Marillion (+ John Wesley) à  l’Elysée Montmartre (10.12.2016)

Marillion partage une très longue histoire avec son public français. Avec deux dates au Trianon lors de la sortie de Sounds That Can’t Be Made, puis une mini tournée française qui était passée par Rouen, Paris et Lille en 2013, les Anglais nous avaient récemment montré tout l’amour qu’ils portaient à la France. Et pour promouvoir F.E.A.R., leur dix-huitième opus fraichement sorti, les musiciens sont revenus poser leurs valises à Paris, dans un Elysée Montmartre nouvellement restauré. Retour sur une soirée où l’émotion était présente, aussi bien sur scène que dans le public.

John Wesley

Pour débuter cette soirée, Marillion a choisi de faire appel à John Wesley, artiste bien connu des fans de musique progressive pour avoir accompagné Porcupine Tree lors de leurs représentations live entre 2002 et 2010. Cette fois-ci, le guitariste est venu présenter les compositions issues de son album solo, A Way You’ll Never Be, récemment sorti.

Débutant son set par « By the Light of the Sun », il est surprenant de voir le musicien interpréter ce titre seul sur scène, en guitare électrique et voix, sans aucun accompagnement. En ressort immédiatement une impression de redondance dans les riffs de guitare du titre, d’autant plus que ce n’est qu’à la fin de ce morceau que se déclenchent des parties de batterie et de basse samplées (qui ne seront présentes que sur une partie des morceaux interprétés).

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Si ce n’est peut-être pas la meilleure manière de démarrer le concert, le musicien britannique va continuer sur sa lancée en présentant les titres de son dernier album solo toujours seul sur scène, seulement éclairé d’une poursuite. On regrette ce choix qui donne une impression de vide difficile à remplir, alors que le public a clairement beaucoup de mal à rentrer dans ce set, se contentant d’applaudir poliment en fin de titre.

Pourtant, les compositions sont intéressantes et recherchées, mais lorsque le guitariste se lance dans l’interprétation des soli, il manque une base rythmique et harmonique pour lui permettre de pleinement s’exprimer. Lorsque John Wesley est accompagné par les samples, on regrette de ne pouvoir admirer un vrai groupe à ses côtés, surtout que le chanteur est assez statique sur scène et que la présence d’un backing band aurait donné un peu de dynamisme d’un point de vue scénographique.

C’est donc une prestation en demi-teinte que John Wesley aura donnée, malgré des compositions recherchées qui interpellent par leur originalité : le choix d’une présentation en « one man band » n’est peut-être finalement pas adapté au rock progressif.

Setlist John Wesley

By the Light of the Sun
To Outrun the Light
The King of 17
Epic
Mary Will
A Way you’ll Never be

Marillion

 

Après une petite pause qui voit l’Elysée Montmartre se remplir toujours plus, les lumières s’éteignent à nouveau et des projections apparaissent sur l’écran qui sert de backdrop, accompagnées d’une introduction musicale. Les musiciens entrent en scène, à l’exception de Steve Hogarth. Comme sur les récentes conventions du groupe, les Anglais démarrent leur set par « The Invisible Man », l’une des pierres angulaires de leur discographie. Si le vocaliste n’est pas encore présent sur les planches, son visage apparait à l’écran, chantant les premiers couplets, avant qu’il n’entre enfin en scène, déclenchant des applaudissements nourris.

Pour les spectateurs n’ayant jamais vu la formation britannique sur scène, H offre un condensé de ce dont il est capable dès ce premier titre : jeu de scène habité, voix sur le fil du rasoir, émotion à fleur de peau… Tout y passe, sublimé par le talent indéniable des musiciens, à commencer par Steve Rothery et ses soli gilmouriens.

