Rock En Seine jour 2 (25/8/18) : Thirty Seconds To Mars, Liam Gallagher, Black Star, The Psychotic Monks


Deuxième jour du festival francilien, et on ne s'est toujours pas vraiment remis de la performance de Mike Shinoda la veille. Si dans l'après-midi, plusieurs groupes de rock ont marqué le public, le soir, les meilleurs concerts sont peut-être à chercher du côté des rappeurs. Sauf si vous vouez un culte aux robes de chambre de votre grand-mère.

 

The Psychotic Monks
Scène de l’Industrie, 15h30

par Aude D

En ce début d’après-midi, la scène de l’Industrie est encore loin d’être pleine. Mais pas de quoi décourager les quatre garçons de Psychotic Monks qui vont distiller pendant une heure leur rock stoner psychédélique et dérangé.
 

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Au sein d’un même morceau, le groupe alterne les ambiances, mais leur musique reste profonde et envoûtante. Certains passages sont calmes et planants, avec le guitariste au chant clair, et tout d’un coup, la scène s’emplit de distorsions, le chant – partagé par les quatre musiciens – devient éraillé, la musique accélère, s’énerve, des cris surgissent, la violence s’impose, et les guitares, la basse, les claviers, la batterie, tous les instruments semblent pris de folie.

 

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Le groupe est extrêmement intense sur scène, et il y a quelque chose de l’ordre de la transe dans leur comportement. Le bassiste semble parfois pris de crises d’épilepsie, tandis que le guitariste principal se roule par terre en robe, comme possédés par leur musique. Le groupe parle très peu, complètement absorbé.

 

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La fosse n’est pas pleine, mais le public adhère au show, réserve un très bon accueil aux musiciens, et semble soufflé à la fin de leur prestation. On se demande si les voix plaintives et le maelstrom sonore ne finiraient pas par être lassants sur un concert de deux heures, mais pour ce premier concert de la journée, The Psychotic Monks a réussi à mettre le public dans un état second.
 

Photos : Christophe Crenel

 

8 In Bloom
Scène Île de France, 16h20


par Aude D

Le samedi et le dimanche, la scène Île de France présente le dispositif Première Scène : des groupes de lycéens sélectionnés en amont du festival se sont vus offrir leur premier concert à Rock En Seine, excusez du peu.
 

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L’un d’eux est le duo 8 In Bloom, composé d’une chanteuse, Léa, et d’un guitariste – claviériste, Léo – ça ne s’invente pas ! Ils jouent une pop un peu éthérée, chantée en anglais, qui n’est peut-être pas ce qui se fait de plus marquant, mais qui est bien faite et très agréable à écouter, d’autant que la chanteuse possède en outre une jolie voix. On pourrait regretter que les parties de batterie soient enregistrées, mais tellement de groupes reconnus utilisent des bandes enregistrés à la place de certains instruments – au hasard, la tête d’affiche de ce samedi soir – qu’on ne peut pas blâmer des nouveaux venus pour cette raison.

 

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Le tout dernier morceau, plus animé, penche plus vers le rock, et retient mieux notre attention. Comme il s’agit d’un des premiers concerts du duo, le jeu de scène et les interactions avec le public sont évidemment limités, mais cela n’empêche pas les spectateurs de réserver un bon accueil à 8 In Bloom.

Malgré des éléments évidemment perfectibles, 8 In Bloom a réalisé une bonne prestation, et le groupe possède un vrai potentiel, qu’on lui souhaite de développer complètement.
 

 Photo : Nicolas Joubard
(Photos ambiance scène Île-de-France)

 

Waste
Scène Firestone, 17h

 

par Aude D

La minuscule scène Firestone va maintenant se mettre à danser avec Waste. Le quartette français attaque à toute allure avec un rock ultra dansant en anglais, au clavier très disco et à la basse très groovy. Le titre est très bon, mais malheureusement en partie gâché par de gros problèmes de son qui craque. Qu’importe, le chanteur Edwin Ziegler est survolté, le public réagit bien, et le frontman décidé dès le premier titre de faire asseoir tout le monde pour repartir de plus belle dans l’agitation.

