Lisa Leblanc & The Blind Suns – La Maroquinerie

L'annonce du concert de The Blind Suns et Lisa Leblanc, toutes deux présentes à la Maroquinerie pour le festival Aurores Montréal ce 2 décembre, n'a pas suscité un grand engouement de votre part… Pas la peine de nier, on a les chiffres d'vant les yeux ! Nous n'allons pas vous soupçonner d'un quelconque sexisme pour avoir boudé deux formations emmenées par deux frontwomens, non, non… Nous comprenons que la dream pop, matinée de surf des angevins et le folk, même estampillé rock des canadiens, pouvaient laisser présager - sur le papier du moins - une absence de ce gros son que vous affectionnez tant… Eh bien que nenni, mes gros amis ! C'est une déferlante de décibels - certes plus maîtrisés que saturés - et une grosse vague d'émotions auxquelles nous avons eu droit. La prochaine fois, vous nous ferez un peu plus confiance, hein... 
  

Photo © F. Petit
Crédits photo : Fréderic Petit

Sous une batterie de projecteurs qui découpe sa silhouette gracile et sa crinière fauve, Dorota Kuszewska, guitare immaculée en bandoulière pénètre sur scène. Elle est vite rejointe et encadrée de son alter ego Romain Lejeune lui aussi à la guitare et de Jérémy Mondolfo, alias "l'homme-qui-jouait-de-la-batterie-debout". Dernière date donc pour The Blind Suns ; une longue tournée 2016 qui les aura tout de même mené jusqu'à Austin, Texas ! Sans surprise, c'est sur un riff très surf et un rythme très eighties que débute le premier morceau "Smoke and mirrors", lequel tourne vite au pop rock débridé sous l'impulsion du timbre clair et nerveux de Dorota. Une voix qui s'accorde à merveille avec celle de Romain sur "Personnal way to love", pépite pop elle aussi bien pêchue… Sur "Rockerfeller", Dorota et Romain font littéralement assaut de vibratos, lesquels ponctuent telle une respiration une ballade "so romantic" qui mène inévitablement au "cemetary love"…

Après un "Hovering" solaire, Romain prouve son habileté au bootle neck sur "13.31" Un morceau atmosphérique qui n’a rien à envier côté ambiance, à "Solar wind" et "Empty sea shells" qui suivent ensuite… Mon morceau préféré de leur dernier EP "I can see you" demeure "American psycho", dont ils nous ont donné une belle version ce soir là, mais le titre qui met vraiment le feu à chacun de leur set, The Blind Suns se le gardent pour le final… "Shakin all over" de Johnny Kidd and the pirates, un standard qu’ils dynamitent, qu’ils explosent aux quatre coins de Paname ! Dorota s’enflamme littéralement sur cette cover ; sa voix se voile, devient rauque et sensuelle. Chacun retient son souffle lorsqu’elle semble terminer un dernier refrain et le cœur repart à cent à l’heure lorsqu'elle susurre, puis rugit ses "Shakin". Les angevins tentent d'être sélectionné pour les inouïs cette année, on leur souhaite de tout coeur d'être parmi les finalistes et de les retrouver à Bourges pour le Printemps. Ils repartent en tournée en début d'année et reviennent notamment sur Paname le 7 février aux Trois Baudets.

