Pias Nites – Delgres (Poppy Ackroyd et Dan Stock) – la Maroquinerie (12.09.2018)

Mercredi, c'est Maroquinerie ! Un soir comme on les aime : une salle, trois ambiances avec trois artistes radicalement différents déclenchant notre ravissement. Le fief des mélomanes curieux a reçu, en son sein, le tiercé gagnant de Pias Nites avec Poppy Ackroyd, Dan Stock et Delgres. Le trio de blues caribéen, tête d’affiche de la soirée, y est sans doute pour beaucoup. Leur album Mo Jodi’, sorti il y a peu, cartonne côté critique et leur blues arrangé façon créole a l’air de bien fonctionner sur scène !

Delgres, Maroquinerie, septembre, Pias Nites, soubassophone, Rafgee
Crédit photo : Jérôme Travers

Ambiance tamisée pour jeune femme discrète, Poppy Ackroyd rentre sur scène d'une démarche douce et aérienne pour aller se poser sur son banc en face de son piano. Piano ? Vous avez dit piano ? On reconnaît bien les touches et le corps mais le reste... des ajouts de grille, de plaques en laiton, tout ca est difficile à décrire. Son violon aussi se la joue atypique en mode décharné. Clairement, l'ensemble tient plus du cabinet de curiosités que de l'opéra. Poppy, anglaise à souhait, nous emmène avec elle dans ses mélodies oniriques, extraterrestres d'une douceur attisant l'imaginaire à la manière d'un Miyazaki.

Titillant notre esprit, elle prend du classique pour se rapprocher de Air et même frôler du Massive Attack, rien que ça...On peut toujours décrire mais c'est une musique qui se vit. Figurez-vous que même le rockeur a besoin de se faire dorloter. Demoiselle devenue femme sur scène, Poppy se lève, part et revient nous saluer, un verre de rouge à la main. Finalement, le rock n'est pas toujours là où on l’attend, parfois il s’immisce plus dans l'attitude que dans la musique. Assez de métaphores, il a fallu nous donner un truc à nous mettre sous la dent, un os à ronger, nos nerfs à passer pour attendre l'arrivée de Delgres.

Poppy Ackroyd, Maroquinerie, septembre, Pias Nites, violon, piano
Crédit photo : Emilie Fricheteau

Un petit aperçu bien sympa pour nous sortir de nos songes. La salle, déjà pleine, regarde ce jeune anglais, et oui encore un, évoluer sur scène. Dan Stock, seul lui aussi, tient son public grâce à un bon jeu de guitare simple mais qui fait son travail. Le garçon multi-tâches pousse aussi la chansonnette. On dit que la jouissance se rapproche de la souffrance sur le faciès. À voir son visage quand il chante, on se demande si on vient de lui arracher les ongles ou s'il a un plaisir monstre d’être là... Ne reculant devant aucun scoop, nous vous confirmons qu'il avait bien tous ses cuticules. N’empêche, il en faut du courage pour lâcher les chiens comme ça et en plus, il le fait avec aplomb et humour. « Guys, you need some glasses » s'amuse-t-il en remarquant l'aura lumineux autour de lui. C'est que le rosbeef critiquerait le lighteux de la maroq ? Sont fous ces anglais...

Dan Stock, guitare, Maroquinerie, septembre, Pias Nites
Crédit photo : Emilie Fricheteau

Delgres, nous les avions découvert en 2016 lors du festival un Eté à Bourges. Devant un public majoritairement à la retraite. Le groove de Pascal Danaë, le jeu de batterie musclé de Baptiste Brondy et surtout la force de frappe sonore du soubassophone de Rafgee avait du faire péter plus d'un sonotone... Deux ans plus tard, avec ce premier album, le groupe accède à une notoriété amplement méritée. Leur blues des îles a tout pour plaire, puristes comme amateurs de musique chaloupée mélangés y trouvent leur compte. Leur nom qui évoque un héros guadeloupéen de la lutte anti-esclavage et le titre phare de l’album “Mister Président”, séduit également les plus engagés.

Révoltés, Delgres ? Oui, mais tout en douceur. Le public de la Maroq’ ne s’y trompe pas et adhère dès le premier titre "Respecte nous". Et lorsque Pascal Danaë l’incite à reprendre en choeur avec lui, tous démarrent au quart de tour. "Nous sommes tous créoles ce soir !”, clame le leader de Delgres. Il faut dire que les phrases brèves, la musicalité de cette langue, fait jeu égal avec l’anglais quand il s’agit de blues. Que les fans invétérés de guitare touffue ne partent pas en courant, le blues de Delgres sait se faire rock, le titre “Led Zep” parle de lui-même, l’esprit de “Whole lotta love” n’est pas bien loin... Ils pourront sans crainte aller les voir au Café de la Danse le 3 décembre prochain, ça bouge bien Delgres !

Delgres, Maroquinerie, septembre, Pias Nites, guitare
Crédit photo : Jérôme Travers

Merci à Jérôme Travers pour les photos de Delgres et Emilie Fricheteau pour celles de Poppy Ackroyd et de Dan Stock.

Rédaction : Mathilde Normand, Denis Madelaine

Lien Café de la Danse

Lien Un été à Bourges
 

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