrouve… On a fait un premier jet de test order tous les deux. Pour les enchaînements on a pas mal suivi ceux qu’on faisait en live et on a bouclé par deux titres qui se faisaient sens. J’avais vraiment envie que ce soit un voyage. Tous les volumes de Entre Deux Eaux seront des voyages, aériens et intemporels comme tu as dit (regardant Patrick), des « envolées célestes » comme a dit David Fargier, emmener les gens, j’espère qu’on a réussi le challenge…

Oui ! Peut-être même de l’autre côté… Me trompé-je ou on sent des fantômes gesticuler sur cet album ? Dans les harmoniques… Dans les silences…

Oui. Je suis très sensible aux ondes. Ca peut même être handicapant. Quand je rentre dans une pièce ou dans un lieu, je peux me sentir très bien (c’est comme ça que je choisis où je vais vivre, où je vais enregistrer aussi), ou pas bien du tout… Les gens c’est pareil. Il y a des gens qui dégagent des ondes très fortes. Par exemple des gens très speed qui ne le montrent pas mais moi je le ressens tout de suite. Comme une électricité qui arrive dans la pièce. Ce qui fait que, quand on a enregistré moi j’étais sur un nuage de plaisir. Quand on faisait les pauses déjeuners et que les garçons commençaient à parler de partir au ski etc, moi ça m’énervait, j’étais dans ma bulle et dans cette bulle-là, forcément qu’il y a des fantômes, encore plus avec la version harpe/violoncelle, les mots prennent encore plus de place, ma voix qui porte ces mots est encore plus en avant… Je ne raconte pas trop ça parce qu’on me prend pour une folle mais puisque tu m’as l’air intéressée par le sujet, quand j’ai composé le premier morceau de Rendez-Vous, j’avais vraiment l’impression d’avoir Mika en train de superviser ce que j’étais en train de faire, pire que ça, j’avais le crayon à la main mais ce n’était pas moi qui écrivais, c’était super étrange. Ca m’a beaucoup troublée à l’époque. Pareil avec « Goodbye » puisque c’est à lui que je m’adresse. « Je suis déjà partie » j’entends la voix de Daniel Darc quand je chante donc forcément il est très présent… Après il y a sûrement d’autres fantômes dans d’autres chansons oui… Il y a des gens bien vivants aussi 😉 Avec qui on travaille, on collabore…

Tiens justement, quels sont les groupes de musique avec lesquels vous entretenez des liens durables ?

Il y a plein de groupes avec qui on ne se quitte jamais vraiment. Dionysos dont tu parlais tout à l’heure, Mass Hystéria, DaYTona… Ce sont souvent des musiciens qu’on a rencontrés à l’époque de Dolly, parfois la situation s’inverse : ce sont des groupes qu’on avait envie de faire découvrir en première partie de Dolly et qui nous renvoient l’ascenseur. Par exemple, le premier concert en tant que Manu, c’était en novembre 2006 sur l’invitation de Mathias (Dionysos). On se suit, on se donne des nouvelles… Il y a une fidélité. Après il y a aussi tous ceux qui je revois quand je reviens à Nantes. Ce n’est pas forcément une petite famille mais plutôt des amitiés.

Patrick : Et il y a les niçois aussi !! Parce que du coup maintenant elle les connait, il y a Hubert #06, les Dum Dum Boys qui sont mes potes depuis très longtemps, en plus je suis absolument fan de leur musique...

Manu : Patrick faisait partie d’un groupe qui s’appelait Les Moko et puis Les Bandits à Nice… Ils ont rejoué au Volume il y a trois ans…

Patrick : peut-être qu’on repassera… dans cinq ans... (rire)

Manu : Et c’est vrai qu’on nous a souvent demandé notre manière de fonctionner avec Dolly parce que ce n’était pas si fréquent à l’époque, notamment Mathias m’avait dit « on va faire comme vous, il faut qu’on s’entoure aussi de techniciens », au niveau du management, du tour, il faut que ça fasse une famille, essayer de garder toujours les mêmes personnes. En tournée on nous comparait souvent à une colonie de vacances ! On était douze sur la route.

Patrick : Et tout le monde était payé pareil ! Il y a beaucoup de groupes dont les musiciens se prennent les gros cachets et il ne reste plus grand-chose pour les techniciens derrière…

Manu : Le régisseur était même payé plus cher puisqu’il a un travail en amont à faire, tout ça est logique mais pas très courant…

Qu’est-ce qui nourrit votre musique en dehors de la musique justement ?

On a fait un EP japonais en hommage à la culture nippone. Moi j’aime beaucoup les jeux vidéos donc inconsciemment, j’étais déjà fan de certains japonais sans savoir qu’ils l’étaient, par exemple le jeu Zelda. Les dessins, les illustrations, les mangas, les films…

Patrick : On a vraiment eu le choc « Nana », qui est un manga japonais, en plus qui parle de musique. Donc il y a un peu de « Nana » aussi dans cet EP.

