Les Fatals Picards (+ Frédéric Fromet) à  l’Olympia, 14.10.2017


14 octobre 2017, l’évènement est dans la capitale. Mais lequel ?
Il y a bien Manu Chao qui joue en acoustique à la Boule Noire, mais ce n’est pas de celui-là qu’il est question ici.
Non, encore mieux, les Fatals Picards prennent l’Olympia ! Bon c’est pas une première, c’est même la huitième fois, mais comme dit ma grand-mère, la huitième c’est quand même la première depuis la septième. Comme quoi, il faut toujours écouter les anciens.

 

Frédéric Fromet


L’Olympia se remplit doucement. Il est 20 heures, la salle est à moitié pleine, lorsque Frédéric Fromet s’empare de la scène. Frédéric Fromet, tu sais, le mec qui chante des pamphlets rigolos sur France Inter ! Ça y est, tu remets ? Et bien le mec il ne fait pas que de la radio, il fait de la scène ! Il fait surtout de la scène d’ailleurs, et ça se sent, tant l’homme est à l’aise. Une contrebasse et un accordéon l’accompagnent, pour un set acoustique et jouissif. Le public ne s’y trompe pas, délaissant le hall et ses tireuses à bière (ne va pas à celle du milieu, la pompe est en panne), et venant prendre sa tranche de chanson dans la salle.

Fatals Picards Country Club, Concert, Rock, Punk, 2017

Car Frédéric Fromet, sur scène, c’est un sacré bon moment. Drôle, impertinent, sarcastique, caustique, plein d’autodérision. Un premier morceau sur les bobos "qui peuplent cette salle", un autre sur le foot ("Shoote, shoote, shoote, dans la baballe"), les morceaux s’enchaînent, ponctués par la verve du monsieur. Et le public répond présent. Forcément, les thèmes abordés font consensus dans cette salle venue voir les Fatals Picards : les bobos, Neymar, les joggers, les bédots… Et quand il reprend du Polnareff, c’est pour ajouter du bon goût dessus : « Tout pour ma Syrie », en se mettant dans la peau de Bachar… Si tu n’as pas d’humour, ce n’est pas pour toi !
Tu veux du bon goût ? Encore sur la Syrie, Frédéric Fromet sait piocher dans le répertoire de la variété. "Seul sur le sable, les yeux dans l’eau", ou encore "j’ai perdu la tête depuis que j'ai vu Daesh" . Le bon goût, on adore !

Fatals Picards Country Club, Concert, Rock, Punk, 2017

Les artistes morts en prennent aussi pour leur grade. Après Roch Voisine et Dany Brillant, c’est l’esprit de Fauve qui vient déverser son post-trauma-dépressif. "On va tous crever", à la manière de Saez, puis un final sur "Chante", des Forbans, mais parodié en mode chrétien, Etienne Chatillez a dû apprécier.. L’Olympia est désormais complet, le public est en phase, Frédéric Fromet a réussi son ouverture.

Frédéric Fromet est sur Facebook, et sur son site perso, et aussi dans la cuisine, mais ça, ça ne nous regarde pas.

 

Les Fatals Picards

Il est grand temps de nous remettre de nos émotions. Chance, pas trop de monde à la buvette, contrairement aux toilettes de l’Olympia, surtout côté féminin. Quand enfin les patrons de la salle se rendront-ils compte que 5 pauvres toilettes pour accueillir plusieurs dizaines de personnes en quelques minutes ce n’est pas assez….
Bon tu l’as compris, avide lecteur/rice, cette soirée est sur le ton de la plaisanterie potache, mais aussi en contestation sur les grands problèmes de ce monde.
Aussi, quand le répondeur des Fatals Picards débite sa bande annonce, et que le Country Club au complet arrive sur scène, dans ses plus belles tenues de gala, le public peut enfin respirer. Oui il reste de la classe et de l’élégance en ce bas-monde ! Deux boules à facettes gigantesques dans les coins, le bon goût est assurément de la partie. Tout de suite, les Fatals Picards démarrent avec "A la vie, à l’armor", qui fera s’agiter quelques drapeaux bretons. L’ambiance est très bonne, très décontractée. On pourrait même dire casual, voire smart.
Oui, mais ça, c’est avant. Avant l’incident : le morceau finit avec grosses guitares et batterie binaire, le maquillage se fissure : Les Fatals Picards sont des imposteurs du Country Club, ce sont d’ignobles Punks !

Fatals Picards Country Club, Concert, Rock, Punk, 2017

Le temps de se remettre de cette sidération, les voilà qui entonnent un hymne aux hippies urbains. Cette fois les masques sont tombés, on est tombé dans un traquenard. Au chant, Paul Léger est dans une forme extraordinaire, même si la présence de sa môman dans les tribunes le voit s’excuser très souvent suite à ses vannes parfois douteuses, parfois même de mauvais goût, avec quelques gros mots dedans. Bouh !

