Toto au Zénith de Toulouse (26/03/18)

À l’occasion de son quarantième anniversaire, Toto est de retour sur scène avec un album best-of, 40 Trips Around The Sun, sorti en février 2018, dont l'intérêt réside surtout avec 3 nouveaux titres ("Alone", "Spanish Sea" et "Struck By Lightning"). Leur passage dans la ville rose était pour nous l'occasion de passer une superbe soirée d'avance, les ayant vus déjà maintes fois (première fois en 1995). S'ils sont boudés depuis des décennies dans leur pays natal, l'Europe et particulièrement la France leur réserve toujours un accueil chaleureux, même 40 ans après.

Et les 8000 personnes qui se rendent au Zénith de toulouse ne vont clairement pas le regretter, surtout qu'on est dans le mode "An evening with", dans la mesure où le groupe attaquera sans première partie aux alentours de 20h25.

Le rideau tombe littéralement avec "Alone", nouveau titre combinant habilement les caractéristiques de ce groupe culte (rythmique, sons de claviers, basse groovy…). Sans backdrop ni accessoires futiles, on sent déjà que ça va jouer grave. Si Steve Lukather (guitare, chant) harangue déjà le public à venir près de la scène, Joseph Williams (chant), fils de qui vous savez, distille sa voix si spécifique avec bonheur dès l'entame. Nous ajouterons que le frontman ressemble de plus en plus à Zucchero, tellement il semble faire le yo-yo avec son corps (et là, on est à marée haute). Aux claviers, on a bien évidemment David Paich et Steve Porcaro (le dernier à représenter la fratrie si douée depuis la disparition de Jeff en 1992 et Mike récemment en 2015) qui s'en donnent à cœur joie, de leur point de vue opposé en coin de scène. Si le premier semble un peu avoir minci, le second nous régale toujours visuellement de son déhanché rythmique particulier. Le son est quasi parfait, et même nos habituels bouchons ne nous sont d'aucune utilité ce soir.

40 trips around the sun, Zénith, Show, Live Report

Après le départ surprenant de Simon Phillips en 2013, c'est l'excellent Shannon Forrest qui en impose derrière les futs, avec un jeu qui n'est pas sans rappeler celui du tant regretté Jeff Porcaro. Avec ses cheveux longs et son bouc, il ressemble à Dave Grohl, ce qui forcément, rappelle des souvenirs...Bien appuyé par l'éternel Lenny Castro aux percussions, le duo rythmique fait honneur à une des marques de fabrique de Toto. Après un "Hold The Line" envoyé rapidement (rarement en seconde position de la setlist), ce qui ne nous déplait pas à force de l'entendre, "Lovers In The Night" se fait remarquer par des petits problèmes techniques : d'une part le multi-instrumentiste Warren Ham (saxophone, flûte traversière, harmonica, chant…) a des problèmes d'attaches de micro sur son saxophone alors qu'il est en train de chanter le lead. D'autre part, Steve Porcaro fera une légère erreur de structure qui passera difficilement inaperçue. Mais le niveau technique des musiciens en présence rattrape le coup ni vu ni connu. Après un "Spanish Sea" qui passe plutôt bien l'épreuve du live, c'est le magnifique "I Will Remember" qui est interprété. Mais comme souvent, la difficulté du refrain pose des problèmes à Steve. Nous vous conseillons d'ailleurs de regarder le clip de ce titre où l'on peut voir le regretté Miguel Ferrer. À noter qu'à la basse, après le décès de Mike, et la venue de l'originel David Hungate (dont l'emprise de l'âge semblait déjà un problème) de 2014 à 2015, c'est l'athlétique Shem Von Schroeck qui est aux commandes, et qui se charge également avec brio des parties vocales très aigues.

Le fantasque acid-jazz "Jake To The Bone" fait plaisir aux musiciens présents dans la salle. Ce morceau est habituellement, et depuis 1992, dédié à la mémoire de Jeff, mais ce soir Steve ne l'évoquera pas, et même constat pour la mention concernant  Mike. Une volonté de tourner la page bien compréhensible apparemment. Le délicat "Lea" et le classique "Rosanna" clôturent cette première partie de set. Il est un peu dommageable selon nous de constater qu'une partie non négligeable des personnes présentes ne se lèvent et ne réagissent que sur les hits. Quoiqu'il en soit, début maintenant la seconde partie du set, plus calme et acoustique, même si finalement, il n'y a que Steve qui dispose d'une guitare sèche. Si le concept de ce genre d'exercice n'est pas nouveau, on s'assoit tous, on déconne un peu en revisitant des titres, l'originalité réside ici dans le fait qu'avant chaque morceau, les musiciens en expliquent leur conception, selon leur responsabilité dans leur écriture. "Miss Sun", "Georgy Porgy", "Human Nature" rendu célèbre par un certain Mickael Jackson et autres pépites parfois peu ou pas jouées. Un vrai régal, même si nous trouvons Steve Lukather un peu moins bavard et festif que d'habitude.

La troisième et dernière partie repart avec un "Goodbye Girl" toujours aussi bon (et les mêmes frissons toujours présents sur ces accords du couplet). Et là, on rentre dans un triptyque de raretés clairement adressées aux vieux fans : le progressif "Angela", suivi de "Lion" (datant de l'album Isolation, avec Fergie Frederiksen au chant, disparu également récemment en 2014) et surtout le "Desert Theme", de l'unique bande originale composée par Toto. Il s'agit bien entendu du film Dune de David Lynch. L'ambiance sonore nous replonge directement dans ce film de science-fiction pas piqué des vers. Après une reprise des Beatles en hommage à George Harrison, source d'inspiration pour Lukather, et un "Make Believe" très rafraîchissant niveau chant, vient le tube de Toto, "Africa", qui voit enfin le public se bouger comme il se doit (bon, étant l'avant-dernier titre de la soirée…c'est un peu tard). Avec sa rythmique solide toujours aussi efficace, et ses parties claviers si caractéristiques, là encore, l'effet est immédiat. Que dire du long solo de Castro aux percussions, avec toujours en fond la boucle rythmique rendue avec brio par Shannon.

Que dire? Une setlist relativement surprenante (le dernier album XIV n'est pas représenté) avec de véritables pépites, des musiciens aussi talentueux que complices sur scène, le privilège pour nous de voir sur scène des monstres comme David Paich, Steve Lukather et Steve Porcaro, en ayant une pensée émue pour Jeff et Mike…Quarante ans de carrière certes, mais tant que la magie opère que ce soir…Nous regretterons toujours que ces membres ne soit considérés que comme des musiciens de studio (alors que comme l'excellent documentaire Hired Guns le souligne, ce sont souvent eux qui font les stars) et que leur apport depuis quatre décennies au monde de la musique soit sous-estimé.

Set 1
• Alone
• Hold the Line
• Lovers in the Night
• Spanish Sea
• I Will Remember
• English Eyes
• Jake to the Bone
• Lea
• Rosanna
Acoustic Set
• Miss Sun
• Georgy Porgy
• Human Nature (Michael Jackson cover)
• Holyanna
• No Love
• Mushanga
• Stop Loving You
Set 2
• Girl Goodbye
• Angela
• Lion
• Dune (Desert Theme)
• While My Guitar Gently Weeps (The Beatles cover)
• Make Believe
• Africa
Encore:
• The Road Goes On

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