Le groupe veut visiblement montrer l’étendue de son répertoire. S’il propose beaucoup de morceaux animés ultra efficaces, il joue aussi des ballades – notamment dès le deuxième morceau – où les nappes de clavier dégoulinent, et des morceaux plus atmosphériques, comme le troisième, très réussi.
 


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Si la basse et les claviers se distinguent, la voix du chanteur est correcte sans être extraordinaire, elle est efficace sur les titres les plus dansants, mais sonne plus platement sur les ballades. Quoi qu’il en soit, il est très communicatif et fait beaucoup participer le public, qui ne demande pas mieux, tape dans ses mains, danse et saute dans tous les sens.

Le groupe conclue son show après que le chanteur a remercié leur ingénieur du son, leur équipe technique, la salle du Plan, qui les accueille régulièrement, et surtout ses comparses, car « ils me supportent tous les jours ! », salue-t-il.

 

 

King Gizzard & the Lizard Wizard
Grande Scène, 18h45


par Xhantiax

King Gizzard & the Lizard Wizard, voilà un drôle de nom qui commence à faire sensation dans la sphère du rock psychédélique. Les Australiens ont blindé un Bataclan en mars et reviennent nous voir pour une petite heure de set.
 

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Avec quatorze albums studio depuis sa création en 2010, les sept garçons ont de la matière à présenter au public parisien et ils ne vont pas s'en priver. Le début du set est époustouflant, les deux batteurs se renvoyant la balle dans une symétrie visuelle impressionnante. On est sur un vrai rock psyché inspiré par les plus grands entre Pink Floyd et Hawkwind. Trois guitares sur scène rendent les riffs du groupe lourds au possible et le frontman Stu McKenzie possède un chant à nous faire plonger trois décennies en arrière. Ajoutez à cela des maracas et un harmonica pour une petite touche printanière et vous obtenez un cocktail à rendre fou le public de la Main Stage.

 

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Les slams s'enchaînent en effet devant une sécurité un peu dépassée par la vague qui lui arrive dessus. Pourtant la musique des Australiens n'est pas vraiment violente, plutôt hypnotique à l'image de "Rattlesnake" où le titre de la chanson est répété en boucle pendant presque dix minutes. Mais le public rock du festival, sans doute frustré se lâche en démarrant un mosh pit assez intense. Les corps se percutent comme des auto-tamponneuses pendant que sur scène le clavier d'Ambrose Kenny-Smith nous envoie des sons tantôt rétro, tantôt électro plus moderne.

 

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La seule chose que l'on peut finalement reprocher à King Gizzard, c'est d'être un peu trop statique sur scène et de communiquer assez peu avec la foule. Le set peut donc devenir un peu répétitif pour les non-initiés à ce genre de rock psychédélique. Heureusement, les sept membres sont bien sonorisés, ce n'était pas une mince affaire d'obtenir un son clair avec autant d'instruments sur scène.

 

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Sur le titre "People-Vultures", King Gizzard & the Lizard Wizard nous quitte et on est plutôt satisfait d'avoir passé avec une heure plongé dans leur univers rétro en plein milieu de ce festival jouant la carte de la modernité. Une parenthèse bien appréciée.


Photo : Clara Griot

 

Black Star
Scène de la Cascade, 19h45


par Xhantiax

Deux légendes du hip-hop Américain s’avancent sur la scène de la Cascade pour prouver au public de Rock en Seine que le boom-bap n’a pas encore été entièrement enterré par la nouvelle vague trap qui inonde le marché du rap. Black Star, composé de Talib Kweli et Yasiin Bey (mieux connu sous son ancien pseudo de Mos Def). Le duo arrive sur scène accompagné d’un DJ et va nous envoyer des bonnes vibrations à base de leur unique album sorti en 1998 et des titres de la carrière solo des deux rappeurs.

 

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Le charisme de Yasiin Bey fait vite la différence et le place en leader du show. Capable de passer d’un flow millimétré à un chant mélodieux du plus bel effet, l’homme au chapeau éblouit par sa classe. Derrière, Talib Kweli et son t-shirt Frank Zappa pose son flow sans forcer et fait même la police sur scène lorsqu’un intrus y débarque.

