One Ok Rock (+Crown The Empire) au Zénith de Paris (22.12.2017)

Noël approche, les vacances sont là pour beaucoup de monde alors quoi de mieux qu’un concert de One Ok Rock pour bien terminer l’année ? Les Japonais faisaient étape dans un Zénith de Paris blindé pour la dernière date de leur tournée européenne. De quoi mesurer leur côte de popularité folle à Paris et défendre le nouvel album Ambitions, controversé chez les fans les plus anciens pour son approche résolument pop.

Crown The Empire

Plutôt singulier de voir un groupe de metalcore en première partie de One OK Rock alors que les japonais tentent d’adoucir leur musique depuis plusieurs albums. Mais Crown The Empire ne sont pas des inconnus et les acclamations sont nombreuses lorsque les Texans rentrent sur scène. Sous la forme d’un quatuor (alors qu’ils étaient six auparavant), le groupe livre une prestation honorable devant un public pas forcément venu pour une musique si agressive. Le son est de bonne qualité et on sent une formation rôdée à la scène, capable d’occuper tout l’espace d’une grande salle comme le Zénith.

Niveau musique, on est face à un metalcore aux ficelles assez grossières, notamment au niveau des breakdowns inutiles remplissant à peu près deux tiers des compositions. Il y a beaucoup mieux dans le genre, c’est certain mais Crown The Empire nous fait quand même passer un bon moment avec sa musique bien exécutée et son énergie communicative. Le frontman Andy Leo maîtrise parfaitement son chant clair et il est très bien épaulé par son guitariste en clean et par son bassiste en scream.

Des samples de clavier se font très souvent entendre, comme souvent dans ce genre de metalcore à l’américaine mais ils n’empiètent pas sur les instruments et la prestation globale est loin d’être ridicule.
Pas de moshpit lancé alors que l’ambiance aurait pu s’y prêter mais le public de One Ok Rock accueille les Américains avec enthousiasme, sautant et headbanguant sur la quasi-totalité des morceaux. Cela semble faire plaisir au groupe qui donne rendez-vous à tout le monde au stand de merch en toute simplicité, au bout des trente minutes qui leur sont accordées. Pas de doute, une bonne partie du Zénith a apprécié cette ouverture.

One OK Rock

Une chose est sûre, avec son changement de style One Ok Rock a gagné beaucoup plus de fans qu’il en a perdu. La clameur du Zénith lorsque les quatre japonais montent sur scène parle d’elle-même. Ambitions a beau sonner assez creux avec un son aseptisé entre Thirty Seconds To Mars et Maroon 5, la formation a pu séduire une nouvelle fanbase peut-être moins attachée à la culture japonaise.

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Le concert commence avec la doublette « Bombs Away » - « Taking Off » et déjà se prend au jeu de l’interprétation ultra-pro des quatre membres. Les nouveaux morceaux sont transformés en véritables hymnes live que l’ensemble de la foule reprend, au point de ne plus entendre le groupe. Évidemment, eux sont habitués à de telles réactions au Japon et savent comment en tirer parti. Toru et Ryota courent partout d’un bout à l’autre de la scène en occupant tout l’espace disponible et Taka mène son public à la baguette avec un charisme et un talent fou. La voix du frontman est parfaitement juste d’un bout à l’autre du set et il se paye même le luxe de faire durer ses vocalises de nombreuses secondes sur « Clock Strikes » pour le prouver. Bizarrement, c’est Tomoya à la batterie qui travaille le plus sur les chœurs en les assurant en quasi permanence sur beaucoup de morceaux.

Le choix de setlist des Japonais est radical puisque 10 titres sur 13 viennent d’Ambitions. Dommage d’occulter ainsi une partie du passé en effaçant de la setlists les indispensables « No Scared » ou « Kanzen Kankaku Dreamer ». On voit la volonté du combo de se couper de son ancien public, un choix qu’il est difficile de respecter.

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Heureusement, on passe tout de même un bon moment avec les nouveaux titres comme la balade « Take What You Want », interprétée en acoustique. En plein milieu de ce morceau, le groupe se fige pendant plusieurs minutes sans que grand monde dans le public comprenne pourquoi et on cherche encore la raison de cette interruption. Passé ce moment étrange, Taka s’éclipse et nous laisse sur un jam instrumental permettant de confirmer que One Ok Rock possède l’une des meilleures sections rythmiques de la scène rock : Tomoya, monstre derrière sa batterie et Ryota, bassiste au groove exceptionnel et au slap à rendre jaloux les meilleurs. Derrière ces deux-là, Toru le guitariste ferait presque pâle figure.

Contrairement à bon nombre de ses compatriotes, Taka possède un niveau d’anglais honorable et en profite pour dialoguer avec la foule à de nombreuses reprises. Rappelant que Noël n’est pas dans la culture japonaise, il souhaite néanmoins de joyeuses fêtes à tout le monde en précisant que le groupe aussi retourne au Japon dès le lendemain pour passer un peu de temps en famille.

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On approche doucement de la conclusion et « The Beginning » est repris fiévreusement par toute la foule, mais le grain de folie apporté par One Ok Rock va définitivement se montrer en fin de set. Taka annonce « Mighty Long Fall » et demande à la fosse un wall of death, plutôt osé dans un concert de pop-rock ! La petite partie du public comprenant de quoi il est question s’exécute tant bien que mal et on voit enfin apparaitre un peu de mouvement, dans la limite du raisonnable. Le groupe se permet même de jouer un breakdown absent de la version studio, sans toutefois déclencher de moshpit.

Le moment de folie aurait pu s’arrêter là mais sur le titre suivant, « We Are » Taka décide de prendre une petite ballade dans le public, allant jusque dans les gradins pour chanter la fin du morceau. Une fin de show à l’ambiance inattendue qui prouve que One Ok Rock même avec une musique aseptisée sait toujours être imprévisible. Le rappel « American Girls » possède lui peu de qualité musicale mais on passe un bon moment avec tous les membres de Crown The Empire invités sur scène pour clore cette tournée de la plus festive des manières.

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Au final, le concert aura été plutôt court (1h20 alors que le groupe donne en général des shows de deux heures au Japon) et on peut légitimement reprocher à One Ok Rock d’avoir fait le minimum. D’un autre côté, le show aura comblé quasiment tout le monde avec son pop-rock désormais taillé pour les stades et les grandes scènes. Les Japonais sont définitivement au top de leur genre et ils n’ont certainement pas fini de gagner en popularité à l’international.

Setlist:
Bombs Away
Taking Off
Clock Strikes
Bon Voyage
Bedroom Warfare
I Was King
Hard to Love
Take What You Want
Jam Session
The Beginning
Jaded
Mighty Long Fall
We are

American Girls

© photos Rodolphe Goupil / 2017

Un grand merci à Valentin de Warner Music.

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