Entretien avec le Prince Miiaou

C'est non loin du grand Rex que j'ai eu le plaisir d'interviewer Le Prince Miiaou à propos de son dernier album, "Where Is The Queen ?". Une interview certes un peu longue, mais riche en informations en tous genres et fichtrement intéressante. Jugez par vous même !

Ca va ?

oui, oui, j'arrive d'un rendez-vous avec la Sacem. Ils m'ont donné une bourse d'accompagnement de carrière donc c'est chouette.

Un accompagnement de carrière ?

C'est une bourse que tu peux utiliser dans différents domaines comme l'aide à la tournée, à la pré-production, pour faire des clips. Ils donnent de l'aide sur plusieurs points d'une carrière de musicien.

Pourquoi tu ne l'as pas demandé avant ?

En fait, tu ne demandes pas. C'est eux qui décident, ils ont vingt projets par an et ils choisissent. Sinon, il y'aurait beaucoup trop de demandes et ça ferait perdre du temps à tout le monde. Moi, je ne savais même pas que ça existait, donc c'est une chance.

Il me semble que tu avais un label, mais tu en es partie ?

Oui, alors, j'avais une licence, j'étais quand même productrice de ma musique, parce que souvent, pour moi, les labels arrivent quand le disque est terminé. On démarche les gens à ce moment là. Sur le précédent album, j'avais donc une licence chez 3°bureau, qui est un label de Wagram, et je ne suis pas partie, c'est juste que toute l'équipe a changée et que du coup c'était plus les mêmes personnes qui m'avaient signée à l'origine, donc assez naturellement, on s'est dit qu'on n’allait pas continuer ce projet ensemble. Il faut savoir que sous licence, tu as moins de rapport avec ta maison de disques qu'en contrat d'artiste. Les maisons de disques ont toujours quelque chose à redire, notamment sur le manque de chansons en français, ou les formats, bon des choses qui moi me gonflent un petit peu, gentiment, hein, je ne suis pas contre faire du français mais je veux en faire quand j'en ai envie, pas pour vendre ou pour les rassurer. Du coup, j'ai préféré revenir en autoprod totale.

Mais, malgré la licence, le label t'avait demandé de changer des choses ?

Ils ne pouvaient pas trop me demander, à cette étape là, le disque était déjà fait. D'ailleurs il y'avait "J'ai Deux Yeux" en français, qui était plutôt joyeux, dans un format court; donc je pense que c'est ça qui les a convaincus, ils avaient leur chanson en français diffusable sur France Inter.

Et le nouveau par contre n'est qu'en anglais.

Qu'en anglais, en autoprod, mais distribué par Idol et Pias.

Je me demandais, comment tu t'en sors financièrement en étant autoproduit comme ça ?

Concrètement, le système de la Sacem est bien fait et j'ai beaucoup été diffusée par France Inter et plusieurs radio, les clips passent à la télé sur M6, W9; donc tout ça génère des droits d'auteur qui sont assez conséquents même à un niveau de notoriété comme le mien, et puis il y'a aussi les concerts, et mine de rien, la vente de disques rapporte aussi un peu d'argent; ce qui permet de réinvestir dans la production d'un disque, c'est  comme une petite entreprise.

Oui, il y'a un groupe qui est beaucoup diffusé sur la grosse radio, dont le nom m'échappe (les Inspector Cluzo, of course !) qui ont fait une vidéo où tu les vois mettre eux-mêmes leurs albums sous blister !

Moi, j'avais fabriqué des coffrets en bois destinés à la promo de Fill The Blank pour les journalistes, mais à la main ça m'avait pris un temps de malade à faire, tu sais c'était un peu comme les anciens jeux, tu tires une trappe et t'avais le cd dedans. J'en avais fait 90...

Ah oui, quand même !

Oui, mais c'est pas beaucoup par rapport à ce que tu envoies en promo, tu peux en faire 500, ça se distribue vite. Là, c'était du coup très select, je n'en ai même pas une ! J'adore faire ça, mais c'est aussi du temps que tu ne mets pas ailleurs.

On va peut-être parler un peu du nouvel album; première question stupide : veux-tu rentrer en compétition avec Fiona Apple pour avoir le titre d'album le plus long ?

J'ai bien sûr pensé à elle, bon elle a fait encore plus fort, il est encore plus long. Mais moi, c'est un dialogue. J'aime bien l'idée et je ne vois pas pourquoi on devrait se cantonner à un mot; même si j'aurais bien voulu n'avoir qu'un seul mot cette fois, en comparaison à Fill The Blank, je m'étais dit au tout début, ce serait un truc, du genre, trois lettres, comme "ok", un truc facile à dire, facile à écrire, court, et puis bon, évidemment, j'ai fait l'inverse.

Ce qui t'as amené à faire tes vidéos teasing...

