Festival Univart – Béziers – 10/09/2016

La saison des festivals touchait à sa fin en ce début septembre. Dans les colonnes de la grosse radio, vous avez pu suivre les plus gros festivals de France : le Printemps de Bourges, les Eurockéennes, le TINALS à Nîmes, le Hell Fest. Le dernier de ces festivals était Rock en Seine.
Vous connaissez toutefois notre passion pour les indés, les émergents. Alors quand près de chez moi, à Béziers se monte pour la quatrième année consécutive le festival UNIVART, il serait impensable de ne pas aller y jeter une oreille. Ce festival a pour volonté de bousculer le ventre mou de l’Hérault en misant sur l’éclectisme et le rapprochement des publics, jetant des ponts entre le Rock, le Hip Hop, l’afro beat et l’électro, sonorités non grata en Menardie, qui préfère utiliser les deniers publics pour « libérer la parole » de vieux tontons réac’...

FABULOUS SHEEP

Les organisateurs du festival sont les membres du groupe Fabulous Sheep. Ils ouvriront les festivités sous l’égide du rock, en nous offrant un concert défouloir, plein de la belle énergie que nous connaissons chez eux.  J’ai déjà eu l’occasion de vous narrer les Fab 5 biterrois en concert. Cette fois-ci ne dénotera pas.  Fidèles à leurs engagements, l’introduction d’Athenian Streets de leur dernier EP est une appel au public à se sentir concerné, d’Athènes à Béziers, quel que soit l’endroit, à résister et à ouvrir les yeux. Et Jack le batteur d’engager le morceau sur une voie sur-vitaminée, à un tempo plus rapide, plus explosif que la version de l’EP.
La suite enchaîne un peu plus pop. Un solo de basse mélodique ouvre le morceau. Sous la légèreté du morceau point tout de même la rage dans la voix éraillée de Piero. Le morceau suivant démarre avec Gab aux manettes, le claviériste et saxophoniste du groupe.  D’abord un peu de délicatesse avec une longue note soutenue et une mélodie de quelques notes aériennes. Tim au chant garde cette délicatesse jusqu’à la fin du premier couplet, quand les paroles « Some times I try sometimes I fail » font exploser le titre. Le contraste entre les deux voix, celle de Piero et celle de Tim, fait alterner rage et légèreté.

dizzy brains, fabulous sheep, concert, The Psychotik Monks

Les thèmes abordés dans les paroles sont la jeunesse, si dure à préserver, le temps qui file – peut être que l’urgence que l’on sent vient de cette inquiétude. Sur ces bonnes paroles, c’est "Loose Control" qui arrive, avec sa mélodie de gamin malicieux et son appel à péter les plombs… Le public pogote dans tous les sens, chauffé à blanc par Tim, petit animal bondissant, particulièrement difficile à saisir sur pellicule.

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Après ce rythme frénétique, le groupe nous offre une pause méritée. Seule la basse de Charles fait palpiter battement de cœur, de plus en plus rapide. Tim au chant nonchalant laisse poindre l’énergie, par sa voix tantôt juvénile tantôt grave. 
S’ensuivent deux morceaux aux rythmes tantôt ska punk, tantôt reggae, La batterie de Jack donne l’impulsion sur ces morceaux chaloupés, ponctués des hurlements de Piero.

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Après la furie, Gab au clavier pose quelques notes. HEY YOU.  C’est un nouveau morceau à la structure plus simple, plus lisible que les morceaux précédents. Piero nous offre de beaux solos de guitare sobres mais intenses. Sous le haut patronage des Pink Floyd (oui pour moi l’interjection « Hey you »  est copyrighté aux Pink Floyd à jamais, tout comme un «  Hello » lancé sans réponse entraînera systématiquement «  is there anybody in there » de ma part), la compo dépouillée du morceau laisse libre court à une mélodie prenante comme je les aime. En prêtant attention aux paroles des Biterrois, "Hey You / We built a wall around us / I saw the things collapse on you / now it's all over”.  J’ai vraiment l’impression que la chanson est un hommage. A voir ?

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Après cette pause psyché, une guitare langoureuse joue un blues poisseux pour « Killing me slowly ». Tim au chant nous offre sa voix plus intimiste que jamais, les yeux fermés, prêt à dévorer le micro. "Burning inside" chantent les paroles, tandis que s’élève des rugissements. Gab fait rouler des sonorités d’orgue au clavier, qui donnent un côté interlope au morceau, un peu comme une valse décadente, danses qui s'instale d'ailleurs dans le public où les couples se forment...

Mais le concert ne pouvait se finir sans une explosion finale : elle se fera sur « Our generation », un autre hymne à la révolte, explosive et exaltée avec cette question balancée à la foule : «  What do you expect from today ». On atteint un paroxysme de furie : Jack s’est dressé au-dessus de sa batterie et frappe comme un forcené, Charles à la basse exulte, les guitares (et leurs guitaristes) volent d’un bout à l’autre de la scène, les fils s’emmêlent, les guitares se débranchent, dans le public c’est la joie sans retenue. 

LES POUTRES APPARENTES

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Quand les portes du chapiteau s’ouvrent sur le parc du domaine de Bayssan, c’est haletants ruisselants mais sacrément joyeux que nous nous dirigeons vers l’extérieur, ou la relative fraîcheur, et  le duo Montpellierain les Poutres Apparentes nous attendent. Judith est la compositrice, interprète et guitariste, elle est accompagnée par un percussionniste au cajon. La première chanson nous déride rapidement avec ses jeux de mots pas si pourris qu’elle voudrait nous le faire croire. « J’ai l’estomac dans les talons, et l’étalon dans l’écurie ». La suite enchaîne d’agréables chansons à textes, dont beaucoup sont en français, ce qui nous permet de goûter à la plume désabusée de Judith où les jeux de mots et doubles sens sont légions, portés par sa voix grave et légèrement voilée, qui se fait velours sur la chanson « Le grand M ».

