SUN : Festival Crossroads, l’interview philo à  la croisée des chemins

L'édition 2020 du Crossroads Festival de Roubaix est, comme toutes ses homologues, bien chamboulée pour cause de Covid19. Pour faire vivre cette édition, le festival est passé en sessions d'un quart d'heure par artiste filmées pendant l'été et retransmises sur les réseaux sociaux pendant la durée du festival du 8 au 11 septembre. Pour La Grosse Radio, cette période est liée à la réflexion sur l'après mais aussi à la manière de voir et concevoir la chose musical. Donc voici une série d'interviews un brin philosophique avec les groupes de Rock de la programmation. A vous de lire et réfléchir. 
#scènefrançaise. 

1. Cette édition du Crossroads est toute particulière. Comment avez-vous envisagé votre prestation ?

C’est excitant de penser un live un peu comme un long clip. On ne raconte pas la même chose, c’est pas le même exercice. Il y a aussi un réal avec sa vision artistique et c’est un bel échange. J’avais envie de capturer une émotion forte de live qui est difficile à retranscrire en vidéo. Ça m’a beaucoup plu, vous me direz si c’est réussi. 

2. À l'heure où le live stream est en train de devenir une norme à part entière, craignez-vous que le public se lasse en attendant la vraie reprise des concerts ?

Une grande partie du public avait déjà déserté les salles depuis un bout de temps. Netflix, les télécrochets et les albums visuels de grandes pop stars au détriment du live. J’ai l’impression que ce modèle a finalement trouvé son public et que ça peut être une solution intéressante dans certains cas de figure. Je pense qu’on va vers des concerts “physiques” avec un mélange vrai public et places virtuelles pour ceux qui ne peuvent ou ne souhaitent pas en être. 

sun, interview

3. En quoi la situation a-t-elle impacté la diffusion de votre musique ?

J’ai profité de cette situation pour faire beaucoup de covers/collaborations. Chose que je n’avais jamais envisagé avant. Ça m’a permis de connecter avec mon public sur le net. J’ai fait de belles rencontres artistiques et aussi touché un public plus vaste. C’était un vrai accélérateur pour moi. 

4. Qu'en est-il de votre situation en tant qu'artiste ? Que comptez-vous faire pour tenir le coup ?

Je suis chanteuse/guitariste mais aussi actrice et autrice. Pour le coup, j’en ai plutôt trop que pas assez. Le fait de naviguer entre concerts, théâtre et cinéma me permet de continuer mes activités sans trop de changement, les projets s'adaptent. J’ai été confinée à Arles car je tournais dans un film de Tony Gatlif. Le tournage a été interrompu et a repris juste après la levée du confinement (avec les mesures de distanciation, of course). Ça m’a redonné le moral d'enchaîner directement. Le film sort l'année prochaine et, entre temps, j’ai d’autres beaux projets entre théâtre et cinéma qui arrivent. Le plus important en revanche, c’est de continuer à développer ma musique sur internet en parallèle et de sortir des choses en attendant que les tournées musicales à proprement parler reprennent. s.   

5. La culture n'est pas bien estimée par le gouvernement, pensez-vous que la valeur d'un artiste est déterminable ?

Je ne sais pas. Je crois que c’est aux autres acteurs du secteur de répondre à cette question. Ceux qui définissent les taux de streaming, ceux qui donnent (ou pas) les subventions, ceux qui donnent des avances. C’est difficilement estimable en tant que concerné mais ce qui est sûr c’est que nous sommes souvent sous-estimés. 

6. En quoi la fantaisie de la création artistique peut intéresser, surtout en ces temps troubles ?

Je crois qu’il y a toujours des temps troubles. Les gens traversent des choses difficiles dans la vie. Il se trouve que là, c’est collectif. L’art est un sauveur depuis la nuit des temps ; c’est ce qui nous anime, nous relève quand nous sommes à terre, nous ouvre les portes de nos souvenirs ou d’un avenir meilleur. Fantaisie ou pas d'ailleurs.  

7. Pour Proudhon, l'Art est la représentation de la nature et de nous-mêmes en vu du perfectionnement moral et physique de notre espèce. Qu'en pensez-vous ?

C’est un super sujet de dissertation! 😉 

8. Quel artiste trouvez-vous le plus inspirant et pourquoi ?

Si je dois en choisir un, je dirais quand même Michael Jackson. Récemment, il a encore été très controversé mais sa création artistique est impressionnante. Visuellement, musicalement, c’est une sorte d’oasis de créativité qui recèle de surprises et de beauté. Chaque fois que je me refais un album ou des clips je suis époustouflée ! 

9. Quelle est votre chanson totem et pourquoi ?

“Scream” de Michael et Janet Jackson. C’était ma première grosse claque musicale. J’avais huit ans et j’avais jamais entendu une prod pareil. L'empilement de sons, la création d’un espace sonore dense et large, c’est un chef d’œuvre de Quincy Jones. (Mention spéciale aussi à “Violet” de Hole qui est ma deuxième chanson totem).

10. Un espoir pour 2021 ?

J’espère que la situation politique au Liban va enfin se dénouer et que le peuple libanais va pouvoir renaître de ses cendres. La jeunesse libanais a besoin de pouvoir se projeter. Pour le reste, je préfère participer activement au changement plutôt qu’espérer. Chanter pour ce qui me semble juste, défendre ce qui m'est précieux. <3

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