Eric McFadden, artiste américain

En le jour très saint du Mardi 24 Mai, La Grosse Radio est allée retrouver le vétéran du grand Ouest Américain Eric McFadden, dans un quartier non moins saint (Pigalle).

L'intéressé nous à même demandé ce que l'on pouvait demander de plus dans la vie que du sexe et des guitares... 

En dehors de son très sympathique humour nous avons pu parler de son nouvel album Bluebird On Fire sorti sur le label français Bad Reputation.

Nathanaël : Le nom de votre nouvel album : Bluebird On Fire fait-il référence à l’incendie du Blue Bird Café de Montréal en 1972 (Un incendie criminel dans le bar sus nommé) ?

Eric McFadden : Non ! Ou en tout cas pas directement. C’est toute une symbolique... C’est ouvert à l’interprétation... comme ce poème de Charles Bukowski « There’s a Bluebird in my Heart ». Je pense qu’il a influencé le choix du titre mais en fait le titre me viens de Delphine Suttor. Le Merle Bleu (bluebird en français - ndlt) est symbole de beauté et de liberté et le feu de passion. C’est aussi un peu l’idée que quand tu est dans la merde et que la vie te met à mal, quand tu subis la douleur, quand on te brise le coeur... les remords les regrets tout ça... et tu te laisse mourir jusqu’à ce que soudainement tu te relève et tu passe au dessus de tout ça. C’est la seule chose qu’il y ait à faire, et je crois que c’est ça en fait le sujet de l’album. Tous ces morceaux ont été écrits et conçus à une période difficile de ma vie. L’idée c’est : oui c’est douloureux, ça fait mal, mais on peut arriver a en sortir. Et en t’en sortant, tu es meilleur, tu es plus fort et tu te connais mieux. Ok, ça m’a fait un putain de mal de chien mais maintenant je suis mieux préparé. Donc il y a de la douleur mais il y a aussi de l’optimisme, c’était ma manière de faire face à cette période de ma vie.
Donc, même si les gens me prenne pour quelqu’un de sombre, en particulier dans les paroles que j’écris, et c’est évidemment assez vrai mais ici il y a de l’optimisme. Je pense qu’il ne faut pas associer sombre et négatif. Je pense qu’en écrivant ces chansons, on peut s’identifier à ce qu’elle signifies, ce sont des choses que les gens connaissent ou connaîtront dans leur vie. Je pense que si ils entendent quelqu’un parler de quelque chose qu’il ressent, ils se sentiront mieux. Et même parfois peut-être on peut le dire d’une meilleures façon qu’il l’aurais fait eux-même. Qui sait ? Et si tu ne le dis pas mieux peut-être le diras tu différemment; d’un autre point de vue.
C’est pour ça que je pense que ma musique est optimiste même si elle paraît sombre. C’est l’expression des mes émotions et les émotions ne sont ni négatifs ni positifs, ce sont justes des émotions. La colère n’est ni bonne ni mauvaise, c’est de la colère. On ne peux pas juge pas les émotions.

N : Diriez vous que l’album est dans la continuité du reste de vos albums ?

EMF : Bon bah là pour le coup oui c’est toujours aussi sombre ! (rire) " Two graves ", " Hanging Moon ", " Filling a Hole "...

N : La première fois que j’ai entendu " Filling a Hole " je me suis dit que c’était une métaphore sexuelle... (rires)... Alors qu’en fait il s’agit de remplir...

EMF : Le vide. Ouais mais je vois ce que tu veux dire. Surtout la fin, où les chanteuses arrivent en reprennent « filling a hole » sur le refrain... je ne m’en étais pas rendu compte jusqu’à l’enregistrement... et après j’ai regardé et je me suis dit : Woaw ! Dirty...

N : Et musicalement l’album est-il dans la continuité ?

