La Scène Punk à  Bangkok : Episode 7

         
        
         Le lendemain on se tape une gueule de bois de l'enfer … Mais pas le temps de traînasser ils ne nous restent qu'un peu plus de 24h ! On fait le tour de la ville pour aller sur les lieux culturels, salles de concerts et rencontrer les personnes qui gèrent ces lieux. Mais pas de bol tout est fermé ou alors personne pour nous accueillir...

          Mais j'ai quand même réussi à glaner quelques infos concernant certains lieux. Il y a effectivement certains bars qui acceuillent une programmation punk.
Comme par exemple le Rock Pub, dont on nous a parlé à plusieurs reprises qui avait acceuilli peu de temps avant Sick of it All.

Parking Toys, The Jam Factory, Mezzanine ou encore le Baan Bar, QG de The Greed et Underground Rising. Ils ont une capacité plus petite que le Rock Pub et sont des bars plutôt classique en dehors des concerts punk.

Il y a également un lieu, plus généralisé, le Brownstone qui organise des concerts mais il y a également des studios de répèt, un art space, et des projections de films.

L'Overstay est un lieu un peu OVNI qui est à la base une auberge de jeunesse mais qui fait aussi bar aux allures de squatt avec des soirées punk- transe- psyché.

Le Blues Bar même si il ne rentre pas vraiment dans le thème punk a été un gros coup de coeur. Il porte bien son nom avec des vinyles et photos à l'effigie de blues man sur tous les murs. Ambiance décontractée et lives tous les soirs avec beaucoup de bons zicos locaux.

           

         Il est finalement vite l'heure de notre RDV avec le manager du tattoo shop BKK Ink, Kin. Ce qui signifie aussi de retourner dans la rue du diable.
L'entrée dans le shop nous fait un bien fou, il fait frais et cela apaise nos remontées d'alcool de la veille. Le salon est plutôt balèze contrairement aux autres que l'on a pu croiser. Ils sont bien 4 ou 5 tatoueurs et ça à l'air de tourner pas mal. Khao San Road oblige.
Kin nous reçoit et on s'isole dans un coin.

        Il est difficile de dissocier punk et tattoo. Et il serait intéressant de voir quel lien il voit entre les deux.
On a choisi de s'entretenir avec lui car on nous avait prévenu qu'il connaissait plutôt bien la scène et qu'il organisait des concerts de temps en temps.
Ce sont lui et ses potes qui ont organisé le concert de Madball, ainsi que Sick of it All le mois d'avant dont on a tant entendu parler. Et pas mal d'autres groupes de New-York également.

        Le shop a une grosse dizaine d'années. Kin est là depuis six ans.
Beaucoup de français viennent se faire tatouer ici car le propriétaire est français. Un pote de Stephen, chanteur de Kick Back, qui a aussi bossé ici.
Le frère de Kin travaille aussi au shop, il est spécialisé dans le black work, et va travailler sur le détail, en noir et blanc. Il fait aussi parti du groupe Ten back Twelve , un groupe de Hardcore assez connu en Thaïlande.

       

     Kin a fait son premier tattoo quand il avait 17 ou 18 ans. Juste à l'aiguille. Ils se tatouaient les uns les autres avec des potes. :
« Mon premier tattoo est comme un graffiti dans mon dos, dans un esprit New metal, New school et puis j'ai commencé à faire des logos de groupes, ceux que j'aimais, que je découvrais. J'ai un peu tout mis en mode aléatoire. (rires) Nan pas tant que ça mais surtout le style de musique ou les groupes que j'aime. »

Il a commencé à bosser dans le milieu du tatouage car son ex travaillait aussi dans un salon. Comme il parle anglais, elle lui avait demandé un jour de s'occuper du shop pendant un déplacement qu'elle devait faire à New-York. Et la voie était tracée.

          Le Punk, il y a mis les pieds d'abord en écoutant du Metal au collège. Au lycée il a dérivé sur le Hardcore, surtout avec des groupes de New-York, ce qui l'a amené au punk rock, street punk, oï, ...
«  J'avais des spikes sur un cuir mais dans ce temps j'écoutais surtout The Die Hards parce qu'on pouvait plus facilement trouver des CDs ou des cassettes, et je n'avais pas beaucoup d'argent pour acheter d'autres albums. Plus tard, c'était plus facile alors j'ai commencé à acheter des trucs comme des pantalons Dickies, des vestes punk, des t-shirts de groupes.
Je me souviens que tous les kids sortaient ensemble en concert. Il y en avait qui écoutaient du hip hop, d'autres du punk, il y avait des skinheads. J'ai tourné Skinhead pendant un an. Avant on avait plus l'habitude de sortir tous ensemble, punks, skinheads et on se rencontrait dans les mêmes concerts.

Mais depuis 10 ans c'est différent, tout c'est un peu perdu, la scène n'est plus aussi importante. Il y a beaucoup moins de groupes qu'avant car beaucoup ont du arrêter quand ils ont grandi. Ils devaient travailler et parfois en dehors de Bangkok, c'était compliqué pour eux de faire des allers retours. Sinon il y a toujours Chaos of Society, et pas mal de groupes punk avec des styles différents, certains plus agressifs d'autres plus calme, du skate punk. Sinon avant il y avait une scène punk à Chiang Mai dans le nord de la Thaïlande. Il y a 10 ou 15 ans de ça, bien avant que je commence à écouter du punk.»

On comprend qu'avant il y avait aussi un engagement politique dans l'action, souvent dans la rue, par des manifs. Maintenant ça se limite aux paroles. Bien que nous pouvons voir actuellement des rassemblements dans tous le pays, surtout menés par des étudiants, contre le gouvernement, avec le #respectdemocracythai.

