Last Train en interview pour leur nouvel album


On ne présente plus Last Train, groupe de rock français que l’on suit depuis ses débuts. Forts d’un premier album bien accueilli par la critique et des tournées partout dans le monde, les jeunes alsaciens ont su séduire grâce à leur rock incisif. Cette année, ils sont de retour avec un second opus, et nous avons eu la chance de les rencontrer à Paris, lors d’une journée promo intense.

Vous revenez d’une tournée, dont quelques dates en Corée. Comment ça s’est passé ?

Jean-Noël : Grosse tournée non, mais en tous cas c’est le départ de la nouvelle tournée. La Corée c’était fou. On a pris la très bonne habitude d’aller en Asie assez régulièrement ces dernières années. Mais pour nous c’était la première fois en Corée en tant que Last Train. On a eu un retour exceptionnel de la part du public. On a joué sur un super festival qui était à la frontière entre la Corée du Nord et du Sud. L’idée était de balancer du son pour la paix, et le lendemain on jouait à Séoul et tous les mecs du festival ont acheté leur ticket pour venir nous voir dans cette petite salle. On était assez ému de faire complet à l’autre bout du monde.

Vous avez déjà tourné dans plusieurs pays, quelles sont vos impressions du public étranger par rapport à la France ?

Jean-Noël : Là c’était un bon exemple de la différence de ouf qu’il y a. Mais attention c’est pas tout le temps comme ça. On a déjà joué devant un public beaucoup plus passif en Asie et un plus excité en France aussi. C’est un peu imprévisible. On ne peut pas faire de généralité.
 

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Crédits photo : Florentine Pautet

Quand vous aviez crée le groupe il y a une dizaine d’années, pensiez-vous en arriver jusque là ?

Antoine : Oui c’était le but ! (rires) Je pensais déjà à venir en Corée à 12 ans ! En vrai, pas du tout. Quand on compose des chansons on se dit pas «tiens on va aller là-bas». On a une chance de ouf de pouvoir se retrouver à aller en Corée et à pleins d’endroits. Maintenant on peut faire des tournées en France où on remplit quand même assez bien.

Tim : Et même faire complet à Angers quoi ! Je me moque pas du tout d’Angers mais c’est juste qu’on est Alsaciens, on habite à Lyon, et se dire qu’on vend 600 tickets à Angers c’est impensable.

Jean-Noël : Ce qui est impressionnant c’est de se dire que tu fais ça pour 4 clampins qui viennent d’un bled un peu pété. On n’a jamais été introduit par qui que ce soit. Donc se dire qu’en province on vend 600 tickets… ça semble pas beaucoup comme ça mais pour un groupe de rock et pour nous c’est énorme. On voit tous les regards, c’est l’histoire de notre vie. C’est abusé. Quand on a commencé le groupe on a joué dans un bar 15 fois et jamais de la vie on s’est dit qu’on pouvait faire un truc aussi ouf. On est reconnaissant de manière infinie envers toutes les personnes qui ont apporté leur pierre à l’édifice. Toutes les personnes qui sont venues nous voir en concert l’ont fait.

Vous préférez les grands festivals ou jouer dans des salles plus intimistes ?

Last Train : TOUT !

Antoine : On en discutait avec Tim l’autre soir et on a de la chance, je trouve, de faire une musique qui passe autant sur les grandes scènes que dans un bar et l’énergie passe quand même. On joue pareil qu’on soit devant 10 personnes que dans un grand festival en Corée. C’est la même énergie et ça se passe surtout avec nous quatre. Les deux sont super intéressants.

Julien : Et c’est cool qu’il y ait une super alternance entre les deux.

Après une longue pause, vous allez enfin sortir un nouvel album ! Pourquoi s’appelle t-il The Big Picture, à quoi cela fait référence ?

Jean-Noël : Je me permets de prendre la parole. Alors The Big Picture c’est le nom du dernier morceau qui est très important pour nous. Il porte bien son nom parce que c’est une vision d’ensemble de ce qu’on est. Sur tous les points, que ce soit le point de vue instrumental, dans la composition, dans la durée du morceau, les textes… Je trouve que tout coïncide avec ce titre. C’est marrant pour un groupe qui avance, qui compose de nouveaux trucs. On a eu la chance d’avoir une petite mise en lumière sur certains titres avant et cet album, c’est vraiment notre petite fierté. On parlait d’où on vient et en effet on est fier d’avoir fait ce disque. The Big Picture nous représente parfaitement.

 


Pourquoi avoir choisi d’enregistrer en Norvège ?

Antoine : On avait envie d’aller ailleurs et pas dans le même studio que le premier album. Mais on avait envie de travailler avec la même personne qui est Rémi Gettliffe, qu’on salue. On avait des contraintes techniques qui étaient d’avoir une salle de prise de son qui était assez grande pour nous accueillir tous les quatre et enregistrer les squelettes des morceaux en une prise. Rémi nous a proposé pleins d’endroits dont ce studio. Et quand on a vu les photos on s’est dit que c’était complètement incroyable. Ca nous allait bien ces grands espaces, ce studio à côté de la mer.