EMF : Non. J’ai fait des choses beaucoup plus rock ou encore Hard Rock mais la majeure partie de mon travail solo emprunte au registre gitan... avec des violoncelles des accordéons... toujours sombre mais plus mélancolique.
Les deux derniers albums solo que j’ai fait, Train to Salvation et Let’s Die Forever Together, ces deux albums, déjà, sont musicalement très différents. La continuité est dans l’atmosphère des paroles. Musicalement je suis parti dans une autre direction cette fois.

N : Pourquoi avoir choisi Jan Kounen pour la couverture ? Est-ce pour son rapport avec Blueberry ?

EMF : En fait c’est Éric Coubard, de Bad Reputation qui s’en occupé. J’avais dans l’idée un autre artiste mais il n’a pas rendu la couverture à temps. Mais même si la couverture est très différente de celle que j’avais imaginé (je me suis même demandé de quoi il s’agissait la première fois que je l’ai vue), je pense qu’elle représente bien l’album à sa manière.

N : Avais-tu entendu parler de lui avant ça ?

EMF : J’avais entendu parler de lui avant mais je crois que je n’ai vu aucun de ses films.

Eric McFadden en interview

N : Tu es américain et tu es signé sur un label français. As tu d’autre rapport avec la France ou c’est par pur hasard que tout cela est arrivé ?

EMF : J’étais venu ici plusieurs fois à l’époque où je jouais avec d’autre gens, comme George Clinton et Eric Burdon, et je me suis fait des amis. Je suis en plein changement de label aux États-Unis et ça prends du temps... J’ai fais aussi des tournées en Espagne et en Italie mais en fait au final je me sens très bien ici. J’aime le public français, j’aime Paris.

N : Dirais-tu qu’il est plus simple de trouver un public en France ou en Europe en général pour le type de musique que tu joue ? En particulier pour cet album.

EMF : Honnêtement je n’en sais rien. Je n’ai encore ni sorti, ni fait une tournée promo pour cet album....

N : Ce que je veux dire ce que cette musique est vraiment très américaine...

EMF : Oui vraiment elle l’est!

N : On peut difficilement faire plus américain!

EMF : Ouais. Deux des meilleures choses... peut être que les deux seules bonnes choses que l’Amérique ait apporté au monde sont le Rock’n’roll et le blues.

N : Et le Jazz!

EMF : Oui bien sur mais c’est à peu près la même chose. Donc cet album est vraiment américain, ce qui n’était pas nécessairement le cas avant car ma musique à aussi une grosse influence européenne. Au niveau du choix des instruments comme du style des morceaux, des fois c’est un peu parisien, des fois un peu roumain, des fois espagnol...
Mais cet album est exempt de ça... c’est (tape du poing sur la table en souriant de manière entendue) Américain !
C’est probablement l’album le plus américain que j’ai écrit... je ne m’étais pas fait la réflexion jusque là.

N : Dirais-tu que tu es influencé par le metal en général ?

EMF : Oh ouais! En grandissant j’ai écouté un tas de groupe de metal, de hard rock et de punk... toute la musique « heavy » et rebelle. J’étais un rebelle et j’aimais la musique « heavy »... j’écoute plein d’autre choses maintenant mais j’aime toujours ça.

N : Serais t-il envisageable que tu fasse un projet métal dans le futur ?

EMF : Oui. Il y a même quelques personnes que je connais en Californie avec qui j’aimerais vraiment le faire. J’aimerais vraiment avoir Mike Patton au chant. Je l’ai rencontré plusieurs fois et on a discuté... mais bon il est très occupé. Enfin si je peux l’avoir lui, c’est sur je le fais. Je connais d’autre gens comme Mike Bordin, le batteur de Faith No More... mais bon je vais peut-être éviter de faire un groupe avec que des ex-Faith No More mais Mike Patton ça serait bien. Et je connais aussi Ron Trujillo de Metallica... quand je pense à ce projet je me demande qui je connais dans mon coin et avec qui je pourrais faire un bon truc.

N : On dirais un Super-Groupe!

