Primus au Zénith de Paris (27.03.2012)

Oyez oyez, la troupe de troubadours cinglés est de retour en ville pour une leçon de musique déjantée au style inqualifiable. Après un premier retour dans une Cigale trop vite remplie qui avait laissé de nombreux amateurs sur le carreau, Primus revient pour des retrouvailles en grand format au zénith de Paris. Aucune première partie au programme, ce sera (comme sur toute cette tournée d’ailleurs) « an evening with Primus », soit pas loin de 3h de show chaque soir. Autant dire qu’on devrait avoir de quoi bouffer. Et comme le groupe a l’excellente habitude de chambouler régulièrement sa setlist, difficile de prédire ce qui va nous tomber sur le poil. Curieusement, le zénith est loin d’être plein. La fosse est bien garnie, mais des rideaux coupent les gradins qui même tronqués sont loin d’afficher complet. Le prix des places, très élevé, explique sûrement en partie ce constat regrettable, mais au vu du public présent, majoritairement trentenaire, il est assez probable que si le groupe peut compter sur ses fidèles, il peine un peu à renouveler son public. Bah, si Primus est de retour aux affaires pour de bon, ce n’est qu’une question de temps.

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Pas de bol, je loupe l’introduction, et c’est donc alors que le groupe se lance dans « To Defy the laws of tradition », extrait du premier album Frizzle Fry, que je finis par accéder au centre des débats. Le décor est identique à celui utilisé à la Cigale, deux cosmonautes géants se tiennent de part et d’autre de la scène, tandis qu’un écran géant a été ajouté en fond, sur lequel seront diffusés de nombreux cartoons et autres montages débilitants en rapport avec les textes délurés de Les Claypool. Le visuel est donc excellent, puisqu’outre un jeu de lumières globalement sombre qui met parfaitement en valeur le son si particulier du groupe, la silhouette des musiciens se détache sur l’écran pour un rendu du plus bel effet. Le maître de cérémonie a toujours fière allure avec sa dégaine de Dandy du XIXe et son chapeau melon, et fait surtout groover sa basse en enchaînant les plans de folie comme d’autres utilisent un grille pain, avec une facilité déconcertante.

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L’enchaînement « Golden boy »/ »Winona’s big brown Beaver » est l’occasion de constater à quel point le son est bon : c’est simple, de mémoire je ne crois pas avoir déjà entendu un son aussi clair au zénith de Paris, pourtant pas réputé pour ses qualités acoustiques. Il pourrait être un poil plus fort, mais on ne peut pas tout avoir. Sur scène, ça ne rigole pas, une version dantesque de plus de 10 minutes d’« American life » est l’occasion de mater des scènes qui, colorées par le son si particulier du groupe et entrecoupées de zooms sur la statue menaçante de Lincoln, deviennent glauques, tandis que le guitariste historique du groupe, Larry Lalonde, s’avère plus que jamais être le complément idéal à son patron, capable d'enchaîner les solos sans jamais s'arrêter ou presque. Seul le batteur Jay Lane, techniquement irréprochable, manque un peu de punch et de groove pour faire oublier le grand Tim Alexander qui a préféré se concentrer sur d’autres projets plutôt que de revenir au bercail. A moins que ce ne soit le son de sa batterie qui manque d'un peu de puissance ce soir ? Mais devant les grands délires du groupe, qui prend un grand plaisir à faire durer ses chansons en jammant comme des dingues, on ne va pas faire la fine bouche à ce point.

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Afin de compléter cette première partie de set, on a droit à un retour dans le passé, puisque ce sont successivement « over the falls » (Brown album), « Seas of cheese » (devinez) et « Mr Krinkle » (Pork Soda), l’occasion pour Claypool de jouer sur une contrebasse électrique, et surtout « Harold of the rocks » (extrait du premier album Frizzle fry et déjà présent sur le live qui l’a précédé suck on this) qui vont être tour à tour dégainés avant que le groupe ne s’accorde une petite pause pendant que des cartoons de popeye sont diffusés sur l’écran. Si ça joue grave sur scène, on ne peut pas dire que le public soit très remuant. N’hésitant pas à applaudir à tout rompre, on sent les personnes présentes attentives, profitant de la qualité du son (et de la performance des musiciens). Il faut dire aussi que la musique de Primus n’est pas de celles qui incitent à pogoter dans tous les sens, et que l’ambiance dans une grande salle comme le zénith convient sans doute moins à ce genre de groupe car forcément moins chaleureuse que dans une salle comme la Cigale. Que voulez-vous ma bonne dame, c’est la rançon du succès.

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Pour cette deuxième partie de set, Primus, qui n’a pas encore interprété un seul titre de l’album du retour Green Naugahyde, ne va rien trouver de mieux que de l’interpréter en intégralité. Pas grand-chose à ajouter donc, sinon que le son est toujours aussi bon, les vidéos toujours aussi délirantes (il fallait voir le montage débilitant d’extraits de Lee Van cleef sur la chanson qui porte son nom), de jams et délires en tous genres, pour le plus grand plaisir des spectateurs présents qui, comme on l’a dit, ne bougent pas beaucoup mais manifestent bruyamment leur enthousiasme entre les morceaux. Une nouvelle pause, très courte celle-ci, puisque c’est l’heure des rappels. Comment partir en beauté ? Par exemple en commençant avec l’inévitable « My name is Mud », qui va enfin faire sauter une partie de la fosse, et le tout aussi inévitable « Jerry was a race car driver ». On aurait pu espérer « Tommy the cat » en rab’, mais après un show pareil, comment ne pas être rassasié ? A défaut de renouveler son public, Primus a assuré ses afficionados qu’il était de retour à son meilleur niveau, et qu’il n’était pas là pour faire semblant. Welcome back, guys !

Un coup d'oeil sur les rappels :

 

 

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