Adia Victoria au Café de la Danse, Paris (26.10.2016)


Depuis 2011, le Pitchfork Festival s’est exporté chez nous, plus précisément au parc de la villette où tout comme son aîné américain de Chicago l’on peut voir la fine fleur de l’indie branché performer devant nous. Petite nouveauté de cette année, le festival s’étend et s’invite sur d’autres scènes parisiennes, dont le Café de la Danse, afin de présenter des artistes émergents un peu plus confidentiels que les têtes d’affiches mais à priori tout aussi intéressant point de vue musique. Etait-ce le cas avec Adia Victoria ?

 

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Commençons par la salle en elle même. Conçue comme une sorte d’amphi avec ses gradins cozy, sa mezzanine sur le coté pourvue d’un bar, ces ventilos qui tournent tranquillement depuis le plafond ; il n’y a pas à dire ; on se sent vraiment comme des coqs en pâte nourris à la gelée de groseille, les doigts de pieds en éventail. Un confort que l’on devine aller de paire avec le public habituel, parisien, étudiant à lunettes gucci (ou lacoste?), et un peu branché. Au moins, le ton est donné sans qu’une seule note n’ait eue le temps de résonner.

Déboule alors sur la scène Adia Victoria, fignolant les derniers réglages sur sa guitare, avant de partir et de revenir une poignée de minutes plus tard pour démarrer le concert. Cachée dans l’ombre, la chanteuse commence doucement un blues habité suivi par ses musiciens chacun baigné dans un halo de lumière laiteuse. Les deux premières chansons sont posées et plutôt envoûtantes, portées par une voix doucement rauque, bluesy en diable, jusqu’à ce que la batteuse troque ses balais pour des baguettes et que les affaires se corsent. On nous balance un « Dead Eyes » bien plus énervé que la version studio, et enfin la salle semble se réveiller. Les rockers dans l’âme viennent gentiment dodeliner de la tête devant la scène sur ce blues incisif mais très maîtrisé, voire contrôlé. C’est l’efficacité glissé dans le gant de la finesse.
 

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Une fois la vitesse supérieure enclenchée, set limité en temps à trois quart d'heure oblige, Adia Victoria enchaîne les morceaux sans temps morts ; lâchant à ses musiciens un « let’s go » lapidaire. On pourrait s’étonner d’entendre du blues suintant le rockabilly malade du sud états-unien dans un festival comme celui de Pitchfork, pourtant les amateurs d’indie ont toujours prisé une certaine forme de blues tordu à l’instar d’artiste tel que Timber Timbre. Et du blues tortueux, on en aura avec « Howlin’Shame » qui justifie en tout point l’étiquette Gothic Blues de la compositrice. Ce sérieux sur scène est assez rafraîchissant, une approche sans fioritures du live indéniablement appréciable qui s’avère visiblement payante si l’on en juge par le public captivé par la performance.
 

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Le gincheux qui sommeille en moi par contre ne pourra s’empêcher de bailler intérieurement face à des compos bien exécutées mais tellement dénuées d’originalité qu’on en vient à douter sérieusement de leur intérêt. La chanteuse sait malgré tout tenir sa scène, venant se frotter de près à son guitariste pour le plus grand plaisir des photographes (n’est-ce pas chef ?) mais n’hésite pas non plus à venir titiller un membre de l’audience ; encore un plaisir de photographe, du moins pour ceux qui ont la chance de saisir ce moment.
 

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Quarante-cinq minutes plus tard et sous ses airs de sans faute, on regrette quand même qu’une fois encore, les compositions manquant de souffle n'aient jamais réussi à faire véritablement décoller le concert; et l’auditeur un peu plus exigeant que la moyenne reste indubitablement sur sa faim. Au final, un live en demi-teinte, certes bien exécuté, mais au service de quoi ?

Crédits photos : Yann Landry /  La Tête de l'Artiste
 

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