Tim : L’endroit colle bien à l’album. Limite la photo du studio aurait pu être la pochette de l’album ! Du coup on a fait 10 jours deux semaines là-bas pour construire les structures des morceaux, puis on est rentré en France, là où on est retourné dans le studio de Rémi pour rajouter des couches et agrémenter cet album. Le meilleur qu’on puisse faire en tout cas, et donner le meilleur de nous.

Tout est donc enregistré en condition live ?

Antoine : Oui, c’est tout du live. Les quatre prises guitare / guitare / basse / batterie et après Jean-Noël va rajouter des guitares, de l’orchestre etc.

Pourquoi avoir choisi «The Idea Of Someone», un titre assez doux, en premier single ?

Jean-Noël : C’était important sur ce deuxième album de donner un sens de lecture. Tu connais le premier album, il est plus rock, plus «les deux pieds dedans», c’est les quatre copains qui font du rock, y’a plus de riffs. Cet album utilise un peu les mêmes codes mais il est plus mélodique, plus orchestré et mélancolique. On avait peur qu’en sortant un premier titre qui soit plus «les deux pieds dedans», un peu rock gratuit, que les gens aient un mauvais sens de lecture et se disent «Ouais c’est juste Last Train 2.0». C’est pas le cas, il y a des nouveaux éléments et on voulait montrer aux gens qu’on était capable de faire d’autres choses et apporter une certaine touche d’élégance au rock. On est très content et on remercie le public de nous avoir soutenu là-dedans car les retours ont été bons.

Quels sont les groupes ou les artistes qui vous ont le plus influencé pour ce nouvel album ?

Jean-Noël : C’est un peu tout en fait mais c’est marrant car des fois j’écoute de la musique et je me dis «ah ouais ce truc est venu de là» alors que c’est un album de hip-hop ou d’electro ou même de classique. Même une musique de film peut t’influencer dans ton inconscient et se transformer en chanson. On écoute vraiment énormément de choses et on l’a toujours revendiqué. On adore la musique assez élégante, assez épique. Dans le premier album on n’a pas forcément réussi à mettre tout ça dedans car pour un premier disque il faut avoir une certaine humilité. Dans celui-là on s’est un peu plus lâché et on s’est permis d’aller chercher des nouvelles choses.

 

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Crédits photo : Florentine Pautet

Vous aimez l’univers noir et blanc, d’ailleurs vous êtes toujours habillés foncé ! C’est volontaire ou c’est un hasard ?

Jean-Noël : On n’a juste pas réussi à trouver la couleur sur Photoshop !

Julien : Tous nos ordis sont en noir et blanc !

Antoine : Je dirais que c’est un sorte de mélange entre notre style qu’on aime et nos goûts vestimentaires. Donc on aime bien que Last Train soit représenté de cette façon. On se dit pas «notre tenue de scène est noire et blanche» vu qu’on s’habille majoritairement comme ça. On aime la simplicité et on a envie de la montrer. Je me vois mal débarquer en costume comme Arcade Fire ! Ca va aussi avec la musique. C’est naturel !

Jean-Noël : On aime cette esthétique-là, cette sobriété, cette élégance. Le noir et blanc nous représente bien car c’est intemporel et tu peux être super élégant et aussi très rock ’n roll.

Vous êtes vraiment occupés, notamment avec votre propre label Cold Fame. C’est pas trop compliqué de gérer toutes ces choses en même temps ?

Last Train : Jean-Noël dis nous tout, c’est compliqué ?

Jean-Noël : Bonsoir, je suis fatigué.

Antoine : Il est au bout du rouleau !

Jean-Noël : Oui c’est très compliqué mais c’est très excitant à la fois. Ca permet de grandir un peu plus vite que ce qu’un rythme de vie un peu plus saint le permet. Ca permet de se prendre pleins de choses dans la tête et pleins de réalités. Des réalités que certains artistes ne sont pas confrontés, comme des réalités juridiques et économiques. Des trucs barbants mais quand on y intéresse de près, et je parle en tant qu’artiste, peut s’avérer très intéressants. Last Train ça a toujours été une bande de potes et on rigole tout le temps. On le montre moins mais au final on est très consciencieux et sérieux dans tout ce qu’on fait. Ce sérieux nous a fait grandir. Donc oui c’est très compliqué mais je pense que si on a la chance aujourd’hui de faire tout ça, c’est parce qu’on s’est retroussé les manches à un moment. On s’est mis autour d’une table et on a bossé comme des connards donc cette fatigue est réelle et justifiée et surtout bien remerciée. 

Vous avez d’ailleurs lancé votre propre festival La Messe de Minuit. D’où vous est venue cette idée ?

