Foals + Yak au Bataclan de Paris (13.05.19)

Apparu dans le paysage musical il y a une quinzaine d’années, le groupe anglais Foals s’est fait connaître pour ses morceaux entêtants – ou irritants, c’est selon – et ses arrangements nettement plus pop que rock qui ont conquis le monde. En dépit de sa notoriété, le groupe a visé petit pour son dernier passage en date dans la capitale, et sans surprise, le concert affichait complet.


Yak

La foule est déjà compacte quand Yak commence à jouer. Le trio - quatuor sur scène -  propose un indie rock bien énervé, aux forts relents noise par moments. La guitare est agressive, la basse groovy  de Vincent Davies s’entend remarquablement bien et la batterie de Elliot Rawson est tout aussi expansive. Le chanteur guitariste Oliver Henry Burslem , assez charismatique, alterne le chant sur son micro et sur un haut-parleur pour obtenir un son distordu qui le fait basculer dans le rock psyché. C’est bruyant, presque stoner par moments, jouissif de bout en bout. Pour se démarquer, le groupe compte un saxophoniste. L’idée est séduisante sur le papier, malheureusement, selon où l’on se situe dans la salle, il ne s’entend pas toujours très bien.

Le public est globalement réceptif, il reste au départ très stoïque, mais certains spectateurs commencent à remuer timidement. Il faut dire que l’univers de Yak est assez loin de celui de Foals… Le chanteur attend trois morceaux avant de s’adresser à la foule, et reste très économe de ses paroles, mais la musique parle d’elle-même. A part une ballade un peu trop sirupeuse et parsemée de larsens, chaque morceau est une déflagration de rock, et le dernier morceau est particulièrement renversant. Alors qu’en version studio, les deux albums et quelques EP du groupe fondé en 2014 manquaient d’emphase et de puissance, ils se révèlent complètement sur scène. Décidément, dès qu’ils s’agit de rock, l’Angleterre nous déçoit rarement.

Foals

Le public est à présent au complet, que ce soit dans la fosse ou aux balcons. Après une certaine attente, le groupe d’Oxford fait son apparition. La foule s’est clairement réveillée, et il ne faut pas beaucoup de temps pour que tout le monde se mette à danser, jusqu’au fond de la fosse et sur les balcons.

Même si Foals est un groupe à guitares, sa musique a toujours été orientée vers des sonorités très pop, et le début du concert le confirme sans vergogne.

Les Anglais évacuent dès le début du concert certains de leurs morceaux les plus emblématiques, comme "Mountains at My Gate", "My Number" ou "Black Gold". Le début du concert est clairement orienté vers les titres dynamiques qui donnent envie à l’assemblée de danser. C’est léger, c’est aérien, c’est un peu inconsistant par moments, mais qu’on aime ou pas, c’est un genre que Foals maîtrise très bien, et tout en proposant des morceaux formatés, le groupe arrive à garder une identité sonore bien à lui, notamment grâce à des gimmicks de guitare reconnaissables entre mille.

Le groupe offre ensuite un passage planant, avec ses morceaux les plus éthérés et les moins « fabriqués » pour la radio, dont "Spanish Sahara", qui embarque le Bataclan dans un voyage aérien. Les Anglais reviennent ensuite sur des morceaux extrêmement dansants, et le Bataclan devient alors une véritable boite de nuit, probablement la seule à afficher complet un lundi soir. Tout le monde se déhanche et la musique du groupe atteint facilement l’effet recherché.

Le public, bien plus hipster que sur d’autres concerts de rock, est de toute manière acquis à la cause de Foals. Mais si beaucoup se contentent de se déhancher avec entrain – les tenues dignes de Coachella et les costards cravates, ce n’est pas l’idéal pour pogoter – on observe plusieurs slams à l’avant de la salle, ce qu’on n’aurait pas forcément imaginé sur une musique aussi pop.

Sur scène, tous les musiciens sont parfaitement en place. La basse de Edwin Congreave est là aussi parfaitement audible et amène une rondeur et un groove appréciable au son du groupe. Le chanteur guitariste Yannis Philippakis  s'adresse régulièrement au public, généralement pour lancer des banalités, mais on sent que sa proximité avec le public est sincère. Et surtout, à prendre au pied de la lettre : il grimpe littéralement sur le public pour finir certains morceaux, et disparait deux fois de la scène pour se retrouver au fond de la fosse puis partir se balader le long des coursives latérales, pour le plus grand bonheur des fans.

Le concert se termine sur le très électrique "Inhaler", durant lequel le groupe est habité. Puis le rappel reste dans les mêmes sonorités avec "What Went Down" puis "Two Steps Twice". Mais le frontman ne tient toujours pas en place. On le retrouve au balcon pour saluer le public. Jusque-là, c’est presque normal. Mais il décide d’enjamber le balcon (après avoir laissé sa guitare à un technicien, ça coûte cher ces machins), pour se laisser tomber dans la fosse de plusieurs mètres de haut. C’est impressionnant à voir mais ne semble pas le perturber outre mesure. Le groupe aura proposé un mélange équilibré entre ses titres les plus accrocheurs et accessibles et d’autres plus accessibles, sans jamais se départir de sa volonté de donner le meilleur de lui-même sur scène.

Setlist
On the Luna
Mountain at My Gates
Snake Oil
Olympic Airways
My Number
Black Gold
Red Socks Pugie
Syrups
Providence
Spanish Sahara
Exits
In Degrees
White Onions
Inhaler
Rappel
What Went Down
Two Steps, Twice

Photo : Florentine Pautet. Reproduction interdite sans autorisation de la photographe

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