C'est ça, tout n'était pas prévu en même temps, d'abord il y'a eu le titre, et puis je me suis dit que pour les teasers, ce titre appelle à plein de choses à la fois, personne ne sait qui est la reine, où elle est; ça permet d'imaginer plein d'histoires. On  a décliné ça dans plusieurs vidéos où le contexte est à chaque fois différent mais le dialogue reste le même.

 

On remarque aussi qu'au fil du temps, tes vidéos sont de plus en plus léchées...

Je pense que c'est toujours la même chose lorsque l'on est autodidacte dans un domaine, on a toujours envie d'aller vers quelque chose de très maîtrisé pour faire comme les autres, et maintenant que j'ai compris que c'était juste une histoire de qualité de caméra, j'ai envie de revenir vers quelque chose de plus foutraque, de moins léché mais avec plus de personnalité. C'est comme en musique, parfois on peut arriver à une production trop froide parce qu'on a voulu faire quelque chose de parfait avec rien qui déborde, que tout soit hyper carré, et du coup on perd quelque chose; mais il fallait qu'on en arrive là parce qu'on voulait ressembler à des projets où tu te dis : ah, c'est pro, ça sonne trop bien. Mais après, une fois que tu t'es rassuré en réussissant à atteindre ce niveau là, sachant que c'est ni le plus dur ni le plus intéressant à faire, une vidéo qui est belle en terme de qualité d'image; tu comprends que ce qui est dur c'est de mettre du fond. Je re-regardais mes anciens clips l'autre jour, et je me disais que même si c'est un peu cul-cul quand je cours dans des cartons, je trouve qu'il y'avait plus de personnalité. L'idéal maintenant serait d'arriver à avoir une belle image et quelque chose de personnel.

Tu as pris un producteur, c'était dans l'idée d'avoir un avis extérieur ou bien comme tu le disais d'arriver à une certaine perfection technique ?

Au départ, je n’avais pas trop envie mais on m'a fortement conseillé de prendre un peu de recul. D’habitude, je fais des maquettes déjà pitchées, avec des effets. Pour moi, une maquette, ce n’est pas juste une guitare/voix. Mais je ne suis pas ingé son, donc ça reste un gros brouillon. Pour la première fois, j’avais des doutes ; et j’en avais un peu marre de travailler toute seule, je me disais peut-être qu’il y’a un autre moyen que je ne connais pas, qui ne me vient pas à l’esprit qui rendrait encore mieux. Je me suis juste ouverte à l’éventualité que d’autres personnes pourraient apporter de bonnes choses. J’ai laissé Antoine Gaillet qui est le réalisateur de l’album coproduire avec moi. Même si la production était déjà avancée, il a pu rajouter des choses. Norbert Labrousse, qui est mon batteur et compagnon dans la vie est aussi intervenu, donc c’est la première fois que j’ouvrais ça à autant de personnes.

Et ça c’est bien passé ?

Antoine n’a pas changé énormément de choses. Ce qui était intéressant c’est que plutôt d’aller vers une production parfaite et très léchée, même si elle l’est,  il préfère se demander si la prise est bonne au niveau de l’émotion, même si elle n’est pas hyper carrée techniquement, ça c’était un peu nouveau pour moi. J’avais un gros complexe sur le fait de ne pas être assez carrée, et lui me disait que je racontais quand même quelque chose à travers ces imperfections, "t’as ton propre jeu et c’est intéressant". Il m’a donné confiance en moi.

Et est-ce que par la suite tu penses encore élargir le nombre de collaborateurs ?

C’est marrant, parce qu’avant j’aurais tout de suite dit : Oh non ! (rires) Mais maintenant, c’est différent. Par exemple, j’ai des amis qui sont très bons en programmation, un peu à la James Blake au niveau des batteries électroniques, alors que moi j’ai vachement de mal à trouver les bons sons. J’envisagerais bien de demander une programmation électro à quelqu’un et de travailler par-dessus. Il y’a déjà une tendance plus électro sur ce disque, même si on reste dans du rock.

J’étais assez étonné de l’utilisation du pitch sur ta voix ; d’où t’est venue l’idée de te faire cette voix très haute ?

Parfois, quand je fais une chanson, j’imagine bien la voix d’un tel dessus, d’un homme ou d’une autre chanteuse genre Christine And The Queens, j’aime beaucoup sa façon de chanter, j’entends plus sa voix que la mienne. Je n’en suis pas encore au stade où je vais faire chanter quelqu’un d’autre. C’est un projet où ma voix reste importante, c’est l’identité d’un morceau. Par contre, j’en avais marre de ma voix, parce que j’entendais quelqu’un d’autre dessus. Si j’avais envie d’une voix d’homme, je mettais un pitch très grave,
Comme c’est le cas sur " Crystal Haze ". C’était juste pour me ré-exciter de ma propre voix, vu que c’est le seul instrument qu’on ne peut pas changer. Les pitchs m’ont donc permis d’aller un peu ailleurs.
 

