Un peu plus d’un an après son premier passage à l’
Olympia (hors
Genesis),
Steve Hackett est de retour dans la salle du boulevard des Capucines, cette fois-ci avec un nouvel opus solo à défendre. Le concert de ce soir est donc divisé en deux set. La première partie verra le guitariste balayer l’ensemble de sa carrière solo, de
Voyage of the Acolyte jusqu’à
Wolflight, son dernier album. Les fans de
Genesis sont également de la partie car le deuxième set est axé autour des reprises de l’ancienne formation de
Steve Hackett. Suite à ce programme alléchant pour tout fan de musique progressive, c’est devant une salle comble (et constituée de beaucoup de têtes grises) que le musicien entre en scène, guitare en main.
Set 1 : Acolyte to Wolflight
Le set débute par un « Spectral Morning » fantomatique à souhait, comme le titre l’indique. Le guitariste envoûte immédiatement l’assistance avec son touché de guitare qui n’est pas sans rappeler son homologue de
Pink Floyd,
David Gilmour. Les notes se veulent atmosphériques, rondes et agrémentées d’un sustain propre aux Les Paul utilisées par
Hackett, tandis que le guitariste nous entraîne vers des sonorités orientales sur « Wolflight ». Mais le guitariste n’est pas le seul sur scène à capter les regards. Les musiciens qui l’accompagnent sont également en grande forme, à l’image de
Roine Stolt à la basse, qui s’offre une escapade en dehors des
Flower Kings et de
Transatlantic. Le géant blond remplace d’ailleurs au pied levé
Nick Beggs, pris par d’autres engagements, mais semble totalement à l’aide pour jouer également dans ce registre, qu’il s’agisse de la basse ou de la guitare.
Derrière les fûts, on retrouve le fidèle
Gary O’Toole, qui accompagne
Steve Hackett depuis près de quinze ans. Ce dernier est d’ailleurs bien mis en avant visuellement et s’offre même un court de solo de batterie sur "Clocks – The Angel of Mons". Enfin,
Rob Townsend (saxophone et flûtes) et
Roger King (claviers) complètent ce line-up et donnent de la profondeur aux compositions du maître de cérémonie.
Amanda Lehmann, présente sur les derniers opus de l’ex-
Genesis,
viendra également chanter sur quelques titres dont « Love Song to A Vampire » ou « Shadow of the Hierophant ».
Côté son, le public de l’
Olympia est gâté, puisque la sonorisation permet d’apprécier chaque note interprétée. Ainsi, le jeu de guitare d’
Hackett est cristallin, qu’il s’agisse des plans en finger picking, comme des bends et même des quelques passages en tapping. S’exprimant en français entre les titres, le guitariste semble réellement touché de l’accueil chaleureux qui lui est fait, l’
Olympia applaudissant à tout rompre à la fin de chaque composition.
Musicalement, c’est une belle rétrospective de sa carrière solo que le guitariste nous accorde. Des expérimentations progressives à la
Yes/
King Crimson/
Genesis de « Ace of Wand » à « Loving Sea » dédicacée à sa femme
Jo, le musicien passe de l’électrique à l’acoustique 12 cordes avec aisance (bien que l’on aurait souhaité qu’il utilise un peu plus la guitare classique, élément incontournable de son jeu). Le public ne s’y trompe pas et à la fin de « Shadow of the Hierophant » le dernier titre du premier set, c’est une première standing ovation qui saluera le musicien. Ce titre est d’ailleurs très bien choisi pour effectuer la transition avec le second set puisque, bien que présent sur
Voyage of the Acolyte, il a été composé à l’époque en collaboration avec
Mike Rutherford (
Genesis).
Set 2 : Genesis Revisited
Après un entracte d’une vingtaine de minutes,
Steve Hackett et ses musiciens remontent sur scène pour le plat de résistance du concert de ce soir. En effet, le musicien reste fortement attaché à
Genesis et interprète en live les morceaux des albums sur lesquels il est apparu. C’est
Foxtrot qui est mis à l’honneur avec deux extraits : « Get’em out by Friday » et « Can-Utility and the Coastliners ».
Steve Hackett s’est adjoint les services de
Nad Sylvan au chant. Ce dernier est d’un mimétisme frappant avec
Peter Gabriel, jusque dans l’interprétation et la théâtralité qui caractérisent l’ancien vocaliste de
Genesis. De même,
Gary O’Toole interprète les backing vocals de
Phil Collins avec conviction.
Le temps fort de ce set repose sur l’enchaînement « The Cinema Show » / « Aisle of Plenty » (deux titres de
Selling England By the Pound). L’esprit du
Genesis de l’âge d’or est bien évidemment respecté et le guitariste se fait plus discret au profit de ses camarades.
Roine Stolt s’empare d’une basse double manche similaire à celle de
Mike Rutherford (manche 12 Cordes et manche de basse) et restitue parfaitement les parties originelles. Mais plus qu’un tribute band qui joue sur le nom du leader, c’est bien une réinterprétation des morceaux qui est ici proposée, comme ce passage joué au saxophone soprano sur « Firth of Fifth » qui réactualise totalement la pièce. Deuxième temps fort de la soirée : l’interprétation de « The Musical Box », l’un des titres les plus prisés des fans de l’ère progressive de
Genesis. Virtuosité, complexité harmonique et poésie des textes, cette œuvre n’a tout simplement pas vieillie depuis sa composition et
Steve Hackett nous le prouve ce soir. La salle est littéralement debout à la fin du morceau, d’autant plus étonnant lorsque l’on sait que le public prog peut être passif par moments.
Après un rappel constitué d’« Icarus Ascending » et de « Firth of Fifth » (ou comment associer les deux carrières du musicien),
Steve Hackett et ses acolytes saluent longuement une foule aux anges. Alors qu’il n’a passé que six ans dans
Genesis,
Steve Hackett est peut-être le dernier défenseur légitime de la musique des Anglais. Le concert de ce soir a su convaincre le public qu’il s’agit peut-être là de l’un des musiciens les plus sous-estimé de sa génération, et dont l’influence sur la musique progressive actuelle a été plus que majeure.
Setlist :
Set1 : Acolyte to Wolflight
Spectral Morning
Out of the Body
Wolflight
Every Day
Love song to a Vampire
The Wheel’s Turning
The Steppes
Loving Sea
Star of Sirius
Ace of Wand
A Tower Struck Down
Clocks – The Angel of Mons
Shadow of the Hierophan
Set2 : Genesis Revisited
Get’em out by Friday
Can Utility and the Coastliners
The Cinema Show
Aisle of Plenty
Hairless Heart
The Lamb Lies down on Broadway
The Musical Box
Rappel :
Icarus Ascending
Firth of Fifth
Photographies : © 2015 Marjorie Coulin
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