Manu : Il y a du Miyazaki aussi. Je suis très bon public, en tout cas pour ce qui est cinéma. Peinture, ça va me faire comme les ondes. Ça va me parler ou pas. J’aime le trait dans le dessin plus que la peinture. Mais paradoxalement j’adore peindre. Je suis nulle mais j’aime peindre. Tiens ben il n’y a que Mathias qui ait une toile de moi. Je peignais beaucoup quand il venait me voir en Vendée et j’avais fait un petit personnage, noir et rouge je crois, il était encore sur le chevalet parce que je venais de le finir et il me fait « oh j’adore » et tout, alors je lui ai dit « ben prends-le ». Il n’y a que lui et Nicolas Sirkis aussi à qui j’avais fait une peinture pour rigoler, parce qu’il m’avait invitée sur un festival, je lui avais fait un gros X doré sur un fond rouge super pétant. Mais sinon, je suis nulle. J’aime tellement ça que je m’en fous d’être nulle mais par contre je ne vais pas offenser les gens avec ça…

Patrick : Tu gardes pour toi ouais ! C’est comme moi, je dessine pour le plaisir mais…

Manu : Ah si toi, tu dessines très bien !

Ah je veux voir !!!

Patrick : Ah non non non non non, je ne dessine pas du tout bien !

Manu : C’est comme les gens qui ne veulent jamais chanter parce qu’ils pensent qu’ils ne chantent pas bien !

Patrick : Ben il y a plein de chanteurs qui ne chantent pas bien et qu’on adore aussi !

Manu : C’est l’interprétation, c’est l’émotion que ça amène…

Patrick : L'univers aussi, le monde, ce qu’il a dans la tête le gars…

Manu : Moi quand j’ai commencé, je voulais être la première chanteuse derrière la batterie. Je ne suis pas trop pour la mise en avant, la mise en scène même, au grand désarroi de Patrick qui aimerait beaucoup qu’il y ait des costumes très glam’, moi je fais attention à ma tenue et mes cheveux mais je ne veux pas jouer un personnage, je suis comme je suis donc je reste telle quelle sur scène. En revanche pour en revenir aux influences, je suis donc fascinée par le trait et chaque album est propice à mettre en avant un artiste au niveau des illustrations. Il y a eu Lost Fish sur Rendez-Vous, Nico Hitori sur Tenki Ame et La Vérité, là c’est Faustine Ferrer, elle était venue m’offrir un dessin sur un concert…

Patrick : On avait beaucoup aimé ! Et puis elle fait des petits films aussi, c’est une artiste complète, on aime bien tout son travail.

Manu : Elle nous a fait le clip du « Paradis » et elle va illustrer les quatre volumes de Entre Deux Eaux.

Si tu ne devais choisir qu’un seul mot pour définir ce premier volume, quel serait-il ?

J’aimerais bien que les gens comprennent que ce n’est pas un truc pour faire patienter l’autre album, ce n’est pas une compil’, c’est vraiment quelque chose d’artistiquement riche et différent… J’ai bien aimé David Fargier qui a utilisé le terme « envolées célestes », alors il y a deux mots, il faut choisir…

Patrick : Céleste !

Si tu veux bien on termine par un petit jeu dans le même esprit mais cette fois, on inverse… Je te dis un seul mot (en rapport avec ton univers) et tu me dis ce qu’il t’évoque spontanément, en réfléchissant le moins possible…

Manu : J’aime bien les petits jeux ! Ok !

Souffle ? 

Plein air

Noir ? 

Vêtements

Lien ? 

Partage

Liberté ? 

C’est l’objectif. Et c’est dur. On la paye cher mais on y arrive quand-même.

Patrick : Je pense que sur La Vérité, Manu commençait déjà à être assez libre, je l’ai poussée aussi là-dessus, à faire des morceaux entièrement seule. Elle a fait ce qu’elle a voulu. Des fois les choix étaient spéciaux, ne rentraient pas forcément dans un moule mais il n’y a plus de barrière.

Manu : C’est un peu le moteur ce mot-là depuis que je suis en solo. C’est difficile de monter un label mais c’était le but, être libre. Cette liberté amène du confort mais beaucoup de doutes aussi. Et puis avec ce que la musique est devenue, c’est encore plus précieux d’entretenir cette liberté-là, la préserver. Ça commence par une honnêteté envers soi-même et puis avec les gens.