 

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Après un début de set somme toute sympathique, on voit huit musiciens rentrer sur scène et former rien de moins qu’un ensemble de cuivre avec batterie guitare et basse en prime. A partir de là, le show prend une toute autre dimension et ce qui commençait comme un set sympathique va vite se transformer en meilleur concert de la journée. Le groove et la complicité de tous les acteurs sur scène fait plaisir à voir et on a droit à une fantastique version de "Hip-Hop", classique de Mos Def transcendé par les trombones et trompettes.

 

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On sent les deux MC plein de bonne volonté et attentifs à ce qui se passe dans le public. Yasiin prend même la peine de stopper une chanson après avoir détecté quelques tensions dans la foule. "Si vous avez des problèmes à régler, allez le faire ailleurs, l’énergie ici est uniquement positive". Petit à petit le public rentre doucement dans le show et finira en acclamant les onze musiciens. Un concert unique et l’un des grands moments de ce Rock en Seine 2018.
 


Photo : Clara Griot

 

Liam Gallagher
Grande Scène, 20h45


par Aude D

Tout l’été, les frères Gallagher ont sillonné les festivals européens sans jamais se croiser. Noel avait d’ailleurs placé la barre haut à Lollapalooza, en chantant aux côtés de Damon Albarn – so choking, pour les purs et durs adeptes de la Guerre Mondiale de la britpop.

 

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Liam, lui, ne chantera en duo avec aucun ex ennemi durant son concert à Rock En Seine – il doit de toute façon considérer qu’aucun ne lui arrive à la cheville. Mais comme son frère, sa tournée solo estivale est surtout un prétexte à ressortir les vieux morceaux d’Oasis, et contrairement à son cadet, il ne prend même pas la peine de faire semblant de vouloir présenter son dernier album en date. Il commence d’office avec "Rock’n’Roll Star", des fois que l’on oublierait que Monsieur se considère sans doute comme la plus grande rock star de l’humanité, et le mot est même affiché en grand sous le clavier. Enchaînement direct avec "What The Story Morning Glory". Au final, la grande majorité des titres seront issus de la discographie d’Oasis, comme si l’album solo de Liam et son groupe Beady Eye n’étaient que des side projects du chanteur d’Oasis.
 


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D’ailleurs, Liam lui-même semble être resté coincé dans les années 1990 : mêmes vêtements informes qu’à l’époque d’Oasis, même posture, courbé sur le micro, les jambes écartées, les mains dans le dos, qu’il ne quitte que de temps à autre pour aller errer nonchalamment sur scène, même air désabusé, même façon je-m’en-foutiste de secouer son tambourin (le même qu’à l’époque ?) ou ses maracas. Bref, on ne peut pas dire que le chanteur déborde de présence scénique, ni que son attitude indique qu’il est ravi d’être là. Il faut cependant lui reconnaître qu’il met de l’énergie dans son chant – à défaut d’être toujours juste – et qu’il communique pas mal avec le public. Dans celui-ci, se trouvent probablement des gens qui étaient là, dans ce même parc de Saint-Cloud, en 2009, quand Liam et Noel, après une énième dispute en coulisse, décidèrent de mettre fin à Oasis, juste avant de monter sur scène. "Ah, c’est pour ça que les coulisses me disent quelque chose ?", s’interroge l’aîné Gallagher, avant de dédier "Champagne Supernova" à Noel – il dédiera la suivante à sa femme.
 


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Derrière, les cinq musiciens font leur travail efficacement, sans vraiment se mettre en avant, on entend clairement des guitares lourdes et puissantes, ce qui rend l’interprétation des chansons à peu près intéressantes, même si ce concert est très loin d’être le plus marquant du festival. On note d’ailleurs que le guitariste principal ressemble étrangement à Noel Gallagher, un acte manqué de la part de son frère ?