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THE PSYCHOTIC MONKS

Retour sous le chapiteau pour le rock lourd de The Psychotic Monks, que certains d’entre vous on peut être vu à Paris à Rock en Seine.
Je découvre sur scène 2 guitaristes, un batteur et un clavier/ bassiste, qui est étonnement installé au milieu de la scène. Peu habituée à cette disposition de groupes, j’imagine (assez bêtement) que c’est aussi le chanteur du groupe. Et non ! Chez The Psychotic Monks, cette habituelle hiérarchie du front man leader est piétinée. Le chant sera partagé par les deux guitaristes et le batteur. Le frontman restera quant à lui muet.

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Pas de basse pour commencer. Pourtant un son lourd et très grave résonne, une ambiance rageuse s’installe, l’homme muet est furieux sur son clavier, qui balance dangereusement d’avant en arrière.  L’entrée en matière est lourde et puissante. Le chant est excentré et arrive du guitariste de gauche, tantôt hurlé tantôt ahané, comme à bout de souffle.
Le morceau suivant semble plus stoner. La rage est rentrée, le clavier sonne comme un orgue lugubre,  les basses surpuissantes donnent envie d’aller cogner la tête jusqu’au sol, en communion méphistophélique.

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La suite continue dans cette même lignée, nous sommes toujours du côté obscur de la force. Cette fois c’est le batteur qui est au chant. La batterie s’allie au clavier pour un rythme crescendo et des bidouillages électroniques. Les guitares se font dissonantes avant une reprise toute en puissance. Le chant zigzague sur scène, la voix est revenue au guitariste. L’ambiance est psyché, le morceau se multiplie avec des ruptures planantes et des reprises profondes. Je n’arrive pas à saisir les paroles, mais ce voyage musical me fait penser à celui de Dante, des profondeurs infernales et sombres desquelles on monte, péniblement arrachés, jusqu’à un paradis aquatique, au vu de la lumière bleue qui inonde la salle, des coups de guitare slidée qui résonnent et du bruit blanc qui peu à peu prend le pas jusqu’à ce que tous les instruments ne se taisent.

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Ce bruit blanc perdure encore, et s’enchaîne directement avec des accords orientaux joués par l’un des guitaristes. Il est le seul musicien éclairé sur scène à ce moment. Les autres sont là, mais immobiles. L’inquiétant claviériste est figé, penché sur son instrument, attendant que le pinceau de lumière ne le touche. Il est le premier à s’animer, suivi petit à petit des deux autres membres, au fur et à mesure que la lumière ne se lève. C’est mélancolique, et se termine dans un orage électronique.

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Toujours sans pause entre les morceaux, celui qui arrive alterne velours et rage contenue, puis plus du tout contenue. Il s’achève par des coups de marteaux des guitares, de la basse et de la batterie conjugués. Le bassiste mobile retourne à son clavier et je me demande comment il peut produire un son aussi lourd et furieux et enragé avec un simple tambourin et des maracas…


 

THE DIZZY BRAINS

Le concert commence fort, le public est complètement emporté par ce groupe qui fait sensation partout où il passe. Je les avais vus pour la première fois à Narbonne, ou je m’étais pris une bonne claque qui m’avait fait pogoter toute seule, vu que le public narbonnais avait été un peu frileux ce soir-là… je leur pardonne, c’était un dimanche soir, et j’étais bien trop euphorique pour chipoter. À Béziers, j’ai la preuve que la jeunesse biterroise ne demande que ça : exulter, majeur levé, sans retenue, livrée à la frénésie d’Eddy, qui allume le feu par son érotisme félin et provocant...

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Les paroles des chansons de The Dizzy Brains parlent de ça. D’amour, de sexe, de ras-le-bol, de l’ennui, de la misère, de la corruption, thèmes finalement communs à toutes les jeunesses (à la différence près que certaines chansons de The Dizzy Brains sont censurées à Madagascar), et ce avec un répertoire de morceaux tantôt rock heavy, tantôt garage ou punk, voire punkabilly, avec la locomotive rythmique menée sans faille par la basse de Mahefa, qui laisse libre court à tous les délires vocaux de son frère Eddy, du batteur Mirana qui tricote des rythmes déconstruits ou acérés ou du guitariste Poun.
Du rock Heavy on en a avec « I’ve got it ». On a du solo de guitare enflammé, on a des solos de batterie déstructurée.

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On a ensuite un morceau débutant par une basse roulante, une guitare rockabilly, et une furieuse envie de danser qui nous - pardon Me - prend.
Par-dessus tout ça on a Eddy, perché au-dessus des amplis, torse nu et accroché à son micro, dont le pied subira les pires attouchements et sévices que j’ai eu l’occasion de voir perpétrer sur scène.
Ça enchaîne sans répit. Quand je me retourne vers le public, il pogote dans tous les sens ! Quelle communion ! Eddy nous annonce une chanson à venir faite pour danser gigoter et pogoter, je me demande bien ce que l’on fait depuis tout à l’heure !

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Ah Eddy, petit démon du rock, ce soir le public Biterrois t’idolâtre. Quand à la fin du set tu t’effondres, en nage après un morceau qui essayait de nous berner, la batterie et la basse nous faisant croire à un répit, tout juste destiné à nous faire reprendre notre souffle pour le jet punk final, après ta chute donc, vois donc toutes ses mains qui se précipitent pour t’essuyer le front, te relever… REVIENS !

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Live report et photos : Laetitia Maciel

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