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Démarrer un concert avec ce titre, c’est l’assurance pour le quintet de se mettre le public directement dans la poche. Mais avec deux titres tirés de Sounds That Can’t Be Made, les Anglais vont enfoncer le clou, prouvant également leur aisance sur les pièces plus courtes. « Power » est toujours un bijou en live, avec un refrain mémorable où les envolées vocales de Steve Hogarth donnent des frissons à l’audience. « Sounds That Can’t Be Made » est également très bien accueilli par le public de l’Elysée Montmartre, qui en reprendra le thème final a cappella à la fin, durant de longues minutes. Dans la fosse comme sur scène, l’émotion est palpable, et le chanteur de la formation remerciera longuement les Parisiens de leur accueil.

Avec la sortie récente de F.E.A.R, Marillion exprime un propos plus orienté vers l’actualité et engagé politiquement. Aussi, « Living in FEAR » résonne de façon particulière pour les Parisiens, avec son message de paix, accompagné d’images montrant notamment le visage de John Lennon. Marillion est connu pour varier ses setlists au sein d’une tournée, mais également pour exhumer des raretés et des surprises issues de sa féconde discographie. C’est le cas ce soir avec « Sugar Mice », originellement chantée par Fish, qu’Hogarth fera reprendre par le public.

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Un autre temps fort de ce set résulte dans l’interprétation de « The New Kings », un manifeste contre l’ultra-libéralisme et la société actuelle, où chacun des musiciens peut s’exprimer. H sublime les textes et si Steve Rothery paraissait moins mis en avant sur la version studio, il prouve ce soir qu’il est bien présent et propose des parties de guitare enchanteresses. D’ailleurs, les différentes parties du titre s’enchaînent parfaitement en live, là où certains fans avaient reproché au groupe des transitions parfois abruptes sur les epics du dernier opus.

Ce qui frappe à chaque concert de Marillion, c’est de voir à quel point chacun des musiciens est au service de la musique, sachant laisser les égos de côté. C’est notamment flagrant ce soir devant les parties de claviers de Mark Kelly, indispensable à l’ensemble. Pour autant, le musicien semble discret et concentré sur ses touches, tout comme Ian Mosley (batterie), invisible derrière ses fûts, mais d’une précision métronomique. Le sémillant bassiste, Pete Trewavas, est également bien mis en avant dans le mix et se déplace régulièrement sur le côté gauche de la scène, souriant à son compère Steve Rothery.

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Une belle spontanéité s’observe également sur scène, notamment lorsque Steve Hogarth improvise les premières notes de « White Papers » (encore jamais joué en live et réclamé par un fan), suivi par le reste du groupe. Après quelques mesures et une erreur d’harmonie, le groupe s’arrête en riant, tandis que le chanteur ajoute « we’ll play it next time ! ».

Marillion soigne son public avec un set qui met en avant les morceaux les plus appréciés des fans, comme l’enchaînement "Mad" / "The Great Escape" / "Neverland", où l’on ressent de nombreux frissons parmi les spectateurs.

En guise de premier rappel, les Anglais reviennent interpréter « El Dorado », dont les images dévoilent le second niveau de lecture du titre. A l’instar de « The New Kings », ce titre est d’ores et déjà un classique de Marillion et nul doute qu’il trouvera sa place dans les futures setlists du groupe.

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Généreux, le groupe l’est assurément sur scène. D’ailleurs, on sent que le quintet donne et reçoit beaucoup ce soir, de la part de ses fans, instaurant une forme de proximité et d’intimité, malgré la taille de la salle. Rien de tel qu’une autre pièce épique pour terminer cette soirée en beauté, et c’est « This Strange Engine » qui est choisie par le groupe, introduite par les notes de H à la batte de cricket customisée. Le solo de guitare cristallin de Steve Rothery conclut merveilleusement la pièce et le concert, au cours duquel Marillion aura de nouveau montré qu’une relation toute particulière existe entre le groupe et son public…pour le meilleur et uniquement le meilleur.

Setlist Marillion

The Invisible Man
Power
Sound’s That Can’t Be Made
Living in FEAR
Sugar Mice
The New Kings
Mad
Afraid of Sunlight
The Great Escape
Neverland

El Dorado

Easter
This Strange Engine

Crédits Photos : Marjorie Coulin 2016
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe

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