EMF : Putain ouais! Mike Patton au chant, Trujillo à la basse et Dave Lambardo à la batterie (rires). Ça ce serait le groupe de métal de mes rêves... Mais bon ça c’est pour l’avenir, mais qui sait, ça arrivera peut-être... je rentre à la maison la semaine prochaine te je commence à passer des coups de fil... mais bon on est tous occupés et c’est difficile de trouver du temps pour en parler.

N : Peux-tu décrire le personnel de l’album ?

EMF : Tous les gens sur cet album sont des gens avec lesquels j’ai joué par le passé, mais en général c’était pour jouer la musique d’autres personnes. Wally Ingram et Paulo Baldi sont les deux batteurs sur cet album. Ils sont tous les deux très bons dans des styles très différents et ça s’entend bien sur l’album. Paulo Bardi à joué avec Cake et on s’est rencontré à l’époque où il jouait dans un groupe de métal prog qui s’appelait Fathom. Il jouait un paquet de truc super rapides "tagdakdakdaktag" (mime une batterie) et je voulais quelqu’un qui sache faire ça, même si ce n’était pas pour du métal. Et Wally est très bon aussi et comme ça on à deux styles très différents....

N : Qui joue sur quel morceau ?

EMF : Wally Ingram est sur : " Filling a Hole ", " It Takes A Man ", " From Under Down ", " Two Graves "... Paulo est sur : " Voodoo Head ", " Rise And Shine ", " Hanging Moon "... et un autre (longue pause) je n’arrive plus à me rappeler. Dave Schools aussi est super il jouait la basse chez Stockholm Syndrom... Et il y a Norwood Fisher de Fishbone. Abby Travis est géniale aussi, elle fait des trucs seule mais en ce moment elle joue avec Eagles of Death Metal, et de chez eux il y a aussi Dave Catching qui est aussi dans Queens Of The Stone Age, que j’ai vu hier à l’Olympia d’ailleurs !
En fait on a enregistré chez Dave la moitié de l’album au Rancho De La Luna, à Joshua Tree.
Et puis il y a James Whiton qui joue de la contrebasse avec moi en tournée, il n’est que sur un morceau parce qu’il enregistrait avec Tom Waits au même moment. Pamela Parker chante sur deux ou trois morceaux et on a un organiste sur deux trois pistes et j’aurais bien voulu qu’il soit sur plus de morceaux. Chip Roland ! Après avoir mixé l’album je me suis demandé pourquoi on ne l’a pas fait jouer plus.

N : Quel genre de matériel aviez vous au Rancho De La Luna ?

EMF : On a pas fait tout le disque là bas, on a aussi enregistré à Prairie Sun Studios à Cotati mais c’était très bien au Rancho De La Luna car Dave avait un paquet de vieux amplis et autres pièces d’équipement donc je n’ai rien eu à ramener. Pleins de vieux Fender, Sunn... un ou deux Zinky...
On avait aussi une vieille table de mixage Neve et pas mal de traitements vintage. Je voulais l’enregistrer sur bande à la base mais rapporter un magnétophone là bas aurait été beaucoup trop dur donc on a décider de le faire en numérique. Tout le reste était vintage, de la console aux micros aux guitares... du bon vieux matos quoi! Et puis on a tout fait live, tous dans la même pièce, les amplis à fond... C’était comme ça que je voulais le faire. On est rentré en studio avant que l’écriture de l’album soit finie. J’ai fini des parties là bas, écrit des paroles. Mais bon c’est comme qu’on le faisait dans le temps non ?! Les Rolling Stones n’avaient pas écrit Exile On Main Street quand ils sont rentrés en studio !

N : À quel point est tu impliqué dans le processus d’enregistrement ?