Lisa Leblanc - © Frédéric Petit
Crédits photo : Fréderic Petit

Lisa Leblanc, une " Voodo woman" ? Ce qui est certain, c’est qu’elle n’a nullement besoin de nous jeter un sort pour envoûter d'entrée le public, il est vrai majoritairement constitué de fans. Robe noire à franges moulant divinement des courbes voluptueuses, bottes de cow girl, chevelure flamboyante, la belle du New Brunswick empoigne elle aussi une guitare blanche à son entrée sur scène (se sont données le mot avec Dorota ou quoi ?). Lisa Leblanc a elle non pas deux, mais trois chevaliers servants. Un power trio barbu mais pas manchots ; on sent dès ce premier titre qu'ils font vraiment bien l'job… Mais on pressent aussi que Lisa se débroullerait tout aussi bien toute seule pour mettre le feu sur une scène. Dès ce premier titre bluesy traversé par des fulgurances limite noisy, on se prend à plaindre sa gratte qu'elle traite sans ménagement pour la câliner l'instant d'après. Et on soupire de soulagement pour elle alors qu'elle en change pour une sombre électro-acoustique pour "J'pas cow-boy". Elle prétend pourtant être "garçon vacher" et on a tendance à la croire, tant elle est à l'aise dans le registre. Elle est toute aussi incroyable lorsqu'elle se lance dans le folk plutôt calme ("Chanson d'une rouspéteuse") ou assaisonné d'une grosse dose de trash ("City slickers and country boys"). Avec "Could you wait'til I've had my coffee", sur lequel Maxime Gosselin le batteur donne vraiment de lui - comprenez "il cogne comme un sourd sur ses fûts" - elle prouve qu'elle assure côté rock n'roll. Jean Philippe Hébert le guitariste se fend lui d'un superbe solo et Benoit Maurier le bassiste de riff bien sentis. Lorsqu'ils encadrent la Miss Lisa, c'est un bien beau moment de complicité comme on dit à la tv…

Nous sommes vraiment pas au bout de nos surprises musicales avec Lisa Leblanc. Pour "Katie cruel", elle prend son banjo et entreprend de nous expliquer que ce standard - repris par une "vieille boose singer" Karen Dalton - évoque obligatoirement, comme toute bonne chanson traditionnelle, quelqu'un d'alcoolique ou mort… Mais sa nature joviale prend le dessus ; elle ne peut se retenir de pouffer de rire ! Avec "Ti gars", morceau bien pêchu s'il en est, nouveau changement d'instrument ; le triangle. Si on m'avait dit qu'on pouvait faire subir des trucs pareils à un triangle… "Lignes dhybro" et "5748 km", plus folk, confirme qu'elle assure bien toute seule avec sa guitare. Ses trois acolytes la rejoignent dans un déferlement de bruit sur "Race track". Après "I love you, i don't love, i dont know", un titre pour les indécis et "Gold diggin' hoedown" et ses "lucky one" bien groovy, nous avons droit une splendide cover folk trash de "Ace of spades" de Motorhead. De la folie furieuse ; à tel point qu'elle peine à reprendre son souffle, en entamant le dernier titre à la mandoline "Why does it feel so lonely (when you are around)".

Lisa Leblanc - © F. Petit
Crédits photo : Fréderic Petit

Un rappel de plus de trente minutes ; à l'image donc, de la générosité de Lisa Leblanc sur scène… Tandis qu'elle accorde son banjo, Jean Philippe Hébert meuble avec humour, façon "musique d'ascenseur". Ça constraste sec avec "Eh cher (You're overstayed your welcome)", un blue grass digne d'un honkytonk bar. Une chanson des fêtes, nous explique-t-elle, sur cette "parenté qu'on adore, mais pour 2 jours seulement". Pour "Ma vie c'est de la marde" son tube, véritable "chanson de thérapie de groupe", ses trois cheum jouent les jolis choeurs avec conviction et tout le public suit le mouvement. C'est avec une même assurance que tout c'beau monde descend nous rejoindre pour se planter au fond de la salle. Lisa sort un violon, nouvel instrument de sa panoplie donc, pour entamer deux superbes morceaux d'inspiration cajun. Une source d'inspiration naturelle pour elle en tant qu'acadienne… Cela aurait pu s'arrêter là, mais Lisa Leblanc nous fait cadeau d'une p'tite chanson d'amour qu'elle revient nous chanter toute seule, une ôde aux "Kraf diner"…

Setlist The Blind Suns
Smoke and mirrors
Personnal way to love
Rockerfeller
Hovering
13.31
Solar wind
American psycho
Empty sea shells
Shakin all over (cover Johnny Kidd and the pirates)

Setlist Lisa Leblanc
(Self-proclaimed) Voodo woman
J'pas cowboy
Chanson d'une rouspéteuse
City slickers and country boys
Could you wait'til I've had my coffee
Katie cruel
Ti gars
Lignes dhybro
5748 km
Race track
I love you, i don't love, i dont know
Gold diggin' hoedown
You look like trouble
Ace of spades
Why does it feel so lonely (when you are around)
Eh cher (You're overstayed your welcome)
Ma vie c'est de la marde
Motel
Cajun
Kraf diner

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