Tu as pas mal enregistré à la campagne, c’est parce que l’isolation t’aide ?

Non, ce n’est pas vraiment ça, mais tu évites les contraintes d’un studio en ville où tu as le droit d’être là de 10h à 22h. Je n’aime pas du tout, même pour des répétitions. Quand tu es de la campagne, tu répètes dans le garage des parents, t’as pas d’horaires fixes, tu ne payes pas les heures ; et c’est pareil pour le studio. Si tu es très riche, tu te bookes un studio avec le rythme qui te convient, alors que pour beaucoup moins cher, je peux avoir le temps que je veux dans de bonnes conditions. C’est beaucoup plus agréable d’être à la campagne.

Et ça permet de vivre sur place…

En fait, on était à vingt minutes du studio, contrairement à l’enregistrement de Fill The Blank où on dormait quasiment dans le studio, mais c’est bien d’en sortir aussi. J’aime bien ce coté autarcie, on forme une équipe, on vit tous ensemble et quand on ressort et que le disque est fini, on ne peut plus se voir pendant une semaine (rires). Il y’a un coté colonie de vacances.

Et ça t’arrive dans ces cas là d’avoir une idée de dernière minute que tu vas enregistrer à une heure du mat’ ?

En fait, on fait très peu de recherche en studio. On est plus dans la reproduction des maquettes. Bien souvent, ces problèmes ont été réglés en amont sur les démos, c’est à 90% abouti. On a modifié le riff d’ " Alaska " en studio, mais très peu de choses sinon. Encore une fois, je n’arrive pas avec une guitare/voix, il y’a quarante pistes et il faut tout refaire au propre. C’est comme ça que je fais un morceau sur mon ordinateur.

Du coup, l’enregistrement doit être beaucoup moins long ?

C’est ce qu’on pourrait se dire, mais il y’a une grosse recherche de son. Un bon son de batterie ne se fait pas en une heure. Ce qui prend beaucoup de temps aussi, c’est les voix. Là, je suis très pointilleuse. Personne ne comprend quand je choisis mes voix, puisque je fais du montage après…

Ah, d’accord, tu découpes tes voix.

Je ne pense pas avoir les capacités techniques pour faire ça d’une traite. Je suis asthmatique et je fume pas mal, alors j’y arrive sur scène mais c’est moins parfait que sur disque. Et j’ai tellement envie qu’à ce moment là, ce mot soit dit de telle manière qu’on refait des prises encore et encore jusqu’à ce que quelqu’un m’arrache du micro et me dise " on arrête et on passe à autre chose ". Les voix prennent beaucoup de temps. On avait trois semaines, on a été obligés de reprendre une semaine.

Et les voix, c’est plutôt quelque chose que tu fais en dernier ?

On travaille morceau par morceau. C’est beaucoup plus cohérent, si il y a un problème d’arrangement, tu peux le changer tout de suite. Mais, pour chaque morceau, la voix est enregistrée en dernier.

Et c’est pour ça qu’un enregistrement avec tous les musiciens ne te convient pas ?

Ca pourrait marcher, même si je ne suis pas assez bonne technicienne pour enregistrer en live vu mon niveau d’exigence. J’ai de très bons musiciens qui viennent du jazz, qui font de la guitare depuis vingt ans. Il faudrait que je les regarde faire, mais bientôt j’y arriverai.

Et ils sont très polyvalents.

Moi aussi, mais tout pas très très bien (rires). Par exemple, le violoncelliste vient du conservatoire, donc tu lui mets une basse dans les mains, il n’est pas complètement perdu ; pareil, mon batteur, à la base, il est guitariste…

Et il joue de la trompette !

C’est des mecs, tu leur mets un instrument dans les mains, et ils arrivent à en faire quelque chose. Eux te diraient qu’ils sont tous nuls, parce que chacun à son degré d’exigence. J’ai croisé des gens, je n’osais plus jouer de guitare après, et pourtant ils se trouvaient nuls. La musique, c’est sans fin au niveau de la progression.

 

Parlons un peu concert, j’ai cru comprendre que c’était pas trop ton truc ?

Bah, dans l’idée, si ! Après, concrètement, je suis morte de trouille. Une fois que je suis sur scène, même en me rassurant avant, le public m’intimide. J’ai envie que ce soit parfait. Au lieu d’être calme et détendue, je vais avoir tendance à être tendue et très concentrée, d’être moins dans ma chanson et plus dans la technique. Et c’est vrai que la peur gâche un peu l’envie d’y aller. Après, je pense qu’on est un projet pouvant marcher sur scène.

Mais tu prépares pas mal la scène ?

