Danielle Nicole au Festival Guitare en Scène 2018

Rencontre avec Danielle Nicole au deuxième jour du festival Guitare en Scène, avant son tout premier concert en France, qu'on s'est dépéché d'aller écouter (et regarder)  après cet entretien chaleureux. C'est dans notre live report à lire ici.

As-tu déjà entendu parler du festival Guitare en Scène avant d'y être programmée ?

Non, je n'en avais jamais entendu parler. Il y a eu ce monsieur, Michel, qui était en voyage aux États-Unis et nous a vu jouer au Colorado. Il nous a donné sa carte et mon guitariste est resté en contact avec lui. Comme on ne connaissait pas le festival avant que Michel ne nous contacte, on a fait quelques recherches et c'est vraiment un super festival ! Il y a tellement de festivals en Europe qu'il est facile d'en perdre quelques uns de vue. Mais ici, rien qu'à voir quelques-un des artistes des éditions précédentes... c'est vraiment un festival cool ! ( rires)

C'est justement notre deuxième question ! De nos jours il y a tous ces gros festivals, aux énormes programmations, qui sont destinés à écraser les petits. Mais ici, il n'y a que 5000 spectateurs par jour, et de grands artistes sur scène. As-tu remarqué une différence d’organisation  entre ces deux types de festivals ?

C'est vraiment un festival très bien organisé. Il y a beaucoup de choses à mener de front, et d'avoir à la fois cette organisation et cette attitude si positive et amicale, même si tout le monde court dans tous les sens, c'est vraiment chouette. C'est très différent de certains autres festivals où j'ai pu me produire dans le passé. Ils sont tellement gros que tout le monde n'est concentré que sur ce qu'il a à faire et c'est un petit peu trop orienté business... Alors je trouve ça super qu'ici, ça fait à peine une heure et demie que je suis arrivée, et j'ai déjà pu constater l'esprit de famille et l'accueil d'un petit festival, mais à grande échelle, et c'est vraiment cool, vraiment unique.

Nous avons remarqué aussi qu'ici les artistes ne sont pas juste programmés, ils sont véritablement choisis, parce que les organisateurs les aiment...

Oui c'est vrai ! Et je pense que l'amour des bénévoles et des organisateurs se voit vraiment. Rien qu'à voir l'hospitalité en coulisses, on s'occupe vraiment très bien de nous, j'apprécie cela.

Danielle Nicole Band, Guitare en Scène 2018

Alors, quel est ton état d'esprit avant le concert ce soir ?

Je suis prête à faire du Rock’n’roll !! (rires) C'est vraiment cool parce que j'ai grandi en jouant du Blues traditionnel et ce n'est que depuis que j'ai récemment pris la tangente en solo que j'ai commencé à aller vers un Rock plus lourd et à m'éloigner du blues. Et ici, ce n'est définitivement pas qu'un festival de blues, c'est du rock, c'est un festival de musique, et c'est là que j'aime être intégrée, c'est tellement diversifié, la programmation est très diverse, et c'est impressionnant.

Avais-tu déjà joué en France ?

Non, c'est mon premier show, Yeah ! Ça fait 10 ans que je tourne en Europe, j'ai déjà joué partout, sauf en France (rires)

Tu as sorti Cry No More plus tôt cette année, peux-tu nous parler un peu de tamanière d'écrire et d'enregistrer ?

J'écris tout le temps ! Je ne fais pas d'album concepts, comme Beyoncé a fait avec Lemonade par exemple où il y a un but du début à la fin. J'écris juste des histoires, et j'écris tout le temps. Je peux être sur la route en train de conduire quand une ligne de basse ou un gimmick me passent par la tête.
Chaque chanson est différente, chaque histoire est unique alors tu vois, que tu sois à une fête ou à un autre concert, il y a une chanson à l'état brut qui te vient dans la tête, et après... Il y a beaucoup de mes chansons qui sont très personnelles, beaucoup d'émotions dans lesquelles je ne préférerais pas forcément puiser, mais avoir cette vulnérabilité, c'est ce qui fait que les gens se reconnaissent, c’est ce qui fait qu'on ressent ces émotions davantage, plutôt que juste... C'est comme la manière dont ce festival est programmé, avec le cœur, avec ce qui les touche vraiment, ce qu'ils ressentent; et c'est là qu'est mon écriture.