Patrick : Et puis c’est vrai que comme on prend souvent les décisions à deux, lorsqu’on n’est pas d’accord c’est simple, si c’est une création de Manu, c’est elle qui a le dernier mot, si c’est de moi, c’est moi et puis il n’y a pas d’égo, on s’en fout ! L’important c’est de faire ce qu’on a envie et d’être libres. Ou par exemple, lorsqu’il y a plus de gens, c’est arrivé une fois qu’on ne soit pas d’accord avec le graphiste, on a voté, pourtant il n’est même pas dans le groupe à proprement parler mais c’était normal de tous voter ensemble.

Manu : La musique ne se vendant plus, ça ne doit être que du plaisir ! (rire) Surtout pour les artistes comme moi qui ne peuvent pas se rattacher à plusieurs projets d’autres artistes et qui font leur propre truc.

Patrick : Oui, Manu comme moi, on joue notre musique. On ne sait pas tellement faire des reprises. Donc aller jouer dans les bars pour en faire, ce n’est pas notre truc.

Manu : Il y a beaucoup de musiciens qui font leur musique mais qui vivent mieux de ce qu’ils proposent en bar que de leur création. Tout ce qui est lié à la musique il faut que ça reste pur. Si c’est pour aller chercher de l’argent, moi c’n’est pas ça. Je comprends qu’on soit obligé de le faire, je ne critique pas bien sûr, mais j’essaye de ne pas rentrer dans ce système-là parce que c’est difficile ensuite d’en sortir.

Patrick : Le problème c’est que la musique est à l’image du monde extérieur. On est passé à un monde marketing où c’est l’argent qui gagne. C’est pareil partout. Le marché de la musique est juste le reflet de la société. Et les gens…

Manu : Ben s’ils ne font pas preuve de curiosité…

Patrick : Les gros médias se sont rendus compte que moins ils passaient de titres, plus les gens écoutaient ! C’est absolument horrible. Mais ce sont des médias commerciaux qui ne sont là que pour faire de l’argent.

Manu : Ça a changé parce qu’à l’époque de Dolly, par exemple FUN et NRJ avaient une programmation plus large, ils prenaient des risques !

Patrick : C’est normal ! C’était le début des radios libres encore… Mais elles sont devenues de plus en plus commerciales pour gagner de mieux en mieux et pour écraser les nouvelles qui arrivaient.

Manu : Comme on est en train de toucher le fond, on peut encore rebondir (rire) Je parle de la France parce qu’en Angleterre par exemple, ils ne se tapent pas la même daube que nous !

Patrick : On n’est pas un pays trop de musique alors quand tout baisse, ici c’est pire oui…

Manu : Pourtant tu prends tous les gens du monde entier, la musique c’est comme l’air ! C’est très rare les gens qui vivent sans musique. C’est l’art qui nourrit le plus de gens sans qu’ils s’en rendent compte. T’enlèves la musique, genre « la journée sans tabac » tu sais mais sans musique. Tout le monde aurait le moral à zéro et on reprendrait conscience de l’importance de la musique et de son influence. Allez, continuons ton jeu !

Yes... Fidélité ?

Oui, c’est en moi. À tel point que je ne supporte pas l’infidélité. Pas seulement amoureuse, même au niveau de l’amitié, ça me fait beaucoup de mal…

Création ?

La peinture. Tiens c'est drôle, elle me vient en premier.

Nuage ? 

Faustine Ferrer.

Mer ?

Chez moi. Je devais être une sirène dans une vie antérieure. Je vivais près de la mer. Elle me manque.

Rue ?

Allée ?

Patrick : Moi je pense toujours à ce film extraordinaire avec Philippe Katerine, « Peau de cochon », il retrouve sa rue d’enfance et il refait les parcours de l’école à chez lui, etc... et c’est drôle ! Que tout le monde regarde ce film, c’est un chef d’œuvre !

Monde ?

Manu : Bleu. « Comme toi » (rires). Je suis en train de lire la biographie d’Etienne Daho.

Esprit ?

Es-tu là ?

Corps ?

Alangui.

Sagesse ?

Pas trop moi ça… Mais j’y travaille.

Harmonie ?

C’est un très joli mot mais je n’aime pas ça. « C’est harmonieux » je trouve ça péjoratif. Lisse… J’aime bien le désordre. Comme tu vois (rire).

Lueur ?

J’vais pas te dire le mal ! (rire) Espoir !!

Cheveux (j’avais envie, parce que sur tes pochettes ça a son importance) ? 

Oui c’est vrai, pour le coup j’aime bien jouer avec mes cheveux. À part le bleu, j’ai dû faire toutes les couleurs. C’est ludique les cheveux. Mais si on ne devait parler que d’une partie du corps, moi je suis obsédée par les mains. Je travaille là-dessus aussi (rire)…

Manu & Patrick

Merci ! Merci à tous les deux !

Merci à vous et à l’intérêt que vous portez aux artistes, faire ça par passion c’est beau. Un grand merci à La Grosse Radio.

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