Des 2 côtés de la scène, et complètement interchangeables, les 2 guitaristes / bassistes, Yves et Laurent, assurent le boulot. Gros son ou acoustique, riffs saignants ou soli bien sentis, ça sent bon le rock’n’roll. Un hymne aux hippies 2.0, une petite madeleine en forme de magnet du Jura, l’occasion d’accueillir un cinquième picard au clavier (et parfois à la guitare), salué comme il se doit par une cascade phénoménalement risquée de Paul qui saute d’au moins 20 cm, sans la moindre fracture ouverte ni le plus petit début de fuite urinaire. Ce qui rassurera tous les fans inquiets, les Fatals Picards ont encore la patate !

Fatals Picards Country Club, Concert, Rock, Punk, 2017

Les morceaux s’enchaînent, et font trembler le plancher de l’Olympia. Après "la sécurité de l’emploi" bien secoué, c’est un bon vieux boogie qui fait danser les foules, le cultissime et avant-dernier au classement de l’Eurovision "l’amour à la française".
Fin des blagues, on passe aux choses sérieuses. On est à l’Olympia, c’est pas n’importe quelle salle, alors il faut faire péter le champagne. Il faut de la classe, il faut du featuring. Et c’est l’improbable Lolla Wesh qui s’invite, dans sa plus belle robe, pour un "laissez-moi danser" que Dalida elle-même n’aurait pas reniée, elle la star Punk-Glam (ou un truc comme ça, mais de toute façon on s’en fout). Si tu ne connais pas Lolla Wesh, comment dire… Imagine une fille tout droit sorti d’un Starsky et Hutch, barbe bien soignée, voix rauque… Bon ok, si tu ne vois pas mieux, va voir sur sa page Facebook, ce sera plus simple.

Fatals Picards Country Club, Concert, Rock, Punk, 2017

Le temps de se laver les yeux après cette folie visuelle, et c’est au tour de Kemar (No One is Innocent) de venir pousser la chansonnette. "Le Reich des Licornes" d’abord, qui donnera lieu à un lâcher de licornes gonflables, récupérées par les régisseurs parce que "à deux cent balle le bout, on en a encore besoin !". Puis un morceau des No One, "Charlie". Morceau puissant dans sa version originale, qui prend encore plus de force ce soir. Musicalement d’abord, tant les 2 groupes savent se retrouver dans ce rock’n’roll primaire, sauvage. Emotionnellement également. Les Fatals Picards ont perdu cher au Bataclan. La dédicace de Yves, le doigt vers les étoiles de Paul, l’esprit de Nathalight flotte encore dans la salle. Sacré morceau, sacré moment.

Petit passage acoustique : C’est une habitude, Jean-Marc Sauvagnargues quitte ses fûts et chante "mon père était tellement de gauche". Puis tonton Léger vient prendre sa plus belle contrebasse pour entamer "Canal St  Martin", et "Tais-toi et creuse". Oui, vraiment, c’est la soirée familiale.

Fatals Picards Country Club, Concert, Rock, Punk, 2017

Paul Léger est bavard. Très bavard. Du coup il se fait régulièrement rappeler à l’ordre par ses comparses, et demande donc d’accélérer le tempo des morceaux. Le temps d’un clin d’œil aux Bérus, d’un hommage à Jean Rochefort, et c’est reparti à donf. "Le combat Ordinaire", "Bernard Lavilliers", "Atomic Twist", ça enchaîne.

Nouveau guest, c’est au tour de Manou (Elmer Food Beat), casquette vissée sur la tête, de nous faire profiter de son bel organe. "Le défibrillateur", puis "La caissière de chez Leclerc", la foule, en transe, en redemande.

Fatals Picards Country Club, Concert, Rock, Punk, 2017

La fin du set sera qualifiée par les experts en terminologie musicale de "rock à guitare", voire "Punk". Que ce soit dans le rockollection à leur sauce ou dans la version du "Fils de P(outine)" en rappel, le tempo se durcit. Puis un "Punk à chien" avec Paul à la guitare. Bien sûr comme il est difficile de faire les 2 à la fois, il ne peut pas chanter, mais c’est pas grave, de toutes façons les paroles, tout le monde s'en fout. Dernier morceau, le désormais célèbre flashmob improvisé, "Punk au Lichtenstein" voit le retour de Lolla Wesh, dans un très bel ensemble cuir très échancré surtout derrière. Histoire de bien conclure une belle soirée.

Pour leur huitième Olympia, les Fatals Picards ont tombé le voile. Ces ignobles rockeurs invétérés et irrévérencieux sont décidément bien partie prenante des groupes qui comptent dans le rock français.

Les Fatals Picards sont en tournée partout, tu peux trouver toutes les dates sur leur page Facebook ou sur leur site web.

Crédit Photos : Rodolphe Goupil
Merci à Marylin de Label Adone

 

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