Il nous confirme aussi que les groupes actuels les plus importants sont The Die Hards et Chaos of Society, ainsi que License to Kill en Hardcore. Le batteur est d'ailleurs perceur dans un autre salon, Black Mask.

Et quels sont les groupes que lui préfères ?
« J'en écoute beaucoup c'est difficile de donner des noms ! J'en aime pas un en particulier mais plus des styles comme les groupes old school de Hardcore New Yorkais et du Old school du Royauime Uni comme Cock Sparrers, Four skin, des choses comme ça. »

Plus skinhead du coup ?
« Oui surtout pour les groupes qui viennent du Royaume-Uni. Mais avant ça j'ai découvert aussi grâce à internet les Sex Pistols, Damned, Buzzcock ce qui m'a amené au skinhead.
Je connais aussi des groupes français comme
Kick Back, Lion's law, Marabout. Principalement de la Oï. Je ne comprend pas les paroles mais j'aime bien en écouter. »

Lui qui a organisé pas mal de concerts peut peut être nous en dire plus sur le fonctionnement.
« C'est pas difficile d'organiser. Quand vous avez le lieu c'est bon. Et le pire est le mieux ! Comme jouer dans la rue parce que les salles sont trop chères. On utilise l'argent pour louer la batterie, la sono, les enceintes...et après il ne reste plus grand chose. »

C'est une des raisons pour lesquelles les prix des places de concerts sont élevés, mais pas que.
« Il n'y a pas de préventes (du coup pas d'avance), on doit payer les billets d'avion et les tarifs des groupes sont élevés. Et tout est cher. Du coup on doit faire pas mal de promos. Essentiellement sur les réseaux sociaux, Facebook, Insta, Twitter. Et ensuite on pose aussi pas mal de flyers, chez les disquaires, magasins d'instruments de musique, on les distribue dans la rue, on demande aussi à des salons de tattoo pour poser des flys, on colle des posters... »

Les groupes locaux eux pour leur promo vont surtout utiliser les plateformes. « Ils vont faire une vidéo durant l'un de leur concert et la diffuser sur Youtube. »
En revanche il va être assez difficile de trouver des albums et encore plus à l'étranger.
«  Ils font de la musique mais n'enregistrent pas vraiment. Ça coûte très cher ici d'enregistrer et presser un album. Et d'un manière générale les thaïs n'achètent pas beaucoup de CD. Pourtant ils achètent des t-shirts ou autres goodies qui coûtent chers mais quand il y a un album ils ne vont pas l'acheter. Ils vont plutôt télécharger. »
Actuellement, c'est malheureusement comme partout...
La diffusion de leur musique étant très faible on comprend pourquoi il est difficile pour eux de jouer à l'étranger.

        A la question quel est le lien pour toi entre punk et tatouage, Kin me répond
« ça sert a affirmer qui on est. Je veux un tatouage de tel manière, a tel endroit, pour montrer mes goûts et ce que j'aime. C'est symbolique. Le punk c'est pareil. »

Affirmer qui on est dans un pays où la liberté d'expression est quelque peu limitée, où l'on est obligé même dans une musique contestataire de détourner certains propos pour ne pas finir en taule, on peut se demander comment est perçu le tatouage.
« Ce n'est pas un souci d'être tatoué en Thaïlande sauf si tu travailles dans un bureau, une entreprise là ça ne passe pas mais je pense que c'est un problème récurrent.
L'année dernière, on a commencé à créer des communautés d'artistes tatoueurs pour rendre le métier légal. Avant il ne l'était pas mais maintenant nous devons le faire approuver pour qu'il le soit. »

Malgré le fait que Kin et son frère soient actifs dans la scène Thaï (et malgré toutes leurs relations), se sont plutôt des touristes qu'ils ont comme clients et pas du tout des personnes de la scène.
« Ils viennent se faire tatouer pour avoir un souvenir, plutôt des petites pièces. Après, certains reviennent parce qu' ils veulent des plus grosses pièces, et le travail spécifique d'un des artistes que nous avons au shop.
On ne tattoo pas plus de style punk que ça, c’est surtout du tatouage japonais, new school, noir et blanc, plus ce genre de choses. Ceux qui veulent un style punk connaissent la scène et les artistes qui font ce type de tatouages, ils ont leurs endroits. C'est pas comme ici. (comme par exemple le salon Black Mask)
Mais on a surtout des touristes qui passent devant le shop, qui jettent un oeil sur les books des artistes et entrent.»

Et la place des femmes dans tout ça ?
« Avant c'était mal vu pour une femme d'être tatouée. Mais maintenant c'est à la mode, on en voit partout. Certains artistes du shop ont quelques clientes régulières. Il y a des femmes qui tatouent aussi. Je n'en connais pas vraiment. Mais très souvent elles n'ont pas de studio et tatouent chez elles. Dans la scène punk, dans le public, il y en a un peu mais pas plus que ça. Avant il y avait un groupe avec une fille au chant mais c'est vieux je ne me souviens plus du nom. »

Nous terminons l'interview là dessus. Nous remercions Kin pour sa gentillesse ainsi que d'avoir pris sur son temps pour partager tout ça avec nous.

         Nous arrivons maintenant à la fin de notre voyage, il est temps de passer notre dernière soirée en Thaïlande en compagnie de nos amis. Direction le restau chez Jok Pochana, le cuistot fou ! Cuisine extérieure, flamme d'un mètre sortant du wok et des saveurs à tomber par terre. On ne se prive pas et on fait le plein avant notre retour à Paris.

La semaine prochaine on termine cette saga avec une interview croisée des principaux labels et orgas de la capitale Siam !

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