 

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Evidemment, le show se conclut quasiment sur "Wonderwall", assurée version service minimum par Liam, et reprise en chœur par la foule. Voir les deux frères Gallagher faire des concerts chacun de leur côté pour passer les deux tiers du concert à jouer des chansons de leur ancien groupe à un avantage pour les fans d’Oasis, qui ont ainsi deux fois plus de chances d’entendre leurs morceaux préférés. Mais vu la tendance assumée des frangins à jouer sur la corde nostalgique de leur auditoire, on se dit qu’ils auraient vraiment intérêt à reformer le groupe et à faire quelques reprises de leurs projets solo respectifs. Après tout, c’est déjà ce qu’ils font chacun de leur côté.

 

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Photo :  Olivier Hoffschir

 

PLK
Scène de l'Industrie, 20h50


par Xhantiax

On parlait avec Black Star d’opposition entre ancienne et nouvelle école du rap, c’est un représentant de cette dernière qui fait son apparition sur la scène de l’industrie. PLK, membre du Panama Bende n’est pas très loin de chez lui et vient représenter le 14ème arrondissement de Paris. Avant de monter sur scène, c’est le DJ qui vient chauffer le public pendant un peu plus de dix minutes. Une habitude un peu gênante pour ce style de musique mais le rappeur finit par débarquer accompagné d’Ormaz du Panama Bende.

 

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À partir de là, les tubes vont s’enchaîner et les fans de PLK sont déjà chauds comme la braise. Le Parisien chante peu et se fait bien aider par l’autotune mais ses titres traps sont des bombes et l’ambiance sur la scène de l’Industrie est une des plus chaudes du weekend. "A A A" se distingue par son refrain mémorisable en quelques secondes alors que "Pas les mêmes" voit un "rond" se former au milieu de la fosse à la demande de l’artiste.

 

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Comme cadeau à sa fanbase, PLK interprète un tout nouveau morceau pas encore sorti, une jolie exclu. On sent que l’effort sur le show a été fait avec de la pyro, pas extravagante mais qui apporte une jolie plus-value visuelle. En dehors de ça, le show se passe surtout dans la fosse avec un moshpit quasi continu, une chose habituelle maintenant dans les concerts de rap et on ne va pas se plaindre de cette appropriation culturelle au metal, loin de là.

Pour finir le set, on se fait plaisir avec "Pas les mêmes" joué une deuxième fois. PLK a réussi son Paris avec ce show à Rock en Seine, certes les paroles sont loin d’être intelligentes mais les titres sont faits pour mettre l’ambiance et ce soir, l’ambiance a été mise d’une fort belle manière.
 


Photo : Clara Griot

Thirty Seconds To Mars
Grande Scène, 23h


par Aude D

Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Thirty en ce temps-là jouait d’la vraie musique jusque sous nos fenêtres. Et si les salles où ils jouaient avec temps de ferveur ne payaient pas de mine, c’est là qu’on les a connus, quand bien même Jared n’a jamais posé nu – calmez-vous tout de suite, bande d’obsédés !

Mais ça, c’était avant. Le groupe s’est depuis enfoncé avec délectation dans une electro pop insipide, et s’il a gagné énormément de fans, lui permettant de jouer dans des salles toujours plus impressionnantes, il en a aussi égaré un certain nombre. Il a aussi perdu un guitariste au passage, Tomo Milicevic, membre depuis 2004, ayant visiblement estimé cette année qu’il était plus judicizux pour sa carrière de passer son temps à jouer sur Twitch que de continuer à s’associer aux frères Leto. Quand on entend America, le dernier opus des Californiens, on le comprend.

 

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Mais le groupe a offert de très bonnes prestations sur scène par le passé, et s’il est programmé ce soir en tête d’affiche, c’est qu’il doit bien y avoir une raison. Le désormais duo arrive sur scène avec dix minutes de retard, histoire de bien faire valoir son statut de rock star – mais à ce jeu-là, ils ne peuvent pas rivaliser avec PNL. Quand les lumières s’éteignent et que l’introduction enregistrée démarre, la foule – conséquente, mais pas la plus compacte du festival  – se fait entendre avec ferveur.

Les frères Leto montent sur scène au son de "Monolith". C’est une bonne idée d’introduction, étant donné que c’est un des rares morceaux intéressants d’America, et que Shannon, impressionnant à la batterie, comme toujours, apporte une réelle puissance au morceau.