Antoine : L’idée de monter un festival est un fantasme qu’on a toujours eu. On en a fait beaucoup en tant qu’artistes mais surtout en tant que festivaliers. On allait aux Eurockéennes à à peine 17 ans. C’est un concept qui nous a toujours plu et l’idée d’en faire un à notre image nous a toujours donné envie. Il y a un an et demi on s’est donc lancé, avec toutes les étapes que demandent la création d’un festival et on est plus que ravi de présenter La Messe de Minuit qui est une belle représentation du rock ’n roll en France, de tous les artistes internationaux qui font du rock. Nous sommes très heureux.

En plus, les places se vendent super bien !

Jean-Noël : Tim disait tout à l’heure que c’était un rendez-vous dont on avait besoin et c’est la vérité. Il y a pleins de trucs de fou à Lyon, pleins de concerts, c’est une grosse ville où il se passe beaucoup de choses mais on avait envie de retrouver cette programmation. On se rend compte que y’a quand même pas mal de Lyonnais qui avaient cette envie aussi. On avait un peu peur vu qu’on vient d’Alsace que les gens nous disent «Mais mec t’y connais rien à Lyon retourne chez toi» et au contraire, les gens nous ont accueillis à bras ouverts.

 

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Ce qui est surprenant, car à Lyon on a eu le Longlive Rockfest et le Never Say Die, des festivals plus metalcore, qui n’ont pas marché…

Jean-Noël : C’est des esthétiques différentes et les économies et les manières de production de ces festivals étaient différentes des nôtres. Aujourd’hui on a voulu faire un truc qui nous ressemble, qui est assez simple et à la fois très réfléchi. Comme tout ce qu’on fait il y a une ambivalence donc finalement le noir et blanc nous représente bien. Quoi qu’on fasse on essaie de rester dans cette sobriété et cette simplicité d’accès. Mais on y va à fond.

Vous semblez avoir une affection particulière dans le fait de promouvoir les jeunes groupes…

Jean-Noël : Gros débat mais c’est vraiment la base. Aujourd’hui le rock est si faible dans l’esprit des gens, ils sont peu à en écouter. Le rock n’existe plus au devant de la scène, ni dans les stream ni dans les ventes de disques. Quand je vois un groupe à guitares aujourd’hui, c’est un peu con mais je suis directement séduit par l’initiative. Frapper fort, s’impliquer à fond en concert… Donc quand on voit des groupes comme Lysistrata ou The Psychotic Monks, Johnny Mafia ou Pogo Car Crash Control forcément on a envie de dire respect. Je pense qu’il faut qu’on s’entraide tous.

Au moins, vous ne pensez pas que le rock est «mort» !

Tim : Ah bah non, il est toujours là, rock ’n roll will never die !

Julien : C’est comme Stranger Things en fait !

Jean-Noël : Ouais, en fait c’est juste la couverture médiatique qui est moindre.

Antoine : Si tu suis, il y a pleins de trucs excitants qui sortent dans le rock. Quand l’album de Lysistrata est sorti je me suis dit que c’était chan-mé que des trucs comme ça sortent en France. Quand tu regardes la couverture médiatique est pas immense mais la musique est ultra bien. The Psychotic Monks c’est pareil. C’est juste qu’il faut s’y intéresser. Pour moi, la couverture média n’est pas à hauteur de la musique qui est faite.

Tim : Par contre le rock fédère un public qui est dévoué.

Julien : Oui, par exemple quand tu commences à kiffer Lysistrata tu les lâches plus.

Antoine : C’est pareil pour notre public, il est très bienveillant et impliqué.

Julien : C’est des publics sérieux en fait !

Jean-Noël : C’est ce qu’on appelle le fameux public de niche. En France on aime bien catalogué la musique. Le rock au final c’est une musique de niche, il n’y a plus de thunes, ça vend plus de disques, c’est compliqué de vendre des tickets de concerts… C’est la réalité du rock aujourd’hui, donc je ne pense pas qu’il soit mort, c’est juste que c’est plus fragile. Tous les soutiens possibles et imaginables sont donc plus que les bienvenus ! Nous on est tellement bienveillant envers la scène rock française car on pense que c’est magique !

Et pour finir, quels conseils donneriez-vous aux jeunes gens qui voudraient se lancer, comme vous ?

Antoine : Jouez beaucoup !

Jean-Noël : Ouais, jouer et ne pas se fixer d’objectifs ! Nous on est là, on fait nos malins, on a des interviews c’est chouette mais en fait ça fait 10 ans qu’on fait ça, et on en a 24.

Tim : Soyez patients aussi !

Julien : Oui, parce qu’en fait toutes les étapes sont cool.

Jean-Noël : Ouais, même quand t’en chies, même quand t’as pas de thunes… Faut toujours jouer, faire des concerts !

 

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