EMF : Pour tout ce qui est placement des micros et ce genre de chose, je prends un ingénieur que je connais et à qui je fais confiance et ensuite je lui fais des suggestions. J’aime bien avoir des micros placés dans les coins de la pièce pour avoir pas mal de basses avec la réflexion du son sur les parois... ou avoir un micro placé bizarrement dans le hall pour avoir de la réverb étrange... Ou aller chanter n’importe où, dehors, dans une autre pièce etc... On ne s’est pas dit : on va le faire sonner rétro. On s’est dit : on va faire un disque, et au final c’est un peu rétro quand même. Ce qui ne me déplais pas trop au final ! Les disques que j’aime ne sont pas parfait et j’aime ces imperfections aussi... c’est brut et l’ambiance est là ! Je ne suis pas un perfectionniste. Je ne reste pas trois heures à régler tel ou tel truc, je veux juste que l’émotion passe, et je crois que l’on a réussi sur cet album. À un moment il faut s’arrêter, je ne vais pas refaire mes voix 19 fois parce qu’il y a un mot qui n’est pas bon ou refaire mon solo 60 fois parce qu’il y a un couak. À un moment il faut se dire : ça c’est l’esprit, ça c’est l’attitude.

N : N’es-tu pas fatigué d’entendre ces guitaristes qui passent des heures à faire UN solo exact ?

EMF : Exactement ! Tu sais pas jouer de la guitare ou quoi?

N : Tout les grands guitaristes improvisaient leurs solos et le faisaient différemment en concert ! Et maintenant... tout est établi.

EMF : Je comprends quand on a une partie qui est plus un interlude mélodique mais un solo c’est un solo. C’est une composition spontanée...

N : Personne ne voudrait entendre de la part de Jimmy Page le solo exact à la note près
de " Stairway To Heaven " ? Je veux un solo d’une heure !

EMF : Je trouve génial que la musique évolue et que les artistes prennent des approches différentes mais certaines choses ne sont pas meilleures, elles sont justes différentes.
Si tu ne peux pas jouer ce que tu fais un studio, c’est très bien si tu ne penses pas faire de concerts par la suite. C’est comme ces groupes qui ne savent pas vraiment jouer et ou l’ingénieur passe un paquet de temps à les remettre en place sur Pro Tools... c’est nul ça. Et si c’est comme ça qu’ils jouent, alors laissez le comme ça. C’est comme les White Stripes! J’adore Meg (White) parce qu’elle ne sait vraiment pas jouer de la batterie ! Et ils n’essaie pas d’arranger ça ! Ils laissent tout comme tel !
Qu’est ce qui se passerait si ils avaient arrangé tout en studio et tu vas les voirs en concert et... bah! Mais ça n’arrive pas parce que l’enregistrement est une représentation réelle de ce qu’ils font.

N : Dirais-tu que la musique mainstream actuelle est plus éloignée de l’émotion et de la performance et tends plus vers... quelque chose d’assez proche de l’argent ?

EMF : (rires) Ouais c’est exactement ça. Et en plus maintenant la production prend le dessus. J’aime les bonnes productions mais maintenant ça deviens plus important que le morceau en lui même !  Et du coup nous sommes arrivés au point où il n’y a plus grand chose dans les morceaux à part la production. On met un effet bizarre sur la voix et puis une ou deux mélodies régurgités...

N : Et pareil avec les paroles !

EMF : Oui ! Et au final on a une mauvaise copie d’une mauvaise copie d’une mauvaise copie... rien ne se passe vraiment. Il y a des bons groupes que je les aime ou pas, au moins j’apprécie l’attitude des groupes qui font vraiment de la musique. Comme Radiohead ! Quel groupe super ! Album après Album ils sont capables de sortir ce qu’ils veulent et c’est toujours différent ! J’ai acheté le dernier... je l’ai écouté et je ne l’aime même pas mais j’aime le fait qu’il soit vrais dans leur attitude. Et même si ce sont des fous de la production, il sont toujours en train de faire de la musique et ils peuvent jouer en concert.
Chapeau bas messieurs ! Des êtres humains qui jouent vraiment de la musique ! Ils ont mon soutien ! (tape du poing sur la table)

N : Des groupes français que tu apprécies ?

EMF : Honnêtement mis à part Édith Piaf et les trucs que tout le monde connaît je ne connais pas trop de groupes actuels. Mais je suis désireux d’en connaître plus ! 

Eric McFadden et Nathanaël sont copains :)

 
 
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