Aqueles
Les trois gentlemen d'Aqueles en costumes trois pièces et canotiers boivent un verre de muscat en devisant autour d’un guéridon sur scène, tandis qu’une mélodie délicieusement nostalgique est jouée sur un gramophone.
Aqueles, «Ceux-là», entonnent a capella un chant en occitan, rythmé de nombreux «Macarel». Nous sommes bien en Occitanie, à n’en pas douter ! L’air est entrainant, les harmonies agréables, le public applaudit en rythme rapidement.
La maxime «la nostalgie, c’était mieux avant» énoncée en début de set par l’un des chanteurs, ne s’applique qu’en partie. Les morceaux sont fantaisistes. Le folklore traditionel se voit saupoudré de basses produites à la bouche ou de samba de bisous. D’autres morceaux swinguent bien 60’s, toujours en occitan bien sûr ! Une chanson sur la jet-set me permettra de me perfectionner dans cette langue, je saurais donc que jet-set se dit… Jet-set, tout comme Dubaï et Bollywood.
Le charme de cette première partie tient dans cet anachronisme légèrement déjanté, qui a mis le public dans d’excellentes dispositions pour le plat de résistance à venir.
Les Ogres de Barback et le Bal Brotto Lopez
Entre juin et octobre 2016, un hybride festif s’est créé sur les routes de France : les trouvères des Ogres de Barback se sont joints aux troubadours du Bal Brotto Lopez pour s’immiscer chacun dans le répertoire de l’autre, histoire de le colorer de nouvelles nuances : la gouaille des Ogres et le folklore gascon du Bal.
Pendant le changement de plateau, une multitude d’instruments est installée sur scène. Quand on connaît le parcours musical des Ogres, dont chaque membre de la fratrie est multi-instrumentiste, ce n’est pas vraiment surprenant. Aux quatre membres de la famille Burguière, s’ajoutent ce soir Cyrille Brotto et Guillaume Lopez. Dans l’obscurité de la scène, se devinent contrebasse, banjo, bandonéon, accordéon, trompette, tuba, violons, percussions, oud, cor, cornemuse, hélicon etc…
Le concert débute avec des accents slaves. La contrebasse fait vibrer l’atmosphère, le violon poignant entame une valse. Et quand finalement la voix de Frédo retentit, je me suis sentie immédiatement aspirée en 1999. La musique a ce don.
La fraicheur de la voix et les paroles réjouissantes de «Vous m’emmerdez» me permettront de reviser mon occitan : «me merdatz». Puis nous chanterons tous en cœur et danserons sur « Adiu Miludiu » qui signifie «Salut à toi».
En moins de deux, une ronde du Quercy s'improvise ! La salle du Sonambule est pleine à craquer, et pourtant des rondes s’organisent. Des petites, des géantes, des rondes gigognes, le public se croise, sourire aux lèvres. C’est extraordinairement contagieux.
La structure des morceaux est typique des Ogres : une intro instrumentale, le plus souvent avec une mélodie légère comme un chant d’oiseau, des paroles engagées ou sensibles et un outro instrumentale interminable et jubilatoire.
Entre les classiques des Ogres «La femme du guerrier», «Grand-mère», «Le Daron» ou «Rue de Panam» qui me feront sauter dans tous les sens, je découvre aussi toute une partie de la discographie des Ogres. Je connaissais les aventures de Pitt Ocha, mais ne m’étais pas vraiment penchée dessus, n’ayant pas de jeunes oreilles dans mon entourage à qui faire écouter ce que Fredo présente comme une continuité logique de leur carrière : Ils faisaient de la musique, puis ils ont eu des enfants, ils ont donc fait de la musique pour leurs enfants. Et vu l’enthousiasme du public, les chansons de Pitt Ocha rencontrent un franc succès. Il y a de quoi, les paroles sont drôles, les airs entrainants. Ces deux chansons seront d’ailleurs les plus Rock and Roll du set, les guitares et les basses électriques sont de sorties, les bouts de choux sont hissés sur les épaules de leurs valeureux parents et semblent enchantés.
Pour les rappels, nous auront droit à des chansons traditionnelles du Bal Brotto Lopez, puis deux morceaux surprenants, l’un mêlant électro et folklore occitan, l’autre un morceau au beat Hip Hop interprété au trombone. Puis arrive le dernier morceau «Accordéon pour les cons», qui se termine en fanfare, littéralement : Les musiciens descendent dans le public dans une ronde autour de la salle, qui se poursuivra jusqu’à l’extérieur, jusqu’au patio du Sonambule, où le public savoure la proximité avec les six musiciens qui finissent par se diriger vers les coulisses, nous laissant danser au son de plus en plus étouffé de la fanfare.
La tête pleine de sonorités festives, je quitte à regret le Sonambule, emportant mes souvenirs d’ado et mes redécouvertes.
Live report : Laetitia Maciel
Crédit Photo : Philippe Poulenas