La musique n’est pas hyper simple à reproduire. Comme je compose toute seule, personne ne sait jouer les morceaux en arrivant en studio. Donc on apprend tous les morceaux, même moi vu que j’ai pu composer un morceau sans le jouer pendant huit mois. Une fois que l’album est fini et qu’on y voit plus clair, on se dit " bon, qui fait quoi ? ". On a donc une période de 3-4 jours où on arrange, on monte pour le live. Après, on fait des résidences pour caler le son, la lumière et tout. On n’est pas un groupe qui répète toutes les semaines. On va répéter sur des périodes concentrées au début, et une fois qu’on part en tournée, on ne répète quasiment plus sauf s’il y’a trop d’écart entre deux dates. Le problème, c’est qu’on habite loin les uns des autres. Ils viennent chez moi et on répète quatre jours ensemble, mais on ne va pas faire ça toutes les semaines. L’important reste quand même de rentrer sur scène, c’est là que tu peaufines les derniers détails et que te deviens plus à l’aise.

Tu es devenue plus à l’aise sur scène ?

Ah oui. Même si je ne suis parfois pas contente, des fois entre les morceaux c’est un peu dur de parler, ce genre de choses. Avant, en plein milieu d’un morceau, je pouvais m’arrêter parce que j’avais raté un truc. Les musiciens me disaient " t’arrête pas quand tu rates, c’est pas grave ». Si un morceau commence en Ré et que et que suis en Mi, c’est pas grave, je vais le rattraper. Même si pour des musiciens ça paraît normal, ce n'était pas évident pour moi au début. Je gère beaucoup mieux les petits aléas du live.

C’était quoi ton concert le plus cauchemardesque ?

L’Olympia, par exemple, qu’on a fait dans le cadre du festival des inrocks avec Anna Calvi. C’était une date très importante, on commence sur un morceau assez catchy, où il faut que ça pète et il n'y a pas de son ; nous on se rend compte de rien avec les retours. Au troisième morceau, il y avait pas de basse, la DI s’était débranchée, et t’es à l’Olympia, tu sais que ça n’arrivera peut-être qu’une fois dans ta vie et les gens dans le public criaient " le son est à chier ". Moi, j’étais là " Bah ouais, mais allez-y mollo, c’est mon frère qui est l’ingé son ", ça me faisait de la peine pour lui. En fait, c’était le mec du groupe d’avant qui avait, je ne sais pas trop, désenclenché toute la table ; ils ont mis un peu de temps à se rendre compte du problème. Au final, le concert s’est pas mal passé, mais c’est souvent dans les concerts importants qu’il y’a des problèmes techniques.

Le dernier à la Flèche d’or, on en a eu pas mal. Et c’est bête, parce qu’au lieu de m’en amuser aujourd’hui, ça m’énerve vraiment. J’essaye de tout préparer, je m’en fais tout un monde, je ne dors pas pendant deux jours avant, je me mets une pression d’enfer pour au moins être prête. Au final, la technique merde et j’y peux rien. On a du matériel pro, on fait tout ce qu'il faut, mais il y a des problèmes techniques aussi parce qu’il faudrait un backliner avec nous et qu’on n’a pas les moyens de notre ambition, entre guillemets. C’est un peu de notre faute, on devrait jouer avec des guitares acoustiques (rires). Les concerts un peu plus détente dans une petite ville, en général ça se passe super bien.

J’étais au concert à la Flèche d’or, et c’est vrai que j’avais mal pour toi, mais le public était super sympa…

Oui, très bienveillant.

Par exemple, quand tu étais toute seule avec ta flûte, les mecs auraient été sûrement ravis que tu continues un quart d’heure.

Ouais. Le problème, c’est qu’après je m’en veuille, je perde confiance au lieu de le prendre à la rigolade et de faire une vraie impro de flûte avec les autres musiciens. Je comble un peu, je suis déçue, et un peu éteinte pour le reste du concert. Je trouve ça dommage de ma part de me mettre en colère. C’est encore des points sur lesquels il faut que j’arrive à me détendre... Ce n'est pas évident d’être face à une foule et d’apporter un truc assez personnel. C’est vrai que ça je ne l’avais pas anticipé. Quand tu as envie de devenir musicien, tu as envie que ça marche, que ta musique soit écoutée, et tu te retrouves ; alors j’ai pas été propulsé sur des zéniths non plus, mais déjà devant une salle de 500 personnes en étant la tête d’affiche, tu te dis « houlà, je ne sais pas si ils vont être contents, peut-être qu’ils seront déçus » et je me pose beaucoup de questions comme ça en fait. Mais ça va passer. Je pense.

Un grand merci au Prince Miiaou et à Thomas Mignot pour cette interview.

 

Et si vous voulez entendre un petit bout de l'interview, c'est par ici !

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