Spock’s Beard (+ Roine Stolt’s The Flower Kings) à  la Machine Du Moulin Rouge – 06/12/18

Après les 20 ans de Garmonbozia fêtés dignement à l'Étage rennais, c'est au tour du label Inside Out, immense représentant du rock progressif, de célébrer 25 années de bons et loyaux services. Ceux qui ont dans leur panel d'artistes une flopée de monstres (du moins aux yeux des connaisseurs) ont choisi pour l'occasion deux formations emblématiques.

La Machine du Moulin Rouge se remplit discrètement pour venir acclamer les Flower Kings de Roine Stolt, ainsi que Spock's Beard, venus respectivement défendre leurs nouveaux opus Manifesto Of An Alchemist et Noise Floor. La garantie d'avoir une soirée emplie d'un rock progressif de grande qualité se dessine, et la fosse en configuration réduite se prépare à faire exulter sa mélomanie.

 

Roine Stolt's The Flower Kings

Roine Stolt, The Flower Kings, Guitare

Avec The Flower Kings, il faut se laisser emporter, nul besoin d'attendre de longs discours, Roine Stolt se contentant de présenter ses musiciens. Tous virtuoses confirmés, ils nous offrent un grand moment de musicalité pour 1 heure 15 scindée en seulement quatre titres. Longs à souhait (cqfd), ces derniers sont gorgés de progressions particulières très chères au génie de Stolt,au point que l'on a tendance à les trouver, pour peu que l'on découvre le groupe, souvent similaires. Ils contiennent aussi de nombreuses surcouches qui peuvent faire atteindre à l'auditeur néophyte une certaine indigestion, et ce assez rapidement.

The Flower Kings, chant, guitare

Il faut dire que tout n'est pas facile d'écoute, entre les sons de claviers kitsch à souhait, et des titres qui varient énormément leurs thèmes et manquent parfoid de cohérence. Tout comme en studio, où avant de se répondre, les boucles principales des concept-albums du groupe partent dans tous les sens et nous perdent. Même s'il en découle un rock que l'on nomme progressif, Stolt s'inspire avant tout du Flower Power des 60's et ses penchants les plus psychédéliques, où l'appréciation des mélodies se fait au détriment de toute construction logique.

Flower Kings, basse, choeurs

Ce qui ne l'empêche pas de briller dans son approche mélodique, où malgré un côté désordonné, chaque titre accumule les moments de grâce par dizaines. Raison supplémentaire pour acclamer les musiciens qui se sont appropriés ces partitions alambiquées avec aisance. Après trois titres, on savoure un terrain plus conquis avec le désormais classique "Stardust We Are", 25 minutes d'ascenseur émotionnel de haute volée. Il nous tarde alors d'écouter Manifesto Of An Alchemist - on nous dit dans l'oreillette que notre chroniqueur en charge n'en est pas excessivement convaincu - et de décortiquer avec attention le génie unique de Roine Stolt.

Alan Morse, Spock's Beard, Guitare, choeurs

 

Spock's Beard

Ambiance plus décontractée du côté de Spock's Beard. Ted Leonard (chant, guitare, claviers) s'adresse régulièrement à l'auditoire, ne manque pas d'humour, et le duo Alan Morse (guitare) / Ryo Okumoto (claviers) a constamment la bougeotte, enchaînant les poses ridicules pour notre plus grand plaisir. Seul Dave Meros (basse) reste un peu en retrait, caché derrière la panoplie de claviers d'Okumoto. Avec un répertoire plus "pop" que leurs prédécesseurs, il est évidemment plus simple pour les musiciens de créer réactions et interactivité, accompagnées d'une certaine légèreté. Ce qui n'empêche pas les musiciens d'assurer une interprétation sans le moindre accroc, et d'aller puiser dans nombreux albums de leur long répertoire.

Spock's Beard, Ryo Okumoto, Claviers

Noise Floor est alors représenté par deux titres, et les huit autres morceaux sont chacun issus d'un album différent. Les albums récents ne sont donc pas passés à la trappe au profit des classiques, et inversement, le groupe puise jusqu'à The Light ce qui va ambiancer son set. Au-delà de la voix de Ted Leonard, souvent très criarde et qui nécessite un temps d'adaptation, notamment sur les anciens titres, l'interprétation est, à l'instar des Flower Kings, de haute volée. Les musiciens n'ont rien perdu de leur superbe pour asséner les progressions alambiquées dont leurs compositions ont le secret. Peu de choses à redire, le groupe offre une large sélection de son histoire à ses fans, et se tourne toujours vers l'avenir.

Spock's Beard, Ted Leonard, chant, claviers

La note négative, puisqu'il en faut bien une, réside dans le troisième acte de la soirée que nous ne pourrons savourer. En effet, l'annonce du dernier titre se jumelle à celle d'une surprise, à savoir les deux groupes ensemble sur scène ! Surprise désamorcée immédiatement après la sublime "Go The Way You Go", le couvre-feu de la salle ne permettant pas aux Flower Kings de venir nous offrir un dernier moment, Spock's Beard ayant déjà dépassé la limite "autorisée" de 22h30... Une directive dont on va se passer de commentaires, les concerts parisiens se trouvant de plus en plus handicapés par ces dernières. C'est donc heureux des moments passés mais frustré de cet acte manqué - qui s'annonçait dantesque - que l'on quitte La Machine du Moulin Rouge, pour une date malgré tout importante. Le rock progressif 90's est toujours dans sa période noble comme il nous l'a été prouvé ce soir !

Ryo Okumoto, Alan Morse, claviers, guitare, Spock's beard

Photos : Rodolphe Goupil. Toute reproduction interdite sans autorisation de l'auteur.

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