Si j’enregistre une chanson que je n'ai pas écrite, elle doit vraiment vouloir dire quelque chose pour moi. Je ne vais pas faire la reprise d'une chanson de n'importe qui juste parce qu'elle a vendu un gros paquet de singles. C'est très personnel. C'est comme la plupart des auteurs-compositeurs-interprètes, nous sommes très protecteurs, nos chansons sont un peu comme notre journal intime. Ce ne sont pas toujours les histoires les plus flatteuses, mais on ne peut pas toujours être le héros, ça ne serait pas honnête ! (rires)

Danielle Nicole Band,  Guitare en Scène 2018

Maintenant que tu as débuté une carrière solo, Trampled Under Foot est-il de l'histoire ancienne ou est-ce vous pourriez vous reformer ?

Nous ferons peut-être à l'avenir des réunions ponctuelles, mais mon frère Nick et moi sommes très heureux de nos propres chemins en ce moment ! Mais il ne faut jamais dire jamais, Trampled Under Foot a forgé ma carrière, ça a forgé ma vie. J'ai joué avec mes deux frères pendent treize ans, c'est quelque chose dont je suis très fière et qui me tient à cœur. Je serai toujours disposée à des reformations ponctuelles mais nous ne nous reformerons à temps plein et c'est un sentiment mutuel ! (rires)

Mon frère Nick s'en sort très bien, il est sur le point de sortir un album et de tourner en Europe avec son groupe lui aussi, alors je pense que ça perdrait tout son sens de refaire tout un tas de concerts ensemble, peut-être une ou deux dates par an !

Penses-tu qu'un artiste doive automatiquement être contre les règles, contre le gouvernement ?

Non, je ne pense pas qu'on devrait avoir ce genre d'attentes ou autres d'un artiste. Je pense que chaque personne est un individu. Je viens d'une société qui est à l'évidence très divisée actuellement et personnellement, je ne parle pas beaucoup de politique dans mes chansons, même si ça devient très difficile de ne pas le faire. Il y a quelques années c’était moins compliqué !  Je pense que c'est un sujet trop sensible pour tout déverser comme ça. Il est important pour un artiste d'écrire et de dire le fond de sa pensée, mais je pense également qu'en se coupant des autres, on les exclut aussi. Je pense que la musique est pour tout le monde et à mes concerts, ça ne m'importe pas si tu es républicain ou démocrate, blanc ou noir... Nous sommes tous les mêmes à ce moment là, que ce soit pour quatre-vingt-dix ou soixante minutes ! Nous travaillons déjà si dur dans nos vies individuelles que nous méritons de ne faire qu'un.

Personnellement, je ne suis pas satisfaite de cette situation. Je n'ai pas voté pour ce président mais je ne vais pas pour autant monter sur scène et concrètement chier sur ceux qui ont voté pour lui, parce qu’ils ont aussi payé pour leurs places et qu'ils ressentent quelque chose pour ma musique. Et pour la simple raison que je ne suis pas d'accord avec eux, je ne vais pas les pointer du doigt et leur dire qu'ils sont sans valeur. En tant qu'artiste, je pense qu'on veut se sentir inclus et que l'on veut inclure les autres. On ne veut pas les laisser se sentir mis de côté, on veut se lier aux autres et on veut que les autres se lient à nous. Tout le monde a ses propres luttes dans sa vie et n'a pas la belle opportunité de les mettre en musique sur la place publique comme nous le faisons, c'est pourquoi je pense que nous devons être très inclusifs et aimants. Je ne dis pas qu'il faut fermer les yeux sur la merde qui arrive, mais je ne pense pas que ça vaille le coup d'attaquer quelqu'un pour ses croyances, du moins pas en musique. Ça ne serait pas juste ! (rires) Mais nous sommes très heureux d’être ici, et reconnaissants d'avoir été inclus !

Crédits photo : Yann Landry
 

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