Lofofora à  la Maroquinerie (16.11.2011)

Certes, ça ne fait pas si longtemps que LOFOFORA est passé nous voir, mais avec un nouvel album sous le bras, c’est une autre histoire. D’autant qu’au vu de la qualité de Monstre ordinaire, on  ne peut qu’être rassuré sur l’état de forme et surtout sur l’envie retrouvée du quartet. Restait à confirmer sur scène. Ce qui a l’air sur le papier une simple formalité restait néanmoins à vérifier : si le groupe n’a jamais véritablement déçu en live, il a eu ses périodes. Il suffit d’écouter la différence entre les deux albums live pour s’en rendre compte. Alors, le bol d’air a-t il porté ses fruits, LOFOFORA a-t il retrouvé toute son envie d’en découdre ?

La maroquinerie est blindée depuis déjà plusieurs semaines, aucune inquiétude sur l’affluence du soir, on croise d’ailleurs quelques punks désespérés à la recherche d’une place à l’entrée. C’est 7 WEEKS qui ouvre les débats devant un public encore clairsemé. Le groupe a sorti son premier album l’année dernière, a largement eu le temps de fourbir ses armes sur scène et balance un show carré sympathique. Affilié à la scène stoner française (BUKOWSKI, ALCOHSONIC, GLOWSUN, LOADING DATA…), 7 WEEKS va monter en puissance, bien aidé par le bon accueil d’un public qui s’étoffe et s’aventure plus volontiers dans la fosse pour remuer son popotin. En plein processus de composition de son nouvel album qui devrait sortir au printemps 2012, le trio balance des compos de plus en plus énervées à base de gros riffs bien huilés et quelques bonnes phases basse/guitare lead. Sans atteindre des sommets, la prestation est convaincante, Reuno passe chanter en duo, et la réaction du public se fait enthousiaste. Chauffés par l’accueil, 7 WEEKS poursuit sur sa lancée avant de conclure en jouant 2 nouveaux titres qui font clairement retomber le soufflé. Est-ce que le public commence à en avoir marre ? Ou bien ces nouvelles compositions, plus alambiquées, ont-elles plus de mal à trouver leur place dans le répertoire du groupe ? On attendra la sortie de l’album pour juger sur pièces, toujours est-il qu'il y a encore du boulot pour vraiment sortir du lot.
 

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LOFOFORA débarque logiquement sur « Utopiste », le premier titre de son nouvel opus. Le groupe est là et bien là, et surtout, le son est énorme, clair et puissant, fort mais pas trop, c’est une tuerie. Et immédiatement, le public se lance à corps perdus dans la danse. Une (petite, la maro c’est pas bercy) marée humaine se lance à l’assaut et pogote à tout va. Le titre passe parfaitement en live, et l’accalmie finale est du plus bel effet ! Enchaîné aux « évadés », il tue tout suspense sur la motivation qui anime le gang. Très en place, bien servis par un son puissant et clair, Vincent cartonne sa batterie, Daniel et Phil sont à bloc, Reuno, arborant un magnifique T-shirt "Satan is gay", est en voix et surtout très concentré. Chez Lofo, la plus ou moins bonne qualité des concerts (ça leur est déjà arrivé d’en faire un pourri ?) tient souvent à l’état d’esprit du chanteur : facétieux, blagueur, volontiers bavard, il lui est arrivé par le passé de « sortir » de son show après avoir raconté de longues histoires entre chaque titre, ce qui lui valait parfois d’être interrompu par Phil. Mais comme il le précisait dans notre interview, les titres de Monstre ordinaire sont difficiles à interpréter et lui imposent de faire attention. Pour notre plus grand plaisir, puisque le niveau de sa prestation s’en ressent. C’est bien simple, il n’a plus aussi bien chanté en live (en tous cas à Paris, votre serviteur n’ayant pas assisté aux centaines de concerts réalisés à travers l’hexagone) depuis la tournée Dur comme fer !
 