 

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Première constatation : le styliste de Jared Leto est visiblement aussi mauvais que celui de Fred Durst – le peignoir à fleurs et les gants à sequin, on ne valide pas du tout. Seconde constatation : le groupe lance les hostilités avec des morceaux un peu anciens, "Up in the Air", de l’avant-dernier album, et surtout "Kings and Queens" et "This Is War", issus du troisième album, des titres qui en principe passent très bien en live. Et là les avis divergent dans la rédaction : si certains trouvent que Jared assure correctement le chant, d’autres estiment au contraire qu’il a perdu sa puissance vocale et qu’on l’entend s’essouffler dès les premiers morceaux – courir partout et avoir du coffre à 47 ans, c’est un métier. En tous cas, il fait hurler le public, tourne sur lui-même, parcourt la scène d’un bout à l’autre à toute vitesse, fait s’asseoir les fans dès le premier morceau pour repartir de plus belle.

 

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S’ensuivent ensuite plusieurs morceaux tirés des deux derniers albums : globalement, c’est mou, ça manque de pêche, le dynamisme semble artificiel. Plusieurs passages instrumentaux sont des bandes enregistrées. Il faut dire qu’en dehors de Shannon, qui ne démérite pas, le seul instrumentiste est Stevie Aiello, qui accompagne le groupe en tournée, et qui fait ce qu’il peut entre les claviers, la guitare, la basse et les chœurs. Il chante d’ailleurs parfois plus que le cadet Leto, mais reste planqué dans un coin sombre.

Alors, pour tenter de créer un peu d’animation, Jared court partout et se prend pour le Messie – mais si votre messie s’habille aussi mal et compose des chansons aussi médiocres que celles d’America, on vous conseille de changer de religion.

 

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Les spectateurs, au moins les premiers rangs, sont ravis. Le groupe a une réputation de proximité avec ses fans, et en fera monter sur scène à trois occasions. Si les heureux élus sont logiquement aux anges, dans la fosse, cela rend le concert interminable. D’autant que le résultant est souvent assez malaisant : le chanteur parle à certains spectateurs en ignorant les autres, leur demande de danser et soudain ne s’intéresse plus à eux, il parle avec un petit garçon aussi ravi que mal à l’aise… le résultat n’est pas chaleureux. Ce qui ne l’empêche pas de continuer d’en faire des tonnes – "C’est Jean-Michel Camping !" résume avec pertinence notre voisin de LGR.

Leto fait également monter le youtubeur Waxx sur scène pour jouer de la guitare sur le morceau "Rescue Me"  – histoire de se rappeler à quoi ressemble cet instrument, sans doute. Il doit en avoir un vague souvenir, car peu de temps auparavant, il chauffe le public en lui demandant : "Est-ce que vous voulez entendre From Yesterday, Night of the Hunter, Hurricane, Capricorn ?" Entendre de la vraie musique avec de vrais instruments ? La proposition est alléchante ! Las, les frères Leto enchaînent sur un énième morceau insipide.

Ils jouent tout de même quelques morceaux plus consistants, comme "Night of the Hunter", qui prouve qu’on peut mettre beaucoup d’electro dans son rock et en tirer des morceaux dantesques. Le public aura aussi droit à une version électrique de "The Kill", et Leto prouve durant quelques chansons que, quand il veut, il a encore de la voix.

 

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Le concert se termine sur "Closer to the Edge", sur lequel plusieurs dizaines de fans montent sur scène, provoquant la panique des vigiles, qui essayent d’empêcher le déferlement et se font vertement tancer par Jared, qui visiblement, avait prévenu l’organisation de cet événement. Le morceau est plutôt bien joué, même s’il aura fallu attendre un quart d’heure de flottement pour y avoir droit, mais le bilan de ce concert est très mitigé. On se souvient d’un vrai groupe de musiciens emmené par un leader charismatique à la crête rose et jaune flamboyante, on se retrouve avec un batteur, certes toujours très en forme, mais accompagné par une Tata Suzanne sur le déclin.
 

Photo : Clara Griot

Reproduction des photos interdite sans autorisation du / de la photographe concerné(e)
 

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