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Impressionné par l’accueil énorme d’un public surmotivé, le frontman s’en amuse : « Bon je te demanderai bien si ça va mais c’est pas la peine… Je te dirai bien qui on est mais c’est pas la peine non plus… Bon déjà on va vous jouer l’album et puis après on verra ! ». C’est donc à une interprétation de Monstre Ordinaire dans son intégralité que nous avons droit ce soir. Un choix courageux, et finalement payant : de une, ça permet d’entendre du nouveau, de deux, les douceurs que sont « Elixir » et surtout « Les Conquérants », morceau de bravoure épique et une des plus belles réussites de ce nouvel opus, sont taillées pour le live. Le débit plus lent de Reuno est parfaitement équilibré et en phase avec son texte qui nous ramène aux massacres de la colonisation. Le groupe ne faiblit pas, le public non plus, les slams s’enchaînent, Reuno arrive même à lancer un circle-pit dans une fosse intenable qui ne demande que ça. « Le refrain de celle-là vous devez le connaître, ça fait « plus c’est gros et mieux ça passe ». « La merde en tube », crachat punk/hardcore sans merci, est bien passée merci. Le dernier arrivé dans le groupe, le batteur Vincent, n’est peut-être pas aussi fin que ne l’était Pierre Belleville, mais il reste un gros bourrin ultra-efficace capable de laisser son jeu respirer quand il le faut. Il fallait le voir introduire ce dernier titre en enchaînant des roulements de caisse claire comme si sa vie en dépendait ! Une bonne recrue, assurément, et qui n’est pas pour rien dans ce regain de patate.

Inutile de détailler l’album, on le connaît, c’est une très bonne cuvée et les moments faibles sont rares. Les titres s’enchaînent dans un bordel généralisé, « Ma Folie », « un mec sans histoires », « Cannibales », Reuno et le public se font tourner leurs joints respectifs, Daniel en profite, sans que cela nuise à la prestation, toujours aussi béton. A l’issue de « La beauté et la bête », petite pause. Rapidement de retour, LOFOFORA va nous balancer ce que tout le monde attend, à savoir un bon florilège de sa discographie. La communion avec le public, déjà optimale, va bien évidemment encore monter d’un cran ! Dès la première mesure de « L’œuf », c’est la furia. Et le reste va voir la fosse continuer ses efforts, surtout après qu’un connard qui slammait n’importe comment récolte ce qu’il mérite et s’éclate la tête par terre comme une merde (rassurez-vous, il s’est relevé). Une fois cet abruti calmé, les vrais slammeurs peuvent reprendre possession de l’espace et le bordel continue de plus belle.
 

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Reuno, décidement électrisé par la l’accueil, remercie à plusieurs reprises, mais comme il se plaît à le faire remarquer vers la fin « t’as vu, je parle moins qu’avant hein, je me tiens bien», et à l’instar de ses collègues, donne tout ce qu’il a. Evitant de se perdre dans des longs discours sympas mais qui parfois cassent l’ambiance (le monsieur adore tchatcher), le chanteur  retrouve l’équilibre entre déconne et sérieux qui fait de lui un grand frontman. Est-ce que chanter dans MUDWEISER, essayer quelques nouveaux trucs, ou le plaisir évident qu’il prend sur scène y sont pour quelque chose, ou bien il carbure aux vitamines ? « Les gens », « Dur comme fer », « Macho blues », « Au secours », « Mémoires de singes » « Le fond et la forme », les moments forts s’enchaînent et chaque titre est soit un tube immanquable, soit une page d’histoire de la scène rock énervée française (réécoutez le texte d’ "au secours", merde quoi). Histoire de finir sur une touche d'espoir, Lofo tire sa révérence sur  "Autopilote", assurément un des titres les plus marquants de l'excellent Le Fond et la Forme. C’est sûr que de nombreux classiques manquent à l’appel,  puisque seuls un titre de chacun des deux premiers albums aura été interprété ce soir. Mais on aura l’occasion d’en entendre davantage la prochaine fois.

Et la prochaine fois à Paris, ce sera à l’Alhambra avec TAGADA JONES. Relancé sur les bons rails, LOFOFORA a été une machine de guerre ce soir, laissant le public sur les rotules, et devrait après cette première série de dates continuer à sillonner le territoire, en espérant qu’une telle qualité restera au rendez-vous ! D’ici là, chapeau bas messieurs, c’étaient des grandes retrouvailles, vivement la suite !

Setlist :

Utopiste
Les évadés
Elixir
Les conquérants
La merde en tube
Le visiteur
Ma folie
Un mec sans histoires
Cannibales
Frustrasong
La beauté et la bête

Entracte

L’œuf
Les gens
Dur comme fer
Au secours
Macho blues
Le fond et la forme
Mémoires de singes
Le pire
Autopilote
 

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